Juillet marque le retour d'un grand nom du manga, en la personne de Junji Ito. Comptant parmi les maîtres de l'horreur aux côtés de Stephen King, John Carpenter ou ses compatriotes Kazuo Umezu et Hideo Nakata, on ne compte plus les récits glaçants et dérangeants que Junji Ito nous a offert depuis ses débuts en 1992.
Si l'éditeur Delcourt-Tonkam a déjà publié de nombreuses œuvres de cet artiste en France (dont Spirale et le récent La Déchéance d'un Homme), la nouvelle maison d'édition Mangetsu a fait le choix d'offrir une toute nouvelle collection à la hauteur de ce mangaka. Dès le 7 juillet arrive donc en librairie Tomie (prononcez Tomié), l'une de ses séries les plus saluées par la critique, et qui a notamment bâti sa réputation.
Une histoire construite autour de la jeune Tomie Kawakami, dont les hommes se prennent de passion jusqu'à commettre l'irréparable. Car la jeune femme possède une passion morbide pour le meurtre et réclame à ses prétendants de mettre fin à ses jours. Devenant fous à lier, la plupart exécutent ce désir, mais Tomie ressuscite à chaque fois.
Tomie, c'est la Carrie de Stephen KingSullivan Rouaud
«Tomie est pour moi la Carrie de Stephen King (publié en 1974). Je fais d'ailleurs souvent le rapprochement entre ces deux auteurs. Comme Stephen King, Junji Ito travaille beaucoup et tous deux sont capables de se renouveler. Ce sont des touche-à-tout dans les domaines de l’horreur. Junji Ito est d'ailleurs un excellent bédéaste. Le rythme, son trait, ses onomatopés... Même en comics ou en BD, il n’y a pas de vrais équivalents à son œuvre. Il sonde l’esprit humain. On a l’impression qu’il le fait de manière naïve, mais il s’arrête sur des évidences et étire le sujet à sa manière. Il ne connaît pas la fin d'une histoire avant de la dessiner, il me l’a confié. Les choses se vivent avec lui et son œuvre», analyse Sullivan Rouaud, directeur de collection chez Mangetsu.
La naissance d'un personnage mythologique
Edité à l'origine comme un shôjô, Tomie est d'ailleurs une œuvre bien plus complexe que ne le laisse imaginer ses premières planches, et qui touche surtout un public ado-adulte. La force de Junji Ito étant de jouer, page après page, avec les nerfs du lecteur et de lui envoyer au visage une image choc pour le faire trembler d'effroi. «L’horreur est un genre qui est déjà bien ancré au Japon, rappelle Sullivan Rouaud. Un genre qui était d’ailleurs principalement féminin dans ce pays. Tomie était certes publié dans une revue shôjô, mais Junji Ito a su insuffler un autre genre à l’horreur. C'est une œuvre fascinante tout en étant très "accueillante"».
J-1 avant l’arrivée de Junji Ito chez Mangetsu !
Entre succube et sirène, Tomie nous ensorcelle. On la sait très attendue, alors voici le trailer dévoilant son mystère, de quoi vous faire patienter jusqu'à demain et éveiller votre curiosité pic.twitter.com/Whev4rJBhr— Mangetsu (@MangetsuFR) July 6, 2021
Et si l'angoisse est là tout au long du récit, Junji Ito sait prolongé le plaisir coupable en trouvant toujours une astuce narrative pour relancer un concept qui pourrait sembler limité. «Tomie est le tout premier manga de Junji Ito, qui n'était pas mangaka de formation mais prothésiste dentaire. C'est une œuvre à laquelle l'auteur est donc très attaché et Tomie va se développer tout au long de son début de carrière, durant les vingt premières années. Tomie est ainsi devenue une forme de personnage myhtologique à mesure qu’elle se construit», souligne Sullivan Rouaud.
Tout le génie de l'auteur se retrouve également magnifié par cette édition française grand luxe signée Mangetsu, avec une préface du cinéaste Alexandre Aja (Haute tension, La Colline a des Yeux, Oxygène). D'autres préfaciés de renoms devraient signer dans les prochains tomes qui complèteront la collection des œuvres du mangaka chez Mangetsu. «Je voulais faire la plus belle édition au monde consacrée à cet auteur qui adore la France. Et Junji Ito a été très intéressé et très disponible pour nous. Il s'est impliqué dans la direction artistique et nous a félicité. Nous comptons faire la même chose avec Tetsuo Hara, l'auteur de Hokuto no Ken, dont nous éditerons en septembre le manga Keiji», explique Sullivan Rouaud.
Tomie, de Junji Ito, éd. Mangetsu, tome 1 disponible le 7 juillet.
© Mangetsu