Les besoins de surveiller les malades, de placer en quarantaine et de suivre l'évolution de la maladie sur le territoire priment-ils sur le droit au respect de la vie privée des citoyens ?
L'Asie a, depuis janvier, tranché sur ce point en imposant l'idée d'utiliser des applications de géolocalisation et des systèmes contraignants pour stopper la propagation du Covid-19. En Europe et particulièrement en France, la situation est plus délicate, notamment au regard du RGPD et de la surveillance de la Cnil.
Lancée cette semaine et développée en moins de 72 heures par l'agence ITSS, l'application CoronApp est disponible en France pour géolocaliser les porteurs du virus et permettre à leur voisinage ou bien à chaque personne qui sort de chez elle, de savoir si elle risque de croiser le chemin du virus. Les données récoltées sont ici déclaratives, puisque l'application demande en préambule si l'on a déjà été infecté par le Covid-19 ou pas. En proposant de suivre les utilisateurs via la géolocalisation, l'appli est alors en mesure de confronter les trajets pris par les différents utilisateurs. Surtout, ses créateurs affirment qu'ils ne feront pas un usage commercial de ces données et garantissent que toutes les données de géolocalisation seront effacées au bout d'un délai de 14 jours.
Des technologies héritées du système judiciaire
S'il est encore trop tôt pour juger de l'efficacité de ce type d'application, le même type de démarche a pu être utilisé avec «succès», selon les autorités de Corée du sud, notamment. Il est ainsi possible de suivre à la trace les déplacements des personnes qui sortaient des hôpitaux ou bien de savoir où sont les personnes placées en quarantaine à leur domicile après avoir contracté le virus ou avoir été exposées à des porteurs du virus. Une solution qui semble avoir été acceptée par la population dans ce cas exceptionnel, alors que lors d'une situation ordinaire, cette plate-forme aurait pu faire l'objet de recours pour atteinte à la vie privée.
En Chine, Hong-Kong et Taïwan, des solutions plus radicales ont été employées. Ainsi, les personnes placées en quarantaine par les autorités reçoivent notamment des bracelets GPS et un smartphone afin de les surveiller. Si celles-ci s'éloignent de leur zone de confinement, elles sont automatiquement sermonées par le biais d'un SMS d'avertissement.
Une mesure héritée du milieu judiciaire pour les personnes assignées à résidence et qui s'applique par exemple à Hong-Kong pour toute personne arrivant de l'étranger. Sur place, la police va même jusqu'à appeler directement chez elles les personnes en quarantaine afin de vérifier par vidéo ou photo si tous les membres du foyer sont bien présents.
Des QR Codes spéciaux en Chine
L'Empire du Milieu a pris de nombreuses mesures afin de restreindre les libertés de déplacements des citoyens. Les autorités ont ainsi mis en place un système de QR Code avec des couleurs que chaque personnes doit arborer.
Another great use of QR codes to battle #COVID19 in China. This app is the latest development in Shanghai that runs a continuous contagion assessment on you. Green means you can enter, orange or red means you can't enter and you should seek medical experts. #CoronaVirusUpdate pic.twitter.com/uesKff1Bzq
— QRtiger - Best QR Code Generator (@QRtigers) March 20, 2020
Mise au point par Alibaba et Tencent, les géants chinois de la tech, cette application mesure le niveau de risque supposé de la personne. Un QR code vert permet de se déplacer librement, le orange limite les déplacements sous justifcatif, le rouge interdit l'accès à tous lieux.