Une grande enquête de l'Ifop publiée pour la journée de la laïcité à l'école, qui a lieu ce vendredi, pointe l'ampleur des problèmes rencontrés par les professeurs face au fléau de l'emprise religieuse sur certains élèves.
Ce vendredi 9 décembre se tient la journée de la laïcité à l’Ecole de la République. Un événement qui marque l’anniversaire de la loi de 1905 et qui doit permettre aux enseignants d’aborder ce sujet devenu épineux dans de nombreux établissements, comme l’a confirmé une étude de l’Ifop.
Celle-ci indique que 52 % des professeurs se sont déjà autocensurés devant leurs élèves, pour éviter d’aborder un thème pouvant dégénérer. Les contestations pour des motifs religieux sont en hausse depuis 2020, dans tous les domaines, pointe le rapport.
Un tiers des professeurs ont eu des problèmes au moment d’aborder la mixité garçons-filles (+ 9 points), le même ratio à propos de cours sur l’enseignement moral, civique ou sur la laïcité (+ 6 points), 32 % lors de chapitres d’histoire-géographie (+ 8 points) et 29 % en sciences et vie de la Terre (+ 5 points).
Le rapport souligne également que le phénomène d’autocensure est extrêmement présent en zone d’éducation prioritaire (65 %, + 8 points).
La responsabilité du ministère de l'Education nationale posée
Depuis la loi de 2004 sur le respect de la laïcité à l’école, avec l’interdiction de porter le voile ou des signes religieux visibles, 71 % des enseignants du public ont été confrontés à un problème s’y confrontant. Le chiffre est de 47 % si la période d’étude se réduit sur les quinze derniers mois, depuis septembre 2021.
Là encore, les chiffres grimpent lorsqu’il s’agit des zones REP/REP+ (réseau d’éducation prioritaire), avec 80 % de professeurs ayant eu au moins un problème depuis 2004 et 63 % depuis septembre 2021.
L’étude menée par l’Ifop montre que les chiffres officiels de l’administration sont largement sous-estimés, puisque près de la moitié des enseignants (48 %) ont reconnu ne pas faire remonter des cas d’élèves ayant porté des couvre-chefs de nature confessionnelle.
Le ministère de l’Education est en outre sévèrement pointé du doigt par le corps enseignant sur ce problème du religieux à l’école, puisque 77 % des professeurs interrogés estiment qu’il n’a pas tiré d’enseignement de la mort de Samuel Paty, assassiné il y a deux ans. Ils se désolent aussi de «la manière qu’à l’institution de gérer ces faits».
La parution de cette étude intervient alors que le ministère de l'Education nationale a annoncé, que 353 signalements d’atteinte au principe de laïcité ont été recensés dans le second degré en novembre.