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«La journée de la jupe» : un huis clos sous haute tension

[Fabienne Rappeneau] Jean-Paul Lilienfeld adapte pour la scène «La journée de la jupe».

Après le film, la pièce. Dix ans après la sortie du long-métrage «La journée de la jupe», campé à l’écran par Isabelle Adjani, César de la meilleure actrice en 2010 pour sa performance, son auteur Jean-Paul Lilienfeld l’adapte pour la scène. Une réussite.

Sur les planches, Gaëlle Billaut-Danno, impeccable, reprend le rôle de cette professeure de français d’un collège sensible, totalement abandonnée par sa hiérarchie et démunie face à des élèves qui sont « devenus ses ennemis ». Alors qu’elle trouve une arme dans le sac d’un de ses collégiens, elle refuse de la rendre à son propriétaire. Menaces, insultes, intimidations, tout va très vite, le coup part. Contre toute attente, elle prend sa classe en otage. Avec cette adaptation, Jean-Paul Lilienfeld signe un huis clos palpitant d’une heure quinze, qui ne laisse pas une seconde de répit.

Une pièce coup de poing

Sous tension permanente, sur une mise en scène subtile et ultra rythmée de Frédéric Fage, mêlant projections vidéo, jeux d’ombres, break-dance, pastilles audio, cette version scénique de «La journée de la jupe» marque par son propos, autant que pour son intensité. Face à Gaëlle Billaut-Danno, à fleur de peau, cinq jeunes comédiens campent les élèves de cette classe : cinq collégiens vus comme autant d’individualité, du caïd au bouc émissaire, en passant par deux personnages féminins aux contours très différents. 

Au fil de cette prise d’otage, les individualités s'affirment, les langues se délient ne laissant pas apparaître une réalité mais des réalités : celle d’une professeure démunie, celle de certains quartiers, celle de jeunes filles opprimées par la violence masculine, celle de l’échec de l’éducation nationale… Entre deux négociations avec le GIGN, ce qui se joue dans cette classe dépasse finalement largement les frontières de ces quatre murs. Racisme, laïcité, religion, égalité des chances, égalité hommes-femmes, la violence faite à ces dernières, la loi du silence sont autant de questions qu’aborde, sans détour, ce texte poignant, qui ne laisse personne indifférent.

La journée de la jupe, Théâtre des Béliers parisiens, Paris.

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