L’actrice oscarisée Jennifer Lawrence a fait une apparition inattendue à Cannes ce dimanche pour présenter «Bread and Roses», un documentaire sur le calvaire que vivent les femmes afghanes depuis la reprise du pouvoir par les talibans, qu'elle a co-produit.
«N'oubliez pas les femmes afghanes», a imploré Zahra Mohammadi, une des participantes du film «Bread and Roses» dont la présentation officielle au Festival de Cannes a eu lieu dimanche soir. Présente sur la Croisette pour présenter ce film qu’elle a co-produit, l'actrice Jennifer Lawrence a fait une apparition inattendue sur les marches du 76e Festival de Cannes dans l'après-midi afin de défendre la cause des femmes en Afghanistan.
Venue assister à l’avant-première du film «Anatomie d’une chute» de la Française Justine Triet, la star américaine était accompagnée de l’équipe du documentaire.
Montée des Marches - Red Steps ANATOMIE D’UNE CHUTE (ANATOMY OF A FALL) de JUSTINE TRIET
Avec l'équipe du film Bread and Roses de Sahra MANI
With the team of Bread and Roses by Sahra MANI film#Cannes2023 #Compétition #SelectionOfficielle #OfficialSelection pic.twitter.com/Vjx9JP3y5b— Festival de Cannes (@Festival_Cannes) May 21, 2023
«Patchwork» de vidéos tournées au téléphone par des militantes sur place, ce documentaire signé de la réalisatrice afghane Sahra Mani offre une plongée glaçante dans le combat de ces femmes pour leurs droits.
«Comme tant d'autres artistes, je ne peux pas retourner dans mon pays faire mon travail. C'est comme ça qu'est né ce dispositif, qui est avant tout le fruit d'un travail collectif», explique-t-elle à l'AFP.
Depuis leur reprise du pouvoir en août 2021, les talibans - qui défendent une vision extrêmement rigoriste de l'islam - ont multiplié les mesures liberticides à l'encontre des femmes. Les portes des écoles secondaires sont fermées aux adolescentes, les jeunes filles ont interdiction de fréquenter les universités et les parcs leur sont inaccessibles. Depuis décembre, elles ont en outre l'interdiction de travailler pour les organisations non gouvernementales nationales comme étrangères. Une interdiction qui a été étendue aux Nations unies début avril.
«Je voulais donner à voir le quotidien mais aussi la réalité de ces femmes éduquées qui se battent pour leur pays», poursuit celle qui s'était fait connaître en 2018 avec son film coup de poing «A Thousand Girls Like Me», sur le combat d'une Afghane victime d'inceste. Le spectateur suit plusieurs femmes dont Zahra Mohammadi, une dentiste dont le cabinet médical doit fermer sur ordre des talibans.
«Éducation, salaire, liberté» : au son de ce mantra, transformé en cri de guerre, ces femmes enchainent les manifestations, au péril de leur vie. Certaines sont frappées dans la rue, d'autres sont arrêtées chez elles, quand elles ne disparaissent pas.
«Aucune femme n'est en sécurité en Afghanistan», insiste la réalisatrice, pour qui ces militantes sont des «guerrières du quotidien». Malgré la dureté des images, un sentiment d'espoir traverse le film. L'espoir que la situation finira par changer. «Les femmes sont l'avenir du pays et les talibans ont peur de ça», assure la réalisatrice.
Le film a été co-produit par l'actrice d'«Happiness Therapy». «Le soutien qu'on m'a apporté a été décisif dans le fait de pouvoir mener le projet à bien», confie la réalisatrice, qui dit être «éternellement reconnaissante» envers ses équipes.