Alors que le public peine à retrouver les salles de spectacle après la pandémie, les théâtres dévoilent pour la rentrée une programmation riche en surprises.
Un choix cornélien. Comme chaque année, la rentrée théâtrale sonne l'heure des nouveautés. Cette saison sera marquée par plusieurs premières fois mais aussi des retrouvailles.
Au programme : de nombreuses comédies mais aussi des textes forts émailleront cette rentrée, avec notamment l'adaptation de «Tout le monde savait» de Valérie Bacot, devenue un symbole de la violences faites aux femmes, interprétée par Sylvie Testut. Sans oublier, le retour de «Starmania», plus de quarante ans après sa création.
La suite de «Je préfère qu’on reste amis»
Laurent Ruquier donne une suite à «Je préfère qu’on reste amis», dévoilée avec succès en 2014 avec Michèle Bernier et Frédéric Diefenthal. Pour la rentrée, l’animateur signe «Je préfère qu’on reste ensemble», et compte bien tourmenter à nouveau ses personnages. Alors qu’il avait laissé Claudine et Valentin en couple après avoir été amis, Laurent Ruquier a repris la plume et dévoile un duo installé dans la routine. Claudine toujours fidèle envisage de partir, Valentin, volage, ne l’entend pas lui de cette oreille. Une nouvelle comédie à nouveau campée par l’excellente Michèle Bernier, rejointe par un nouveau partenaire, Olivier Sitruk.
«Je préfère qu’on reste ensemble», à partir du 15 septembre, Théâtre des Variétés, Paris.
Michel Fau et Catherine Frot à nouveau réunis
La pétillante Catherine Frot retrouve le fantasque Michel Fau autour d’un texte qui résonne avec l’actualité. Sept ans après le succès de «Fleurs de cactus», qui a valu à Catherine Frot le Molière de la meilleure comédienne, les deux acteurs sont à nouveau réunis dans «Lorsque l’enfant paraît».
Au programme : une plongée dans la vie d’un sous-secrétaire d’état anti-avortement dont la vie bascule alors qu’il est successivement confronté, le même jour, à l’annonce de plusieurs grossesses. Et pour cause, sa femme attend un enfant, son fils a mis enceinte sa secrétaire et il n’est pas encore au bout de ses surprises. Une comédie d’André Roussin écrite en 1951 on ne peut plus d’actualité, alors que depuis fin juin le droit à l’avortement ne figure plus dans la constitution américaine, laissant à chaque état la possibilité de l’autoriser ou de l’interdire.
«Lorsque l’enfant paraît», à partir du 16 septembre, Théâtre de la Michodière, Paris.
Gaspard Proust dans le monde de Sébastien Thiéry
L’humoriste Gaspard Proust délaisse le one man show le temps d’une pièce de troupe. Après une première incursion théâtrale avec «Inconnu à cette adresse», cet adepte de l’humour noir et acide s’apprête à plonger dans l’univers fantasque du dramaturge Sébastien Thiery (Cochon d’Inde, Qui est Monsieur Schmitt ?, Deux hommes tous nus, Momo…).
Dans «Demain la revanche», l’humoriste donnera la réplique à Daniel Russo et Brigitte Catillon dans la peau de leur fils Matthieu. Une nuit, il fait irruption chez ses parents, trempé jusqu’à l’os, portant un sac à dos plein de pierres et ne se souvenant de rien. Alors que ses parents tentent d’élucider ce mystère, leurs échanges tournent à l’affrontement familial. Comme toujours avec Sébastien Thiéry les questions fusent. Mais «qui est Matthieu ? Un amnésique ? Un manipulateur ? Un enfant qui vient prendre une revanche sur sa famille ?». Réponse sur scène.
«Demain la revanche», à partir du 16 septembre, Théâtre Antoine, Paris.
Un mystérieux legs
Après le succès de «Comme il vous plaira» avec Barbara Schulz, adaptation festive de Shakespeare récompensée par quatre Molières en mai dernier et reprise à partir du 17 novembre, La Pépinière Théâtre programme à la rentrée une comédie annoncée comme «joyeusement macabre» : «Le comble de la vanité».
Le récit d’une famille, bien sous tous rapports, campée par Virginie Pradal, Mikaël Chirinian, Julie Farenc, Cécile Rebboah et David Talbot dont l’équilibre bascule lorsqu’elle découvre dans le grenier de la maison familiale un testament et un objet inattendu. Une première pièce pour son auteur Valérie Fayolle.
«Le comble de la vanité», à partir du 13 septembre, La Pépinière Théâtre, Paris.
Laura Smet fait ses premiers pas au théâtre
Laura Smet s’apprête à monter pour la première fois sur scène à la rentrée. Des débuts qu’elle fera au côté de l’acteur Jean-Pierre Darroussin dans «Le principe d’incertitude», sous la houlette du metteur en scène et acteur Louis-Do de Lecquesaing, glaçant père pédophile dans «Polisse» de Maïwenn.
Dans cette pièce du dramaturge britannique Stephen Simons, dont le titre fait référence au théorème quantique du physicien Heisenberg, la fille de Nathalie Baye et Johnny Hallyday et l’acteur de 68 ans, Molière du meilleur comédien en 2018 pour sa performance dans «Art» de Yasmina Reza, camperont deux personnages que rien ne prédisposait à se rencontrer. Et pourtant, la rencontre entre cette américaine délurée de 40 ans et cet anglais discret de 70 ans va bouleverser leur vie.
«Le principe d’incertitude», à partir du 22 septembre, Théâtre Montparnasse, Paris.
Les débuts du féminisme racontés sur scène
Le théâtre Rive Gauche lance de son côté sa saison avec «Les filles aux mains jaunes». Une création signée Michel Bellier, qui retrace au début du XXe siècle, les balbutiements de l’émancipation féminine alors que les hommes sont à la guerre et les femmes les remplacent à l’usine. L’histoire de quatre femmes aux profils variés, qui vont être confrontées au monde du travail et à l’injustice réservée aux femmes, mais aussi sous l’impulsion de l’une d’elle, militante suffragette, la possibilité d’être libre de penser et d’agir. Pour mémoire, il faudra attendre 1965 pour que les femmes puissent ouvrir un compte et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.
«Les filles aux mains jaunes», à partir du 22 septembre, Théâtre Rive Gauche, Paris.
Bernard Campan retrouve Ivan Calbérac
Après le succès de «La dégustation» d’Ivan Calbérac, pièce saluée par le Molière de la meilleure comédie en 2019, Bernard Campan est de retour sur scène dans «Les Humains». L’acteur de 64 ans retrouve ainsi l’auteur de «L’étudiante et Monsieur Henri», «Venise n’est pas en Italie» et bien sûr «La dégustation», qui adapte cette fois en français un triomphe de Broadway, lauréat de 4 Tony Awards. Dans cette comédie où les non-dits familiaux vont voler en éclat un soir de Noël, Bernard Campan donnera notamment la réplique à Isabelle Gélinas et Mélanie Bernier.
«Les humains», à partir du 23 septembre, Théâtre de la Renaissance, Paris.
Chantal Ladesou de retour vers le futur
Huit ans après «Nelson», la tornade Chantal Ladesou collabore à nouveau avec le dramaturge et directeur du théâtre de la porte Saint-Martin, Jean-Robert Charrier. Dans «1983», ce dernier a décidé de replonger la sociétaire des Grosses têtes dans les années 1980 avec sur scène «des épaulettes, des brushings, des paillettes». L’humoriste de 73 ans y campera en effet une certaine Michèle Davidson, qui en 1983, après avoir marqué l’univers de la mode, se coupe du monde pour retrouver l’inspiration. Sa retraite devait durer quelques mois. Problème : le calendrier affiche désormais l’année 2022. Un grand écart qui promet.
«1983», à partir du 27 septembre, Théâtre de la Porte Saint-Martin, Paris.
Francis Veber de retour avec une NOUVELLE COMÉDIE
Après «Le Dîner de con» ou encore «Le placard» adaptées par lui-même au cinéma, Francis Veber dévoile sa nouvelle comédie «Le tourbillon». Et le réalisateur, scénariste et dramaturge, compte cette fois entraîner ses nouveaux personnages - un flic aux prises avec l'Inspection générale de la police pour brutalité, sa femme écervelée, son beau-frère journaliste déprimé et sa sœur seul individu équilibré de ce quatuor - dans le tourbillon de «notre époque pleine de bruit et de fureur». Une comédie campée par Philippe Lellouche, Caterina Murino, Aline Gaillot et Stéphane Metzger que Francis Veber mettra lui-même en scène.
«Le tourbillon», à partir du 22 septembre, Théâtre de la Madeleine, Paris.
Michel Hazanavicius signe sa première mise en scène
Du nouveau pour Michel Hazanavicius. Le réalisateur signe sa première mise en scène théâtrale avec «Symphonie pour un vieux con», d’après la comédie d’Israël Horovitz, qu’il a lui-même adaptée. Comme il l’a déjà fait dans «The Artist», «OSS 117» et dernièrement «Coupez !», le réalisateur y dirigera son épouse Bérénice Bejo. La comédienne donnera la réplique à Patrick Chesnais, réunis pour camper un vieux professeur grincheux et solitaire et une aide-ménagère timide. Alors que tout semble opposer ces deux-là, pourtant l’alchimie prend. Mais une interrogation surgit : «quelle est la véritable raison de la présence de cette aide ménagère ?».
«Symphonie pour un vieux con», à partir du 29 septembre, Théâtre des Bouffes parisiens, Paris.
Sylvie Testud fait résonner les mots de Valérie Bacot
Ce sera assurément la pièce la plus poignante de la rentrée. Sylvie Testud portera sur scène l’adaptation de «Tout le monde savait», ouvrage biographique de Valérie Bacot, devenue un symbole de la violence faite aux femmes pour avoir assassiné en mars 2016 son bourreau, après vingt-cinq ans de viols et de violences conjugales par celui qui fut son beau-père avant de devenir son mari et proxénète.
La comédienne se fera la passeuse du récit de Valérie Bacot, de son histoire dramatique, du dysfonctionnement des institutions pour entendre la parole des victimes mais aussi le combat d’une mère pour sauver ses enfants. Pour mémoire, Valérie Bacot a été condamnée en juin 2021 à quatre ans de prison dont trois avec sursis pour le meurtre de son mari violent. Elle était sortie libre du procès, ayant déjà passé une année en prison.
«Tout le monde savait», à partir du 4 octobre, Théâtre de l’Œuvre, Paris.
«Starmania» : le musical culte enfin de retour
Prévu à l’origine pour octobre 2020 et reporté de deux ans en raison de la pandémie, l’opéra rock de Michel Berger et Luc Plamondon arrive enfin à la Seine musicale à partir du 8 novembre. Très attendue, cette nouvelle adaptation de «Starmania» - plus de quarante ans après sa création en 1979 - est orchestrée par deux grands noms de la scène contemporaine, le metteur en scène Thomas Jolly et le chorégraphe Sidi Larby Cherkaoui. Ensemble, ils redonneront vie aux personnages et aux tubes de ce spectacle culte. Parmi eux : «Quand on arrive en ville», «SOS d’un terrien en détresse» ou encore «Le monde est stone» interprétés, entre autres, à l’époque par Daniel Balavoine, France Gall et Fabienne Thibeault, dans les rôles titres.
«Starmania», à partir du 8 novembre 2022, La Scène musicale, Boulogne Billancourt.