Le 47 e Festival de la BD a refermé ses portes ce dimanche 2 février 2020. Entre la venue d'Emmanuel Macron, la grogne des auteurs et la polémique du T-short de Jul, l'évènement a pris des airs très politiques cette année.
Un Grand Prix pour Emmanuel Guibert et un tour en chansons en guise de remerciements
D'abord la joie pour débuter comme il se doit ce 47 e Festival, devenu au fil des heures un événement très politique. Emmanuel Guibert, auteur d'une oeuvre variée et féconde, a reçu enfin le Grand Prix de la Ville d'Angoulême, récompense suprême pour un auteur de bande dessinée. S'adressant aussi bien aux adultes avec des BD comme «Le Photographe» (éd. Dupuis) qu'aux enfants avec ses séries comme «Sardine de l'espace» ou le très aimé des plus jeune «Ariol», Emmanuel Guibert est considéré comme un génie du neuvième art.
Très facétieux, l'auteur qui était pressenti depuis plusieurs années pour ce prix, a poussé la chansonnette en guise de remerciements. Un moment étonnant, drôle et plutôt bluffant. Emmanuel Guibert voudrait-il se lancer dans la chanson ? En tout cas, ses cordes vocales fonctionnent presque aussi bien que son coup de crayon.
Emmanuel Guibert pousse la chansonnette pour fêter son Grand Prix de la Ville d’Angouleme #FIBD2020 pic.twitter.com/HNi8tYmf8W
— Virginie Jannière (@vir_janniere) January 29, 2020
Emmanuel Macron au chevet des auteurs de BD ?
Petit rappel des faits : ce 47e Festival de la Bd d'Angoulême était l'occasion de lancer l'année de la BD ou «BD2020», idée du gouvernement pour faire entre la BD dans la cour des grands (au bout de 47 éditions du Festival ! Il était temps! ), une année également très attendue par les auteurs dont le statut reste plus que précaire.
Emmanuel Macron, comme son Ministre de la Culture, Franck Riester, avaient donc fait le déplacement jusque dans la ville charentaise pour parler neuvième art. Après une journée chaotique, marquée pour Franck Riester, par un discours avorté lors du lancement officiel de l'année de la BD sur le parvis de l'hôtel de ville - des manifestants ont sifflé son arrivée -, Emmanuel Macron, lui, a pu déjeuner avec quelques auteurs et représentants de syndicats d'auteurs avant de filer visiter l'exposition de Lewis Trondheim puis celle de Perre Christin.
Le chef de l'Etat a finalement terminé sa visite par un joli discours sur l'importance du neuvième art au théâtre d'Angoulême, là où allaient être remis quelques minutes plus tard les récompenses Jeunesse et découvertes. Le chef de l'Etat s'est fait applaudir après avoir annoncé s'engager à faire évoluer le statut des auteurs. «Nous sommes le pays où le droit d'auteur s'est inventé», a-t-il notamment déclaré. A suivre...
Le T-shirt de la polémique
Le déjeuner entre Emmanuel Macron et les représentants du neuvième art a occasionné une polémique suite à une photo prise au côté de Jul, auteur de BD, arborant un T-shirt dénonçant les violences policières. Sur le vêtement, un dessin du fameux «fauve d'Angoulême» dont l'un des deux yeux est caché par un gros pansement. Sous le petit matou, l'inscription «LBD 2020» au lieu de «BD2020». Tout sourire sur la photo, les syndicats policiers tout comme les associations de victimes de LBD (Lanceur de Balles de Défense) n'ont pas apprécié.
Le «débrayage» des auteurs
Le vendredi 31 janvier a été marqué par le très annoncé «débrayage» des auteurs. Beaucoup d'entre eux, ont posé un temps leurs crayons pour participer à une marche dans Angoulême afin de demander au gouvernement de réelles mesures pour aider les auteurs de BD. Ces derniers connaissent, pour la plupart, de réelles difficultés financières (un tiers d'entre eux vit sous le seuil de pauvreté) alors qu'ils travaillent pour un secteur de l'édition très florissant.
Appel au débrayage des auteurs à #Angoulême pour les États généraux https://t.co/xQxPHL4MHd #FIBD2016 pic.twitter.com/VfbLeSTCbf
— ActuaLitté (@ActuaLitte) January 25, 2016
Un air de «Révolution» au Festival
Samedi 1er février, le palmarès de cette 47 e édition a été dévoilé. Le Fauve d'or a été décerné au premier tome de «Révolution» (Actes Sud/L'an 2), écrit et dessiné par Florent Grouazel et Younn Locard.
Si l'on y voit passer les grandes «têtes d'affiches» de la Révolution Française, cet album se veut résolument tourné vers le peuple, de quoi évidemment penser au mouvement des gilets jaunes, même si le mouvement n'avait pas débuté lorsque le duo d'auteurs a commencé l'écriture de la série. Soutenu par de nombreux lecteurs et journalistes, le duo a particulièrement été acclamé lors de la remise du prix. «On espère que ce livre résonne particulièrement aujourd'hui» a lâché Younn Locard.