Le théâtre de la Ville, rebaptisé Théâtre Sarah Bernhardt, rouvre ses portes ce samedi 9 septembre, après sept ans de travaux et une gargantuesque rénovation. Voici tout ce qu'il faut savoir sur cette «nouvelle» adresse, qui propose de nombreux spectacles ce week-end sur la Place du Châtelet.
Une rénovation d'envergure
Depuis 2016, date de sa fermeture, le théâtre de la Ville affichait porte close. Après sept années de travaux d'envergure, ce bâtiment Napoléon III - inauguré en 1862, comme son jumeau le Théâtre du Châtelet situé juste en face - a fait peau neuve. Transformé en profondeur pour la dernière fois dans les années 1960 - la salle à l'italienne est détruite en 1966 pour être remplacée par un gradin - l'établissement a été restructuré, dépollué et mis aux normes. Sa façade a été entièrement rénovée et son hall intégralement ouvert pour s'aligner sur la place du Châtelet et accueillir des répétitions, des rencontres, des débats. Sa grande salle, pouvant accueillir 950 spectateurs, a été restructurée de fond en comble (acoustique, plateau, gradin...) et proposera désormais une fosse pouvant accueillir un orchestre.
Alors que le chantier ne devait durer que trois ans à l'origine, de nombreuses contraintes ont bousculé l'échéancier, telles que la nécessité de déplomber et désamianter le site, comme la crise du Covid. Au total, ces profondes transformations financées par la Ville, à l'exception de la façade, auront coûté «un peu plus de 40 millions d'euros», selon Carine Rolland, adjointe en charge de la Culture.
Un nouveau nom symbolique
A l'occasion de cette réouverture, le théâtre de la Ville a été rebaptisé Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt. Un geste loin d'être anodin puisque l'actrice - artiste libre et engagée, et véritable star internationale - dirigea les lieux durant 24 ans, de 1899 jusqu'à sa mort en 1923. Sous sa houlette, le lieu appelé alors Théâtre des Nations devient en effet le Théâtre Sarah Bernhardt, où l'actrice interprète plus d'une quarantaine de rôles, monte notamment «L'Aiglon» d'Edmond Rostand, son plus grand succès, et lance de somptueux travaux.
Alors que cette année marque le centenaire de la disparition de l'actrice, décédée le 26 mars 1923, son nom s'affiche à nouveau sur le fronton de l'établissement et inscrit l'avenir du théâtre de la Ville dans les pas d'une artiste complète, libre et passionnée.
Une inauguration festive sur quatre week-ends
Pour marquer ses retrouvailles avec le public, le théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt voit les choses en grand et lance son Festival de la Place. Dès ce week-end, la Place du Châtelet se transforme ainsi en plateau à ciel ouvert, avec trois scènes en extérieur, et proposera gratuitement des spectacles de danse, des ateliers, des performances, des parades ou encore des compétitions de hip-hop.
Parmi les temps forts, Hofesh Shechter, artiste associé au théâtre et chorégraphe de danse contemporaine jouant dans le film «En-Corps» de Cédric Klapisch, dévoilera une version en plein air de son «Contemporary Dance 2.0». Le chorégraphe de danse hip hop Saïdo Lehlouh réunira, quant à lui, 100 participants pour réinventer son spectacle «Apaches».
Les trois week-ends suivants seront également marqués par plusieurs initiatives, toujours sur la place. Trente propositions artistiques gratuites seront proposées au total sur ces quatre week-ends. S'y ajoutera un autre rendez-vous marquant : une grande veillée, de 25H non stop, dans le nouveau Théâtre Sarah Bernhardt, où 100 artistes se relayeront du 7 octobre, à 17H, au 8 octobre, à 18H.
La programmation de la saison
Pour sa «première» saison, le théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt accueillera 53 spectacles, dont 25 dans sa grande salle, 20 dans la Coupole - ancienne salle de répétition pouvant désormais accueillir jusqu'à 130 spectateurs - et 8 dans son Hall. Et son directeur Emmanuel Demarcy-Mota entend proposer une programmation pluridisciplinaire ouverte sur l'Europe et l'international, qui réunira des artistes de la nouvelle génération comme des stars de renommée mondiale.
Parmi eux, la chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker y présentera «Exit Above» (25 au 31 octobre), sa nouvelle création dévoilée cet été au festival d'Avignon. Le metteur en scène Ivo Van Hove y montera «Après la répétition / Persona» d'Ingmar Bergman (6 au 24 novembre). Un peu plus tard dans la saison, Romeo Castellucci y présentera une nouvelle adaptation de «Bérénice» de Racine, avec dans le rôle-titre Isabelle Huppert (5 au 28 mars), quand la troupe de danse contemporaine Tanztheater Wuppertal, fondée par Pina Bausch, y donnera deux spectacles en avril.
Enfin côté tarif, la gratuité sera appliquée pour les jeunes jusqu'à 14 ans et les étudiants pourront trouver des billets à partir de 10 euros. Le prix des places plein tarif s'échelonnera lui entre 15 et 45 euros maximum.