Les coraux sont en nette croissance dans certaines parties de la Grande Barrière australienne. Malgré tout, les scientifiques alertent sur la fragilité de ces progrès.
Pour la première fois depuis 36 ans, certaines parties de la Grande barrière de corail d'Australie ont enregistré une nette croissance de la couverture corallienne. Selon un rapport du gouvernement publié ce jeudi 4 août, les zones concernées se situent au nord et au centre de ce vaste site classé au patrimoine de l'Unesco. Une bonne nouvelle à considérer toutefois avec prudence.
D'après les scientifiques de l'Institut australien des sciences marines, ce rebond plus rapide que prévu est notamment dû à la croissance, l'an passé, des coraux de type «acropora», qui participent à la création de récifs coralliens.
Central & northern #GreatBarrierReef record highest coral cover in 36 yrs.
Our Long-Term Monitoring Program reports continued coral coveracross much of the Reef &in the south due to coral-eating starfish.
Report: https://t.co/nM91eEMmCH
Full video: https://t.co/0t46rI0a8H pic.twitter.com/2T4kntYRJp— Australian Institute of Marine Science (@aims_gov_au) August 3, 2022
Si Paul Hardisty, directeur général de l'institut, se félicite de constater que «le récif peut encore se remettre lors de périodes exemptes de graves perturbations», il estime néanmoins que ces progrès sont fragiles. Les cyclones, épisodes de blanchiment et étoiles de mer dévoreuses de coraux pourraient facilement les mettre à mal.
Ses craintes s'appuie sur l'expérience, puisque la partie sud de la Grande Barrière connait aujourd'hui un nouveau déclin, alors même qu'elle semblait en voie de guérison il y a un an. «Cela montre à quel point le récif est vulnérable aux perturbations aiguës et graves qui se produisent plus souvent et durent plus longtemps», explique Paul Hardisty.
Les coraux menacés de blanchiment
Sans compter que, selon Terry Hughes, spécialiste des sciences marines, les espèces à l'origine de cette reprise sont particulièrement vulnérables au réchauffement des océans. Zoe Richards, chercheure à l'université Curtin, confirme et redoute ainsi que «ces communautés coralliennes» soient «décimées» par le «prochain événement de stress thermique».
La Grande Barrière de corail est fragilisée depuis des décennies par le réchauffement climatique. La hausse de la température de la mer entraîne notamment un «blanchiment» des coraux, qui finissent par mourir. La propagation des étoiles de mer, qui les mangent, a également fait des ravages.
Actuellement, les site surveillés dans la partie nord de la Grande Barrière affichent une couverture corallienne de 36%, contre 27% en 2021. La hausse est moins importante au centre et le nombre de coraux est en baisse dans le sud.
Au sein de la communauté scientifique, beaucoup craignent de voir le rythme des dégâts s'accélérer, jusqu'à la destruction totale de la Grande Barrière. Si la couverture corallienne connaît effectivement des rebonds, Terry Hughes estime que le remplacement des grands coraux, vieux, à croissance lente et qui ont défini le récif, n'est probablement «plus possible».