L'événement a déjà été repoussé deux fois, mais les organisateurs ne renoncent pas. Aidé de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le Prodiss (Syndicat spectacle musical et de variété) va organiser un concert-test à l'Accor Arena de Paris le 29 mai pour montrer que la vie culturelle peut reprendre malgré la pandémie.
Une priorité nationale
Baptisé «Ambition Live Again», le projet n'avait cessé d'être remis à plus tard depuis le mois de février. A tel point que, le 12 avril dernier, les organisateurs avaient décidé d'écrire directement à Emmanuel Macron pour lui demander son aide.
[Lettre ouverte] Nous travaillons depuis plusieurs semaines avec l’AP-HP à une expérimentation : le projet Ambition Live Again. Mais pour que ce concert-test puisse voir le jour, il faut que le protocole soit validé. Monsieur le Président, nous avons besoin de votre aide ! pic.twitter.com/Of1SHxy0uv
— PRODISS (@prodiss) April 12, 2021
Fin avril, l'événement avait finalement été déclaré priorité nationale par le gouvernement. Une décision qui avait relancé l'espoir et le travail des organisateurs. Et le 4 mai, l'AP-HP avait indiqué que ce concert-test «devrait se tenir le 29 mai». Une date confirmée depuis par le Prodiss et la municipalité parisienne.
«Evaluer les risques de transmission»
Selon la municipalité parisienne justement, le but de ce concert expérimental est «d'évaluer les risques de transmission du virus de la COVID-19 lors d'un rassemblement de grande ampleur», et ce, «en configuration debout», «non distancié», «dans une salle fermée».
De fait, ce concert-test repose sur l'essai clinique SPRING qui consiste à comparer le risque de contamination entre deux groupes de personnes reparties de façon aléatoire : 5.000 personnes au concert et 2.500 personnes à leur domicile. Selon Roselyne Bachelot, le ministre de la Culture, le budget s'élève à 900.000 euros.
7.500 spectateurs prévus pour voir Indochine
Ce projet de concert-test à l'Accor arena de Paris s'est inspiré d'expériences semblables menées à l'étranger, notamment à Amsterdam et à Barcelone. L'événement doit donc rassembler 5.000 personnes, préalablement soumises à un test de dépistage antigénique réalisé dans les 72h avant l'événement. Le jour J, l'hygiène des mains du public sera renforcée et la ventilation de la salle sera «optimisée».
Les spectateurs seront masqués et resteront debout dans la salle de spectacle, gracieusement prêtée pour l'occasion, pendant que 2.500 autres assisteront au concert depuis chez eux. L'AP-HP a fait savoir que, sous réserve de «l'obtention de toutes les autorisations nécessaires, un site web permettant de s'inscrire en vue d'un tirage au sort pour faire partie des 7.500 participants sera mis en ligne avant mi-mai».
Le groupe Indochine a déjà fait part de son intention de se produire lors de l'événement. Nicola Sirkis, le leader, a indiqué qu'il attendait simplement «le signal des autorités», expliquant vouloir participer «pour aider toute la profession, pour démontrer, comme à Barcelone, Amsterdam, qu'aller dans un concert, ce n'est pas risqué».
Les inscriptions bientôt ouvertes
Si les inscriptions au concert n'ont pas encore été ouvertes au public, la municipalité parisienne a d'ores et déjà indiqué ce 12 mai que le formulaire «sera prochainement disponible sur le site Ambition Live Again». Et pour participer à l'étude, les volontaires seront obligatoirement des Franciliens âgés de 18 à 45 ans et n'auront connu aucun symptôme du Covid ou contact avec des personnes infectées durant les deux semaines précédant le concert.
Les personnes présentant des «facteurs de risque de forme grave» ou vivant avec des proches porteurs de ces facteurs ne pourront pas candidater. A savoir également que «la participation au concert n'est pas garantie» souligne la Ville de Paris, qui rappelle que certains tirés au sort seront appelés à participer au concert en... «restant à la maison le 29 au soir».
Emmanuel Macron présent
Le président de la République Emmanuel Macron devrait faire partie du public qui assistera au concert, rapporte le JDD. Il s'agirait d'en faire un «symbole», pour marquer l'arrivée de meilleurs jours, un peu plus d'une semaine avant le décalage du couvre-feu à 23h ou de la réouverture totale des cafés et restaurants.
Quel résultat ?
S'exprimant sur CNEWS mercredi 28 avril, l'épidémiologiste Martin Blachier s'est montré confiant : «il faut savoir qu'il y a une dizaine de concerts-test qui ont été faits en Europe et aux Etats-Unis et à chaque fois il n'y a eu quasiment aucune contamination». L'expert considère même que ce genre d'expérience est aujourd'hui «anachronique» puisqu'on devrait déjà, selon lui, «être en train de valider le protocole de réouverture de ces salles-là [...] on sait qu'il n'y a pas de contaminations qui s'y font».
L'exemple barcelonais
Mardi 27 avril, les organisateurs du concert-test proposé le 27 mars à Barcelone ont conclu qu'«aucun signe» ne permettait de suggérer «qu'une transmission (du coronavirus) a eu lieu pendant l'événement». Les 5.000 participants, équipés de masques FFP2, avaient été soumis à des tests antigéniques avant le concert mais n'ont pas été obligatoirement dépistés après.
Six spectateurs ont été testés positifs au Covid-19 deux semaines après le spectacle. Les organisateurs affirment qu'ils étaient tous asymptomatiques et sont «certains» que pour quatre d'entre eux «la transmission n'a pas eu lieu pendant le concert». Après l'analyse des données, l'infectiologue Boris Revolo ajoute qu'il y a «un très fort pourcentage de probabilité» pour que les deux autres «n'aient pas été contaminés» dans la salle de spectacle. Il souligne qu'il n'y a, quoi qu'il en soit, pas eu de «super transmission».