En direct
A suivre

Cali : "Une pièce très rock’n roll"

Le chanteur Cali et sa partenaire sur scène Marie Barraud dans Cowboy Mouth au théâtre de la Gaîté Montparnasse.[Charlotte Bovy]

Le chanteur Cali fait ses premiers pas au théâtre dans Cowboy Mouth. Une pièce que l’artiste compare à une chanson rock. Une histoire d’amour impossible adaptée en français par Marie Barraud, sa partenaire sur scène, et signée Sam Shepard et Patti Smith. C’est son admiration pour cette dernière qui a convaincu le chanteur d’accepter le projet.

 

Après Bénabar en 2010, vous faites vos premiers pas au théâtre. Comment est née cette envie?

Je n’avais aucune ambition théâtrale. Au contraire. Quand Marie Barraud, ma partenaire sur scène, m’a proposé Cowboy Mouth, j’ai dit non sans avoir lu la pièce.  Et puis, j’ai lu ces mots brillants et cette quête identitaire signés Patti Smith et Sam Shepard. C’est devenu une évidence. Cela résonnait avec ma vie et mon admiration pour Patti Smith, celle qui m’a donné envie d’apprendre la guitare.

 

Vous incarnez un père de famille kidnappé pour devenir " un Jésus rock’n’roll avec une gueule de cowboy". Un personnage qui vous ressemble ?

C’est assez troublant. Je ne suis clairement pas un sauveur et en même temps, dans mon métier, quand vous êtes sur scène, vous avez un peu l’impression d’être Jésus faisant du rock.

 

Sur le plateau, vous interprétez un "sauveur". N’est-ce pas lourd à porter pour un premier rôle ?

Ce qui est bien, c’est d’avoir une famille soudée autour de soi qui, quand je rentre à la maison, me rappelle tout de suite, que je n’ai rien d’un sauveur.

 

En quoi Cowboy Mouth est-elle une pièce rock’n’roll ?

Cette pièce résume à elle seule toutes les chansons rock dont le thème récurrent est souvent un amour impossible où l’on passe par des moments de grandes disputes à des moments de grande tendresse. Comme dans les chansons rock, Cowboy Mouth est le récit de deux oiseaux qui tombent du nid, se brisent les ailes mais qui, malgré tout, veulent voler le plus loin possible ensemble tout en sachant que c’est impossible. Et pourtant, ils le font. En ce sens, elle est rock’n’roll.

 

Que dit la pièce sur l’impact du rock et de l’art dans la société ?

La pièce a été écrite en 1971, à New-York, dans cette Amérique un peu perdue où la jeunesse ne croit plus ni en la justice, ni en dieu. Dans ces moments-là, quelques soient la génération et le lieu géographique, une jeunesse perdue cherche un sauveur. Là, le sauveur, c’était le rock’n’roll. Cowboy Mouth trouve aussi une résonnance aujourd’hui. Quand on regarde autour de soi, on voit beaucoup d’espoirs déçus, des désirs avortés. Face à cela, je pense réellement que la musique, que l’art est un puissant palliatif à la désespérance.

 

Cette pièce a une histoire. Connaissiez-vous son contexte d’écriture ?

Juste après avoir eu la pièce en main, j’ai lu Just Kids (ouvrage de Patti Smith sur sa carrière sortie en 2010 ndlr).  Dans le livre, elle décrit ce moment incroyable où, Sam Shepard a réellement quitté sa famille et son fils pour elle, où ils se sont retrouvés blottis dans cette chambre du Chelsea Hotel en sachant  peut être tous les deux que leur histoire ne pourrait pas aller bien loin mais qu’il fallait la vivre. Elle raconte comment ils ont écrit cette pièce à quatre mains, en deux jours et deux nuits, se passant la machine à écrire. Comment, après avoir trouvé un petit théâtre indépendant pour la jouer, le soir de la seconde représentation, Sam Shepard s’est enfuit pour retourner dans sa famille. Je suis un peu dans la même situation. Je suis en captivité à Paris. Je suis du sud de la France, ma famille est là-bas. J’espère ne pas partir au bout de la deuxième représentation.

 

Les décors reconstituent justement une chambre du Chelsea Hotel. Cette chambre est-elle un personnage à part entière ?

Je dirais presque que c’est le personnage principal. Le Chelsea hotel était un hôtel mythique avec ses œuvres d’art accrochées aux murs laissées par tous les grands artistes passés par là.  Grâce à ce décor, on sent la promiscuité. Tous ces jours et ces semaines d’enfermement autour de l’utopie et de l’amour impossible.  J’ai eu la chance d’aller là-bas. Un peu comme on va en pèlerinage. Sur le plateau, je m’imagine les couloirs du Chelsea Hotel. Nous avons également ajouté au décor quelques photos. On peut reconnaître Arthur Rimbaud, Mick Jagger, Bob Dylan, comme autant de clin d’œil au Chelsea Hotel. Comme une chambre d’enfant que l’on met à son goût, ces photographies nous protègent.

 

Comment vivez-vous cette expérience en tant qu’admirateur de Patti Smith ?

Je me dis, et c’est assez troublant, que l’ombre lumineuse de Patti Smith et de Sam Shepard est avec nous à chaque moment des répétitions et des représentations. Et en même temps, les mots sont tellement puissants que j’aurais pu franchir le pas même sans Patti Smith.

 

A quand un nouvel album ?

Ecrire des chansons me tient en vie. Avec cette pièce, je vais consacrer une année au théâtre. En parallèle, j’écris et je m’apprête à rentrer en studio pour repartir sur les routes en 2015. Je n’aurais jamais passé autant de temps loin de la scène. J’espère être complètement affamé à la fin de cette année. J’aurais le mors aux dents pour repartir en tournée.

 

Cowboy Mouth, actuellement au théâtre de la Gaîté Montparnasse, Paris 14e.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités