Il était devenu une icône du combat pour les droits civiques aux Etats-Unis, et avait marqué Hollywood par sa prestance et son style. Sidney Poitier, premier comédien afro-américain à obtenir l'Oscar du meilleur acteur en 1964, a joué dans une cinquantaine de films, et en a réalisé une dizaine. En voici les 5 principaux.
La chaîne - 1958
Dans ce drame réalisé par Stanley Kramer, Sidney Poitier partage l'affiche avec Tony Curtis, dans la peau de deux prisonniers, l'un blanc, l'autre noir, qui doivent être transportés vers une nouvelle prison.
Tous deux racistes, ils vont devoir collaborer malgré tout, alors que le fourgon a eu un accident et qu'ils ont pu s'échapper. Liés par une chaîne, ils finiront durant leur fuite par apprendre à s'apprécier, constatant que, l'un comme l'autre, ils sont victimes de discriminations et d'humiliations. Avec ce rôle puissant, Sidney Poitier obtiendra sa première nomination aux Oscars.
Le Lys des champs - 1963
S'il n'y avait qu'un rôle à retenir, ce serait celui-là. C'est en effet en interprétant le personnage d'Homer Smith, que le comédien va obtenir l'année suivante l'Oscar du meilleur acteur, devenant le premier afro-américain à être récompensé par l'Académie, et ainsi marquer l'histoire.
Il campe dans ce film signé Ralph Nelson cet homme à tout faire itinérant, qui se promène dans le désert de l'Arizona. Il rencontre alors des nonnes allemandes, qui lui demanderont de multiples services, dont celui de bâtir une chapelle, ce qu'il fera sans, finalement, demander la moindre rémunération. Un film empli de bons sentiments, qui célèbre l'entraide et la bienveillance.
Dans la chaleur de la nuit - 1967
Un titre qui claque, surtout en VO ( «In the Heat of the Night»), pour un film puissant, sorti l'année de grandes émeutes raciales aux Etats-Unis. Auréolé de cinq oscars, dont celui de meilleur film, le long-métrage signé Norman Jewison joue avec les a priori de tous bords.
Sidney Poitier incarne un policier noir du nord de l'Amérique, qui se retrouve accusé d'un meurtre qui vient de se produire, dans une bourgade raciste du sud. Libéré, son chef va lui demander de rester sur place pour enquêter. S'il doit faire face à l'hostilité des locaux, lui-même ne peut s'empêcher de supposer que le pasteur blanc est forcément le coupable. Une vraie leçon contre le manichéisme, portée par une musique signée Quincy Jones.
Devine qui vient dîner ... - 1967
Ce film, comme le précédent, est à remettre dans le contexte des mouvements civiques portés par la communauté noire aux Etats-Unis cette année-là. Et à bien des égards, il en fait de multiples réferences. Sidney Poitier campe en effet le docteur John Prentice, qui va être présenté par sa future et jeune épouse Joey, blanche, à ses parents.
Le film, de nouveau signé Stanley Kramer, traite donc de la mixité dans les couples, «qui serait illégale dans plusieurs Etats» comme le dit le père de Joey dans le film, alors que la même année la Cour suprême des Etats-Unis déclare anticonstitutionnelles toutes les lois interdisant les mariages interethniques. Souvent critiqué pour ce rôle de «noir de service» ne représentant pas la réalité sociale de sa communauté, Sidney Poitier expliquera qu'il préférait «démontrer que l'homme est davantage bon que mauvais». Par ailleurs, dans une scène du film, la cuisinière, à qui l'on demande qui vient dîner, répond « Le révérend, Martin Luther King ?» assassiné alors que le film était encore à l'affiche, les studios demanderont alors que cette scène soit coupée.
Uptown Saturday night - 1974
Sidney Poitier tient une double casquette dans cette comédie, comme acteur et réalisateur. Il forme une triplette de haut vol, accompagné de Bill Cosby et Harry Belafonte. Il marque son temps par le fait que les afro-américains jouent cette fois les premiers rôles, sans être caricaturés, tout en rencontrant un vrai succès populaire et non communautaire.
On suit Sidney Poitier en compagnie de Bill Cosby, en quête d'un portefeuille volé lors d'un hold-up, et qui contient un ticket gagnant du loto. Le film, dont Will Smith a acquis les droits, devrait faire bientôt l'objet d'un remake avec Denzel Washington.