Niché dans les bouillonnantes rues de Pigalle, le Moulin Rouge se dresse tel un phare, attirant des foules de touristes et d'amoureux du French Cancan. Un phare moins éclatant depuis ce jeudi 25 avril, et la chute accidentelle des ailes du moulin. Le nom du cabaret, indissociable de son identité, trouve son origine dans une volonté de rendre le lieu visible de loin.
Aux alentours de 2h du matin dans la nuit de mercredi à jeudi, les ailes de la façade se sont détachées du bâtiment, entraînant dans leur chute trois lettres de l'enseigne.
Selon la direction, cet incident technique serait lié à un problème au niveau de l'essieu. Mais la devanture devrait retrouver son faste d'antan dès l'été prochain. Cet accident, qui n'a heureusement pas fait de blessé, pousse toutefois à se pencher à nouveau sur l'origine de ce lieu emblématique au nom mystérieux.
L'histoire d'un nom légendaire
À la fin du 19ème siècle, Montmartre était encore un village entouré de vignes et de moulins, dont une quinzaine broyaient le blé. Aujourd'hui, un seul subsiste : le Moulin de la Galette, datant du 17ème siècle et niché à l'angle de la rue Lepic et de la rue Girardon.
En 1889, deux entrepreneurs, Joseph Oller et Charles Zidler (déjà propriétaire de l'Olympia), eurent l'idée de construire un moulins, comme un hommage au Montmartre d'antant, pour en faire un lieu de divertissement raffiné. Ils confièrent l'architecture à Adolphe Léon Willette, peintre et illustrateur renommé, qui avait déjà œuvré à la Cigale, à la Taverne de Paris et même à un salon de l'Hôtel de Ville.
Pour attirer le regard des Parisiens depuis les Grands Boulevards, les deux hommes d'affaires optèrent pour une couleur flamboyante : un rouge vif, symbole de passion et d'érotisme. Ils y ajoutèrent une touche d'innovation : des lumières, faisant du Moulin Rouge le premier établissement éclairé de la capitale.
Le nom «Moulin Rouge» s'imposait ainsi comme une évidence, faisant référence à la fois à l'édifice originel et à sa nouvelle identité visuelle.