Quand Benjamin de Molliens décide de s'engager pour le climat, c'est à la sueur de son front. Littéralement. Depuis mai 2020, ce Marseillais développe le projet «Expédition zéro», qui vise à sensibiliser le grand public au travers d'aventures sportives itinérantes et écologiques. Ce vendredi 22 octobre, il se lance un nouveau défi : rejoindre Glasgow, là où se tiendra la COP26 à partir du 1er novembre, en voilier et à vélo.
Il partira de Lille et traversera la Manche pour affronter ensuite un périple cycliste d'environ 1.000 kilomètres, à raison de 100 à 130 km par jour. Benjamin de Molliens sera seul pendant la majeure partie de son voyage, mais l'idée est malgré tout de s'inscrire dans un «projet collaboratif». «Beaucoup de gens ont décidé de rejoindre la COP à vélo, au départ de plein d'endroits en Europe, explique-t-il. On a prévu de se rassembler dans une ville à deux jours de vélo de Glasgow et j'aurai sans doute un compagnon de route après Londres».
Cette envie d'avancer ensemble est le facteur commun de toutes les initiatives développées par le trentenaire dans le cadre d'«Expédition zéro». Même lorsqu'il a parcouru à vélo les 600 kilomètres qui séparent la Bretagne de la Normandie, longé le Canal du Midi seul sur son paddle ou traversé les Alpes à pied, Benjamin de Molliens avait à coeur de partager, de «donner envie».
Le point d'orgue de ce mouvement collectif a sans doute été le défi «#nettoietonkm». Lancée sur Instagram en novembre 2020, cette initiative reposait sur un principe simple : ramasser les déchets trouvés sur sa route pendant l'heure de sortie quotidienne autorisée pendant le confinement. Les internautes devaient ensuite se prendre en photo avec leur récolte et encourager trois amis à relever le challenge à leur tour.
«Ma volonté est toujours de sensibiliser à l'écologie en commençant par moi plutôt qu'en pointant les autres du doigt, explique-t-il. Je ne suis ni politicien, ni artiste, alors j'ai choisi d'exprimer ça au travers d'aventures sportives et de défis accessibles à tous». D'autant que, pour lui, un «lien fort» existe entre sport et écologie, même s'il «a tendance à être oublié».
La règle des «3 Zéros»
«Comme le dit Nicolas Hulot, l'émerveillement est le premier pas vers le respect et je pense que le sport est un bon moyen pour s'émerveiller, voir ce qui est beau. Mais, aujourd'hui, il est marqué par une course à la performance et au matériel, toujours plus technique voire technologique, déplore Benjamin de Molliens. Les grandes compétitions impliquent des déplacements partout dans le monde très polluants et le sport en vient à être détaché de son environnement, à le détruire».
Ses «expéditions», comme celle qui doit l'amener à Glasgow, lui servent de «véhicule» pour «capter l'attention des gens et leur montrer ce que c'est de vivre, de se déplacer, de réaliser des choses de façon plus sobre». Car chacun des projets de Benjamin de Molliens s'articule autour des «3 Zéros» : zéro déchet, zéro matériel neuf et zéro empreinte carbone.
Pour son aventure écossaise, il s'est équipé grâce au soutien d'entreprises, grandes comme petites, qui lui ont fourni un «vélo issu de leur parc de test», des «prototypes invendables» ou encore du matériel upcyclé. Il disposait déjà par ailleurs d'équipements de seconde main acquis pour ses précédentes aventures. Des particuliers lui viennent également en aide, à l'image de ce plaisancier qui lui a proposé de lui faire traverser la Manche à bord d'un voilier fêtant ses «50 ans cette année». Benjamin de Molliens dormira sous sa tente la majeure partie du temps et s'accordera quelques nuits chez l'habitant «s'il fait vraiment moche».
«L'idée n'est pas d'être parfait, je ne suis pas totalement à zéro, reconnait l'éco-aventurier. Mais l'objectif est de raconter ce que j'arrive à faire et aussi quand je n'y arrive pas, pour m'améliorer la fois suivante». L'intérêt est de susciter le questionnement, chez lui comme chez les autres, pour «changer d'échelle» et «revoir nos modes de fonctionnement».
Le Marseillais poursuivra les mêmes objectifs une fois arrivé à Glasgow, en tant qu'intervenant de la COP26. Il y animera deux ateliers, la Fresque du climat et 2 Tonnes, qui visent à affiner la compréhension des causes et effets du dérèglement climatique tout en trouvant des solutions concrètes pour réduire sa propre empreinte carbone.
Même si elle s'apparente à «une grande messe politique avec beaucoup de paroles et peu d'actes», la COP26 n'est, selon le trentenaire, pas sans enjeu. «C'est principalement 15 jours de négociations entre les pays sur la ligne à suivre, développe-t-il. Pour la première fois depuis la COP21, ils vont présenter un bilan comptable sur les engagements pris et sur leur avancement». L'événement doit permettre de fixer de nouveaux objectifs en matière de lutte contre le dérèglement climatique, ou en tout cas de signer «de nouveaux amendements à l'accord de Paris, à la lumière des nouvelles données», notamment celle révélées par le dernier rapport du GIEC.
Au-delà de ça, Benjamin de Molliens estime que ces grands rassemblements officiels «servent d'aimant à plein d'autres actions, créent de la symbolique et de l'espoir». Il se réjouit de voir l'urgence climatique «de plus en plus médiatisée et de plus en plus importante au coeur des discussions stratégiques des Etats». Une sorte de vague verte qui, espérons-le, lui donnera l'élan suffisant pour traverser la Manche.