Nouveau contrat d'édition, lutte contre le piratage, numérisation des oeuvres indisponibles...: le monde du livre met les bouchées doubles pour s'adapter à l'ère du numérique, défendant par ailleurs un plan de soutien à la librairie, à la veille du Salon de Paris, du 22 au 25 mars.
"Les revenus de l'édition numérique sont en hausse de 7,2%, à 56,8 millions d'euros, représentant 2% du chiffre d'affaires des éditeurs qui totalise près de 4 milliards d'euros", a indiqué mercredi Vincent Montagne, président du syndicat national de l'édition (SNE) et du Salon du livre, qui accueillera 1.200 exposants et plus de 2.000 auteurs porte de Versailles.
Le numérique y sera plus que jamais à l'ordre du jour avec de nombreux stands dédiés, les 10e Assises du livre numérique ou encore le premier Congrès international de l'édition numérique en France.
Les ventes d'ebooks ont progressé en France de 80% entre 2011 et 2012, selon l'institut GfK. Il faut dire qu'elles partaient de très bas...
L'internationalisation du Salon s'affirme aussi: plus de 45 pays y seront représentés aux côtés de la Roumanie, invitée d'honneur, dont 3 auteurs sur les 27 conviés se sont désistés pour protester contre la "situation dramatique de la culture" dans leur pays. Barcelone sera la ville célébrée avec 24 auteurs dont le romancier à succès Carlos Ruiz Zafon.
Près de 200.000 visiteurs s'étaient rendus au Salon en 2012, dont 40.000 jeunes.
"Le livre représente 53% du marché des biens culturels en France", a encore souligné M. Montagne. "Et avec une croissance des cessions de droit en hausse de 2,3% par an depuis 2005 (pour 135 millions d'euros en 2011), il rayonne aussi à l'étranger", s'est-il félicité.
Au rang des grands chantiers du livre, un "accord historique entre auteurs et éditeurs sur la création d'un nouveau contrat d'édition à l'ère du numérique doit être signé jeudi au ministère de la Culture entre le Conseil permanent des écrivains et le SNE", a rappelé M. Montagne.
Solutions collectives anti-pirates
"On ne prétend pas avoir tout résolu", a-t-il admis. "Mais la loi qui sortira, fin juin nous l'espérons, va sceller la refondation de celle de 1957 sur la propriété intellectuelle et redéfinir un code des usages de l'édition. Ensuite, il faudra la mettre en oeuvre..."
Parmi les avancées, le nouveau contrat d'édition, unique, comprendra obligatoirement une partie spécifique pour le numérique. L'auteur pourra par ailleurs résilier l'ensemble du contrat en cas de non-respect des obligations de l'éditeur.
L'éditeur sera aussi tenu d'adresser à l'auteur une reddition des comptes (destinée à l'informer sur l'état des ventes), au moins une fois par an, pendant toute la durée du contrat.
"Cet accord est extrêmement important, notamment parce que les auteurs auront la possibilité, si cela se passe mal, de sortir du contrat", a renchéri Geoffroy Pelletier, directeur général de la Société des gens de lettres (société de protection des droits d'auteurs).
Du côté du piratage, avec quelque 900.000 références et un faible poids des fichiers, le système Hadopi ne peut s'appliquer au livre, a par ailleurs relevé M. Montagne.
C'est pourquoi le SNE va proposer à ses 650 adhérents deux solutions collectives anti-pirates: une version française du portail conçu par son homologue anglais (Copyright infrigment portal) et un outil de veille qui détecte les contenus illicites et envoie une demande de retrait au site concerné.
Autre projet de poids, la réédition électronique des livres indisponibles ouverte par la loi du 1er mars 2012, et baptisée ReLIRE, entre jeudi dans sa phase opérationnelle avec la publication de la première liste d'ouvrages concernés (60.000 titres) qui permettra aux ayants droit de demander éventuellement le retrait de telle ou telle oeuvre.
Par ailleurs, Vincent Montagne a réaffirmé la mobilisation des éditeurs en faveur des libraires afin de défendre la diversité culturelle et souhaité qu'un plan de soutien à la librairie indépendante très fragilisée, dans les tuyaux du ministère de la Culture, soit annoncé au Salon.