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COP29 : pas de changement pour la Chine, minimalisme sur les fossiles... Voici les quatre points principaux de l'accord arraché en Azerbaïdjan

Il était la pierre angulaire de ce sommet : le financement des pays en développement par les pays développés. [REUTERS/Murad Sezer]

Après douze jours de négociations et d'infinies tractations, le président de la 29e conférence sur le climat de l'ONU a pu, d'un coup de maillet, faire adopter un grand accord sur la finance climatique ce samedi, une annonce majeure qui vient s’ajouter aux différentes mesures adoptées durant ce sommet.

Entre déception et insuffisance. La 29e conférence des Nations unies sur le changement climatique a adopté plusieurs décisions, dont la principale a fixé aux pays riches l'obligation de financer 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour soutenir la transition énergétique et l'adaptation au changement climatique des pays en développement.

Il était la pierre angulaire de ce sommet : le financement des pays en développement par les pays développés. Mais parmi les 23 pays développés, auxquels vient s’ajouter l’Union européenne - désignés en 1992 comme responsables historiques du changement climatique -, sont-ils parvenus à se mettre d’accord ?

Mieux mais pas assez pour le financement

Un pari risqué selon 335 ONG, qui préféraient que les 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, un groupe appelé G77+Chine, «quittent la table» des négociations si «rien de suffisamment fort» n’était proposé.

Le représentant de cette alliance avait réclamé devant tous les pays de la Conférence des Nations unies à Bakou en Azerbaïdjan «au moins» 500 milliards de dollars de financements par an pour le climat d'ici 2030. Mais c’était sans compter la présidence azerbaïdjanaise de la COP29, proposant de fixer ce budget à 250 milliards de dollars par an d'ici 2035.

Faute d’accord, les négociations ont été prolongées, permettant d’arriver à un financement d’«au moins 300 milliards de dollars par an d'ici 2035, établissant ce «nouvel objectif quantifié collectif» en remplacement du précédent de 100 milliards par an. C'est deux fois moins que ce que réclamaient les pays en développement, et un effort très réduit si l'on prend en compte l'inflation, ont fustigé les ONG.

Dans le détail, ce texte prévoit que la contribution des pays riches provienne de leurs fonds publics, complétés par des investissements privés qu'ils mobilisent ou garantissent, ou par des «sources alternatives», ce qui signifie d'éventuelles taxes mondiales, toujours en cours de réflexion (sur les grandes fortunes, l'aviation ou le transport maritime).

Ces 300 milliards sont censés être le levier permettant d'atteindre un total 1.300 milliards de dollars par an d'ici 2035 à destination des pays en développement, selon l'accord. Ce chiffre correspond à leur besoin en finance extérieure, tel qu'estimé par des experts mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

La Chine hors-jeu

Pour augmenter le budget de cet accord, les pays occidentaux réclamaient d'élargir la liste des États à qui incombe la responsabilité de la finance climatique, estimant que la Chine, Singapour ou des pays du Golfe s'étaient depuis enrichis.

Mais la Chine en particulier avait tracé une ligne rouge : pas question de toucher à cette liste. L'accord de Bakou «invite» les pays non développés à fournir des contributions financières, mais elles resteront bien «volontaires», est-il explicitement stipulé.

L'accord incorpore néanmoins une nouveauté. Désormais, les financements climatiques des pays non développés accordés via des banques multilatérales de développement pourront être comptabilisés dans l'objectif des 300 milliards. Les Européens s'en sont notamment félicités.

Les pays plus vulnérables obtiennent quelques mesures

Les pays les plus vulnérables au dérèglement climatique ont claqué la porte samedi, se plaignant d'être ni entendus ni consultés, mais les 45 pays les moins avancés (PMA) et le groupe d'une quarantaine de petits États insulaires ont finalement été convaincus de ne pas bloquer l'accord.

Ils voulaient qu'une part de l'aide financière leur soit explicitement réservée, contre l'avis d'autres pays africains et sud-américains. Finalement, l'accord anticipe à 2030 l'objectif de tripler les financements, essentiellement publics, qui passent par des fonds multilatéraux où ils sont prioritaires.

Une feuille de route est aussi censée produire un rapport pour la COP30 à Bélem, en novembre 2025 au Brésil, sur la manière de démultiplier la finance climatique. Elle fournira, entre autres, une nouvelle occasion pour eux d'obtenir plus d'argent sous forme de dons, alors qu'aujourd'hui 69% de la finance climatique est constituée de prêts.

Pas de sortie des énergies fossiles mentionnée

Toute mention explicite à la «transition» vers la sortie des énergies fossiles, acquis principal de la COP28 de Dubaï, a disparu dans la finalisation des principaux textes, reflétant une «bataille de tous les diables» avec des pays producteurs, selon un négociateur européen.

Elle n'apparaît qu'implicitement dans des rappels de l'existence de l'accord adopté l'an dernier. Mais le texte, censé renforcer sa mise en oeuvre, n'a finalement pas été adopté à la clôture de la COP29, après une longue bataille, qui l'avait déjà en grande partie vidé de sa substance.

L'une des priorités de l'Union européenne, combattue par l'Arabie saoudite, était d'obtenir un suivi annuel des efforts pour sortir du pétrole, du gaz et du charbon : sans succès.

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