Au cours des deux prochaines semaines, une centaine de pays et d'organisations seront auditionnés devant la Cour internationale de justice. Cette dernière devra trouver un cadre juridique pour la lutte contre le dérèglement climatique à l'échelle mondiale.
Un procès pour lutter contre le dérèglement climatique à l’échelle mondiale. La plus haute juridiction de l’ONU, la Cour internationale de justice (CIJ), entame ce lundi 2 décembre des audiences historiques, visant à définir les obligations juridiques de plusieurs pays face au changement climatique. À La Haye (Pays-Bas), ces audiences ont également pour but d’aider les nations les plus vulnérables à combattre le dérèglement climatique et ses conséquences.
Dès ce matin, des représentants du Vanuatu et d’autres îles à risques de l’océan Pacifique ont ainsi lancé les débats, devant le panel de quinze juges de la cour.
«L’issue de ces procédures se répercutera sur plusieurs générations, déterminant le sort de nations comme la mienne et l’avenir de notre planète», a ainsi déclaré Ralph Regenvanu, envoyé spécial pour le changement climatique au Vanuatu, en ouverture des audiences. «Il s’agit peut-être de l’affaire la plus importante de l’histoire de l’humanité», a-t-il ajouté.
Au cours des deux prochaines semaines, plus de 100 pays et organisations présenteront des observations sur le sujet, soit le nombre d'auditionnés le plus élevé jamais enregistré devant la Cour.
des militants partagés
Des groupes de militants manifestent actuellement face au Palais de la Paix, où siège la Cour, avec des banderoles sur lesquelles il est possible de lire : «Le plus gros problème devant la plus haute cour», ou encore, «Financez notre avenir, financez le climat maintenant».
Ces derniers espèrent que l’avis des juges de la Cour aura des conséquences juridiques importantes dans la lutte contre le changement climatique.
«J’ai bon espoir que les juges diront quelque chose d’utile qui puisse vraiment sortir de l’impasse autour des négociations sur le climat que nous voyons se dérouler chaque année lors de COP», a déclaré Jule Schnakenberg, membre de la Jeunesse mondiale pour la justice climatique.
D’autres craignent que la demande d’avis consultatif non contraignant, soutenue par l’ONU, n’ait qu’un impact limité et qu’il faille des mois, voire des années pour que la plus haute juridiction rende son avis.
les émissions de CO2 en hausse
Ces audiences historiques se déroulent quelques jours seulement après la conclusion d’un accord sur le climat, négocié lors du sommet de la COP29 en Azerbaïdjan.
Ce dernier stipule notamment que les pays développés doivent fournir au moins 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035 pour le financement de la lutte contre le changement climatique, soit un peu plus de 285 milliards d’euros. Cet accord n’a pas mentionné l’engagement mondial d’abandonner les combustibles fossiles.
Pourtant, des recherches préliminaires menées par des scientifiques du Global Carbon Project et publiées lors de la COP29 ont révélé que les émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles ont continué d’augmenter cette année, atteignant ainsi un nouveau record. Les trois principaux émetteurs de gaz à effet de serre (Chine, États-Unis, Inde) figureront d’ailleurs parmi les pays qui devront présenter leurs observations à la CIJ.
D’après Joie Chowdhury, juriste au Centre pour le droit international de l’environnement, l’avis des juges, qui devrait être rendu dans le courant de l’année prochaine, «éclairera les litiges relatifs au climat aux niveaux national et internationale».