Un rapport de l'Anses, publié ce jeudi, explique qu'un tiers de l'eau potable est contaminée par des pesticides pourtant interdits depuis 2019. Pour le gouvernement, la présence généralisée de ce résidu de fongicide dans l'eau ne présente «pas de risque sanitaire», mais des «mesures plus régulières» vont être mises en place.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a révélé jeudi dans un rapport la présence importante dans l'eau de pesticides et de leurs métabolites, c'est-à-dire des composants issus de leur dégradation. Un cas a particulièrement attiré l'attention des experts : le métabolite chlorothalonil R471811, le plus fréquemment retrouvé qui est pourtant interdit en France depuis quatre ans. Mais pour le moment, le gouvernement écarte tout «risque sanitaire».
La campagne de détection «a mis en évidence des concentrations maximales de 2µg/L», souligne le ministère de la Transition écologique vendredi dans une déclaration transmise à la presse, également partagée par le ministre de l'Agriculture. «La valeur sanitaire transitoire permettant de prévenir d’un risque sanitaire étant de 3µg/L, les eaux prélevées et analysées sont ainsi non conformes, mais ne présentent pas de risque sanitaire», insiste-t-il.
Les ARS appelées renforcer les analyses
«Dans ce contexte, le ministère de la Santé reste particulièrement vigilant sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine et va mettre en place, sous la conduite des ARS (Agences régionales de santé), des mesures plus régulières, à partir de 2023, du chlorothalonil et de ses métabolites », précise un second communiqué.
Des ONG de défense de l’environnement ont réagi ce jeudi en réclamant un changement de modèle agricole, avec moins d'utilisation de pesticides. En effet, ces révélations interviennent alors que le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, veut freiner la procédure d'interdiction d'un autre produit, l'herbicide agricole S-métolachlore, pas encore banni par l'Union européenne.
Le rapport de l'Anses «invite les acteurs concernés à se préparer le plus tôt possible à la sortie de l’usage des pesticides», souligne le ministère de la Transition écologique. «Il s’agit de prendre les devants, afin que les agriculteurs ne se retrouvent pas dans des impasses techniques et économiques, à l’instar des situations récentes du S-métolachlore ou des néonicotinoïdes, qui conduisent in fine à devoir augmenter notre dépendance agricole, y compris à des produits issus d’une agriculture écologiquement moins vertueuse», analyse-t-il.
Publié ce jeudi 6 avril, un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a montré une large contamination liée à ce fongicide.
Nous venons de publier les résultats de notre dernière campagne pour mesurer, dans l’eau destinée à la consommation humaine, la présence de composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers.
— Anses (@Anses_fr) April 6, 2023
Cette substance, le R471811 de son nom scientifique, et dont la présence est quasi généralisée, a retenu l'attention des scientifiques pour deux raisons principales. La première, ce métabolite de pesticide est retrouvé dans plus d’un prélèvement sur deux. Et deuxièmement, il entraîne des dépassements de la limite de qualité sur un prélèvement sur trois.