C'est sans doute l'appli de l'été, mais que fait-elle de nos photos ? Née en Russie, FaceApp permet, grâce à un algorithme, de vieillir nos traits sur la base d'une simple photo. Pourtant, ce logiciel, qui ne remplit pas les normes du RGPD, suscite de nombreuses questions.
Que deviennent les photos ?
C'est la question qui anime tous les débats sur Internet. La société Wireless Lab OOO, éditrice de l'appli et basée à Saint-Petersbourg, n'a pas encore répondu clairement à ce sujet. Néanmoins, les conditions d'utilisation restent très floues quant à l'usage des images que FaceApp collecte. Tout d'abord celles-ci datent de 2017 et ont été écrites avant que le RGPD entre en vigueur en mai 2018. Depuis, elles ne semblent pas avoir été mises à jour.
Lorsque l'utilisateur démarre pour la première fois l'application, celle-ci lui demande d'autoriser FaceApp à accéder à la bibliothèque photo du smartphone. Jusqu'ici rien d'étonnant, puisque cette étape est déjà utilisée par bon nombre d'applications nécessitant d'accéder aux photos, comme Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, Snapchat... Toutefois, les conditions d'utilisations précisent que toute photo peut être utilisée, modifiée, voire exploitée et «affichée publiquement» par la société qui gère FaceApp.
Le site TechCrunch cite la société qui affirme ne conserver la «plupart de ces photos qu'environ 48 heures dans ses bases de données». D'autres peuvent être conservées pour une durée indéterminée.
Toutefois, rien ne dit que WireLess Lab OOO n'en fasse pas usage pour entraîner son intelligence artificelle par le biais du deep learning, technique qui consiste à parfaire une IA en lui faisant digérer plusieurs millions de données. En outre, la société pourrait faire usage de ces photos pour une exploitation commerciale.
A titre de comparaison, Facebook, dans sa politique d'usage des données des utilisateurs précise : « vous accordez une licence non exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour l’utilisation des contenus de propriété intellectuelle que vous publiez sur Facebook ou en relation avec Facebook. » Des conditions assez similaires sont également à retrouver du côté de Snapchat ou Twitter.
A la différence des réseaux sociaux américains, FaceApp précise ce droit à l'usage des images récupéré est «perpétuel», «irrévocable» et «non-exclusif».
Un droit de réclamation... compliqué à faire appliquer
Néanmoins, FaceApp précise qu'une procédure est possible pour obtenir le retrait de ses photos des bases de données. Il faut tout d'abord se rendre dans les paramètres de l'application (icône en forme de roue dentée dans l'appli) et de sélectionner l'onglet «Signaler un bogue». Le premier mot de la réclamation doit comprter le mot «privacy», à écrire en toute lettre, avant de d'expliquer sa demande de retrait des données privées. Reste que, toujours selon Techcrunch, les équipes de WireLess Lab OOO précisent qu'elles sont actuellement «débordées» à ce sujet. Prudence, donc, avant de se lancer dans l'aventure FaceApp.