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Elodie Frégé, jurée de Nouvelle Star : "J'oublie que c'est une émission de télé parfois"

Elodie Frégé, la nouvelle jurée de Nouvelle Star prend son rôle très à coeur Elodie Frégé, la nouvelle jurée de Nouvelle Star prend son rôle très à coeur[Drius Salimi/Wekapture/Fremantle]

Elle prend la place de Maurane au sein du jury de Nouvelle Star 11è édition (D8), chanteuse révélée par La Star Academy, Elodie Frégé fait preuve d'une main de fer dans un gant de velours. Sexy et mélancolique dans ses chansons, elle révèle aussi un humour que les téléspectateurs ne lui connaissaient pas jusqu'à présent.

 

Est-ce que le fait d’avoir été du côté des candidats dans un télé-crochet, ça vous a encouragée à intégrer le jury de Nouvelle Star?

Non, ce n’est pas ça qui m’a encouragée à y aller. Je suis passée par là et j’en ai fait quelque chose. J’ai ouvert une porte via la "Star Ac" puis je l’ai refermée et après j’ai fait ma route avec tout ce que ça m’avait apporté, en laissant de côté tout ce que ce qui était mauvais ou d’oppressant. C’est un billet comme un autre, et je trouve que je m’en suis bien tirée. Je ne ne me sens pas redevable, parce que finalement, qui envoie sa cassette à 20 ans, perdue au milieu de la campagne, chantant deux chansons et en se présentant un peu maladroitement ? C’est moi. Personne n’est venue me chercher en me disant "il faut que tu le fasses". Enfin si, mes amis (rires). Ils m’ont dit "on va te repérer et tu seras prise"… Moi je ne savais pas à quoi m’attendre en plus. C’était la troisième saison. J’avais vu la finale de la première et commencé un peu à regarder la deuxième. Mais je l’ai fait et je suis bien contente d’en être arrivée où je suis à partir de cet énorme point dans ma vie qui disparaît au loin parce que je m’en éloigne.

 

Ça vous rend plus indulgente d’avoir été candidate ?

Dans tous les cas je sais ce que c’est. Je suis admirative des gens qui se présentent devant nous. Je suis très traqueuse et très émotive et quand j’étais jeune et que je passais des examens de guitare classique, c’était l’enfer. Je tremblais, j’avais des trous de mémoire énormes… Quand j’étais plus petite je ne pouvais même pas aller chercher une baguette de pain ! C’est pour ça aussi que je fais ce métier, parce que j’ai voulu dépasser un handicap qui était énorme. Quand je vois certains chanteurs comme Lana Del Rey, elle est très critiquée par certaines personnes. Pourtant ça se voit qu’elle a peur, et c’est normal lors d’un premier concert. Elle est à l’aise en studio, mais là, il y a des gens devant elle et des musiciens derrière, elle se sent une trop grosse responsabilité. Ça ne veut pas dire que ce n’est pas une artiste. Ça veut dire qu’il faut qu’elle arrive à canaliser son trop plein d’émotion. Moi, je n’arrive toujours pas à faire la première chanson sans trembler. Je pense que je serai comme ça tout le temps et je pense que c’est pardonnable. Ça s’apprend de canaliser cela. On y arrive petit à petit. Du coup quand je vois ces artistes qui se présentent devant nous - artistes ou pas parce qu’il y en a qui veulent juste être célèbres et passer à la télé mais l’élagage est bien fait avant nous donc on a quand même pas trop de cas – je ne sais pas si j’ai été plus indulgente. Je crois que c’est bien de dire "non" à quelqu’un quand vraiment ça ne va pas. Le truc de l’être humain, c’est vraiment d’aider son prochain. Si vraiment on sait que plus tard il ne tiendra pas la route, il faut dire ce qui a été et ce qui ne va pas.

 

Vous prenez des gants ou pas ?

Moi, j’avais peur d’être maladroite, parce que je m’exprime mieux à l’écrit qu’à l’oral et j’avais peur que ça sorte de ma bouche comme des crapauds de contes. Et finalement, je crois que je suis très exigente. C’est André qui me dit ça souvent "Elodie t’es dure !". Mais je suis dure parce que je sais qu’il ne faut pas faire souffrir les gens. Les épreuves du théâtre, c’est très dur et il y a des gens qui ne sont vraiment pas prêts. Ils arrivent là et ils sont déjà au bout du rouleau… Certains passent à travers les mailles du filet parce qu’on sent qu’il y a un vrai talent, qu’il y a une vraie voix, une vraie musicalité. Il faut vraiment bien peser les choses. Quand je dis "non", j’essaye d’être délicate parce qu’on peut nous dire des choses très humiliantes pendant les castings. J’ai senti ça, et je l’ai vu. Il y avait quand même une dimension dramatique avec ces espèces de debriefs le dimanche (dans la Star Academy, ndlr) où Raphaelle Ricci (coach de la Star Ac) devait nous dire des choses. Je ne sais même pas si elle avait envie de dire ça. Elle essayait de dire des choses qui nous marquaient le plus. Parfois ça marchait. Moi, des fois, ça m’a foutu une claque, et puis des fois ça ne marchait pas du tout, je m’écroulais. Je pense qu’il faut  toujours rester exigente mais bienveillante, parce que c’est très facile de bousiller un moment de vie de quelqu’un. Quelqu’un, en plus, qui est peut-être un artiste et donc a peut-être plus de sensibilité, plus de fragilité.

 

Une prestation vous a faite pleurer…

Ils m’ont eue (rires). Je n’ai pleuré qu’une fois je crois mais ce moment-là, c’était très bizarre. En fait je voulais absolument me retenir de pleurer mais plus tu te retiens et plus ça monte… C’est con, j’aurais dû pleurer tout de suite. Cette petite "meuf" qui ressemble à une secrétaire coincée des années 60, elle se met au piano et joue "Desert" d’Emilie Simon. C’est une des chansons que j’affectionne le plus au monde. Je trouve ça très beau et bien écrit. C’est sensuel en même temps, et la candidate arrive et tu ne sais pas qu’elle va te chanter ça. Tu te dis elle va faire un France Gall, ou un truc un peu 90.

 

Si un candidat arrive avec ça, il est recalé tout de suite ?

Non parce que, comme elle avait ce "truc", je pense que je ne l’aurai pas recalée de toute façon. Elle chantait hyper simplement. Elle disait les mots et il n’y avait pas besoin de plus. Il y a des gens qui font plein d’effets, qui changent leurs voix - moi aussi je le fais, c’est intéressant de faire sonner sa voix - mais elle, elle arrive et on dirait qu’elle sort de chez elle et elle fait ça, comme ça. Cette chanson est tellement pleine de mélancolie et d’amour et elle nous la livrée hyper généreusement. Je n’ai pas pu me retenir de pleurer.  Etre aussi simple et aussi intense à 20 ans c’était fou. Pour reprendre une métaphore avec le papier cadeau : parfois il y a des supers emballages, le package total de la Nouvelle Star avec la bonne guitare, les bonnes pompes, la bonne voix parlée et tout, et puis tu déballes le paquet et à l’intérieur il n’y a rien. Elle, c’était un joyau caché dans du papier journal. C’était vraiment intense.

 

On vous connaissait plutôt discrète, et là on découvre que vous avez de l’humour…

Je crois qu’ils (la production, ndlr) m’ont appelée pour ça à la base, une personne de la production savait que j’avais cet humour. Je l’ai développé depuis toute petite parce que je n'avais pas cette plastique-là. Je n’étais pas la plus belle de la famille, j’étais un peu la première de la classe, et un peu le gai luron, je faisais marrer tout le monde. Puis quand tu es adolescente tu veux réussir à être une jolie fille. Du coup j’ai continué à garder ce côté un peu espiègle,  rentre-dedans et plein d’humour je crois. À la fois j’ai compris qui était la femme en moi, il y a donc une sorte de contraste que je ne maîtrise pas trop. Enfin si, quand j ai un coiffeur et un maquilleur, mais sinon je ne maîtrise rien.

 

Qu est-ce que vous attendiez des candidats ?

J’ai tendance à ne rien préparer et ne m’attendre à rien parce que j’ai envie d’être surprise mais surtout parce que je suis flemmarde. Je connaissais l’émission, j’ai vu des images de la dernière saison. D’ailleurs, j’avais tout de suite eu un flash sur Mathieu (le gagnant de la saison 2, ndlr), donc je crois que j’avais quand même le nez. Je ne m’attends pas à un candidat qui soit comme-ci ou comme-ça. Je ne veux pas que la nouvelle star soit comme-ci ou comme-ça… Ceci dit, je veux que quelqu’un arrive avec sa petite bulle, se mette dedans, la fasse grossir et qu’à un moment, ça nous (jurés) mette dedans et que l’on ne puisse plus en sortir ni penser à rien d’autre. Je m’attendais à des gens vrais, des gens épris de musique et de mots aussi, parce qu’il y a pas mal d’auteurs-compositeurs dans les gens qui se sont présentés à nous.  Je voulais la surprise et le déséquilibre. Je voulais être renversée, mais je ne me suis pas dit "il faut qu’il soit rock, il n’y a pas assez de ci, pas assez de ça…" C’est juste que parfois quand j’allume la radio je m’ennuie parce que c’est toujours la même chose, toujours les mêmes personnes qui passe, j’ai l’impression que les programmateurs n’ont pas spécialement d’ambition. Ils ne passent jamais d’artistes en développement. D’ailleurs, j’avais proposé à ma maison de disque qu’ils fassent une antenne spéciale pour les artistes en développement parce qu’ils ne sont pas passés en radio et que c’est dommage.

 

L'émission Nouvelle star est vraiment centrée sur la musique…

Effectivement il n’y a pas de drames, ni de mises en scène avec le grand oncle malade qui arrive sur scène, le chien qui est mort pendant les castings… C’est beaucoup plus brut que ça. Je trouve cette émission assez roots en fait. C’est beaucoup plus proche de nous, de notre ambiance en tournée, en studio… Cela me ramène vraiment à la musique, et j’oublie que c’est une émission de télé parfois. D’autant plus parce que nous quatre sommes des musiciens. On partage des trucs, on joue… Yarol a toujours sa guitare… C’est assez plaisant parce que je n’ai pas l’impression de faire de la télé mais de la musique en fait. En plus, moi, ça m’émoustille de savoir que je vais participer au fait que quelqu'un de nouveau émerge dans le paysage français et que ce ne sera pas un énième machin qui ressemble à truc et que "tiens on va la faire chanter comme Adele et on va même lui mettre le look qui va avec parce qu’on est sûr que ça va marcher". Ça je n’en peux plus, ça m’angoisse.

 

Comment ça s’est passé avec le reste du jury ?

Ça s’est tout de suite bien passé. On est plutôt des bons vivants. C’est vrai que Yarol (Poupaud) est quelqu'un de très animal, très brut de décoffrage. Quand il a envie de dire quelque chose, il le dit tout de suite avec voix, avec force. C’est très honnête. C’est vraiment plaisant d’avoir quelqu’un comme ça à côté de soi et puis c’est un vrai musicien. Il joue régulièrement avec de grands artistes qui savent qu’on peut compter sur lui en tant que musicien. André (Manoukian), c’est une super rencontre. On n’arrête pas de rigoler ensemble. Il est complètement lunaire. Il plane à des kilomètres au dessus de la surface de la Terre, même de la stratosphère. Il est comme ça tout le temps, même hors antenne. De toute façon nous sommes tous égaux à nous-mêmes. On est nature, donc il y a une vraie générosité. Même Mathieu (Sinclair). Il peut paraître froid comme ça parce qu’il est super exigent et qu’il ne supporte pas la fabrication de fausses émotions. Moi non plus je ne supporte pas cela. Quand j’étais obligée de chanter des trucs à la télé, je me disais "ah, là c’est une chanson triste" et j’en rajoutais des caisses. Ça n’a pas marché longtemps parce que ça n’est vraiment pas ma nature (rires). Maintenant, je n’accepte plus de chansons que je ne veux pas chanter. On supporte tous les quatre mal la fabrication d’éléments pseudo-émotionnels. Cela perturbe tout, ça parasite la musique. Même quelqu’un qui chante bien, s’il en fait trop, on n’arrive plus à écouter, on ne voit plus que les gestes et les vibes.  Ce que j’aime bien chez Mathieu, c’est qu’il est intransigeant mais au fond c’est un grand sensible. Je le sens parce je suis une éponge à émotions. Quand je me retourne vers lui, je vois qu’il est fasciné, mais rien ne passe la barrière (rires).

 

Propos recueillis au cours d'une table ronde lors de la présentation à la presse.

Nouvelle Star, D8, jeudi 27 novembre à 20h50.

 

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