Alors que le mandat d'Olivier Py, à la tête du festival d'Avignon depuis neuf ans, prendra fin le 27 juillet prochain, le metteur en scène et dramaturge y présentera deux spectacles, dont une création de dix heures.
Dévoilée hier depuis la Cité des Papes, la programmation du festival d’Avignon comptera cette année quarante-deux spectacles présentés du 6 au 27 juillet. Deux seront signés Olivier Py, qui quittera la direction du festival à l’issue de cette 76e édition, dont il a pris la tête en 2014.
Le metteur en scène de 56 ans, qui a tenu à rappeler que cette édition ne serait en rien «un festival récapitulatif, ni commémoratif», y présentera notamment une création marathon. «Ma jeunesse exaltée» sera donnée, entre le 8 et le 15 juillet, au gymnase du lycée Aubenel. Un lieu qu’il retrouve 27 ans après y avoir créé un autre spectacle fleuve, rappelle-t-il, «La servante».
Une création qui célèbre la jeunesse qui vient
Dans cette nouvelle création, Olivier Py, qui a multiplié les initiatives auprès des jeunes tout au long de son mandat avec notamment la création d’un abonnement à tarif préférentiel pour les moins de 26 ans, y célèbrera «non pas sa propre jeunesse, qui n’est plus, mais la jeunesse qui vient», a-t-il commenté lors de la conférence de presse donnée, hier, à Avignon.
«C’est une pièce très longue, plus exactement quatre pièces, qui tourneront autour des dix heures», note cet habitué des créations longs formats. En 2009, il avait monté dans son intégralité «Le soulier de satin» de Paul Claudel, une pièce de onze heures donnée au théâtre de l’Odéon.
Cette fois, le dramaturge a imaginé un arlequin dialoguant avec un vieux poète «qui lui ressemble un peu» précise-t-il, «et cet arlequin décide de combattre toutes les laideurs du monde ». Une création, qui à travers son récit, semble parfaitement s’inscrire dans le thème «Il était une fois», choisi cette année par Olivier Py, pour sa dernière édition à la direction du festival.
«Il était une fois», thème de cette 76e édition
Un thème qui peut «paraître tout à fait bateau, puisque toute les histoires commencent par "Il était une fois"» a-t-il commenté. «Mais je tenais à terminer mon aventure au festival en disant "Il était une fois"», convaincu d’une part «qu’il n’y a que l’avenir qui compte» et d’autre part, que nous sommes fait «de mythes, de légendes et d’histoires».
Un thème qu’il a également rattaché au drame qui se joue en Ukraine. «La situation, que nous vivons en ce moment, est non seulement une guerre armée, mais c’est aussi une guerre du narratif. C’est pourquoi, nous avons toujours besoin des poètes pour nous raconter ce que nous sommes réellement, dans un temps où les fake news sont devenues une véritable arme de guerre», a poursuivi Olivier Py, qui dévoilera par ailleurs en clôture du festival «Miss Knife et ses sœurs». Ce grand cabaret réunira notamment les chanteuses ukrainiennes Dakh Daughters et la chanteuse béninoise Angélique Kidjo.
Olivier Py, dont le mandat n’a pas été un «long fleuve tranquille» comme l’a rappelé la maire d’Avignon Cécile Helle, évoquant la grève des intermittents en 2014, les attentats de Nice en 2016 ou encore l’annulation du festival en 2020 en raison de la crise sanitaire, passera le relais, dès l’année prochaine, à Tiago Rodrigues. Le metteur en scène portugais sera le premier artiste étranger à diriger le festival, depuis sa création en 1947 par Jean Vilar.