Avec le lancement de la COP27 à Charm el-Cheikh (Egypte) ce dimanche 6 novembre, les regards sont tournés vers les moyens de réduire la pollution sur le globe. A ce titre, trois pays ont déjà réussi le pari d’absorber plus de gaz à effet de serre qu’ils n’en émettent.
Le Bhoutan
Situé en Asie, le Bhoutan est le pays qui a enclenché le mouvement vers la neutralité carbone le plus tôt, avec une politique mise en place dès les années 1970 par le roi Jigme Singye Wangchuck. Pour cela, il mise sur le développement rural et la préservation de la nature, avec le développement des énergies renouvelables.
«Nos monarques éclairés ont œuvré sans relâche au développement de notre pays, en trouvant un juste équilibre entre croissance économique et développement social, protection de l'environnement et préservation culturelle, le tout sous une bonne gestion gouvernementale», avait affirmé le premier ministre du Bhoutan Tshering Togbay lors d'une conférence TED en 2016.
Ouverte au tourisme en 1974, la nation accueille de nouveau des voyageurs depuis le 23 septembre après une longue fermeture due à la pandémie de Covid-19. Mais pour compenser leur pollution, elle a instauré une taxe de «développement durable», dont le montant est aujourd’hui supérieur à 200 euros par nuitée pour les voyageurs, contre 65 euros il y a peu. Cette augmentation des prix vise à renforcer la préservation de l’environnement dans le pays.
La Constitution du pays oblige également les autorités locales à recouvrir le territoire à 60 % de forêts. Pour y parvenir, le Bhoutan régule son tourisme en misant sur un impact écologique réduit. Au-delà de la protection de ses forêts, le Bhoutan est la nation qui détient le record mondial d’arbres plantés par heure.
Le Panama
Le Panama a réussi le pari du bilan carbone négatif en limitant sa pollution et en préservant ses forêts grâce à des politiques tournées vers les énergies renouvelables, la réduction des déchets et l’électrification des transports. Par exemple, l’île artificielle de Barro Colorado, au milieu du canal du Panama, est une réserve naturelle depuis 1923 afin de protéger la faune et la flore.
Au sujet du canal de Panama, l’objectif annoncé en mai 2021 est la neutralité carbone en 2030 malgré une forte activité économique. Pour y parvenir, le gouvernement mise sur l’énergie hydraulique pour l’électricité, l’achat de véhicules électriques, l'utilisation de combustibles vertueux pour les remorqueurs et la mise en place de panneaux photovoltaïques.
Afin de poursuivre cette politique en faveur de l’environnement et d’inciter les autres pays du monde à viser la neutralité carbone, Erika Mounes, la ministre des Affaires étrangères du pays, a souligné l’importance des subventions internationales pour les pays vertueux.
«Etre négatif en carbone a un coût. Il y a la surveillance - lorsque vous avez une zone protégée, vous devez vous assurer qu’elle est réellement protégée. Si nous sommes capables de le faire, alors beaucoup d’autres peuvent le faire», a assuré cette dernière lors d’un entretien accordé à la Fondation Thomson Reuters.
Le Suriname
S’appuyant sur la préservation de ses forêts qui composent 93 % de son territoire, le Suriname a un bilan carbone négatif depuis 2014. Grâce à ses vastes espaces verts, à l’image de la forêt tropicale, le pays mise sur l’absorption du dioxyde de carbone effectuée par les arbres pour réduire la pollution qu’il engendre par son activité économique.
Au-delà de cette initiative, la nation d’Amérique du Sud a pris le pari de maintenir la part de l'électricité produite à partir de sources renouvelables au-dessus de 35 % d'ici à 2030 selon le site officiel des Nations unies.
Lors de la COP26 à Glasgow (Ecosse), le Suriname a formé une alliance avec le Panama et le Bhoutan afin d’appeler au financement international, au commerce préférentiel, à la taxation du carbone et à d’autres mesures incitant les pays du monde à opter pour une économie visant un bilan carbone négatif.
«Nous faisons le premier pas. A l’inverse, que fait la communauté internationale pour nous ? Nous cherchons à obtenir un soutien. Ce que ces trois pays ont réalisé est le fruit d’efforts et de sacrifices nationaux», avait assuré Albert Ramdin, ministre des Affaires étrangères du Suriname, à l’époque.