A 36 ans, Shelly-Ann Fraser-Pryce, qui fait son retour à la compétition lors des championnats de Jamaïque (6-9 juillet), est encore loin de la retraite et compte bien encore marquer les esprits. Entre les JO de Paris 2024 et le record du monde du 100m, «Pocket Rocket» s’est confiée lors de son récent passage à Paris.
L’âge n’a aucune incidence sur ses envies. Toujours aussi souriante et surtout ambitieuse, Shelly-Ann Fraser-Pryce, présente début mai lors des trophées Laureus (élue sportive de l’année), a évoqué, lors d’une table ronde avec plusieurs journalistes, l’actuelle saison mais aussi l’approche des Jeux olympiques dans la capitale française.
Vous êtes à Paris un an avant les Jeux Olympiques, une compétition que vous aimez tant. Qu’est-ce que cela représente ?
Shelly-Ann Fraser-Pryce : Les Jeux olympiques, c’est un moment tellement incroyable. Vous savez, c'est un moment où tant d'athlètes différents se réunissent pour vivre une expérience passionnante et hors du commun. Je pense que c'est à ce moment que les athlètes élèvent leur niveau. J’aime faire partie de cette expérience parce que je savoure l'opportunité d'être parmi ces privilégiés. Vous avez tant sacrifié, vous vous êtes préparé pendant tant de temps, que vous voulez tout donner lors des Jeux. Et pour moi, ce serait certainement un honneur d'être à Paris, 2024. Mais je ne me projette pas. Je pense toujours année après année pour ma part. Je pense qu’avec l’expérience que j’ai, je prends mon temps et ne pense pas trop loin.
@realshellyannfp reflects on being named the 2023 Laureus World Sportswoman of the Year.
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Qu’est-ce que Paris représente pour vous ?
Shelly-Ann Fraser-Pryce : C’est une ville magnifique. Je n’ai que de beaux souvenirs de Paris. J’ai même une anecdote très particulière. L'année dernière, j'étais venue pour la Diamond League à Paris. Lorsque j’ai couru mon 100m (10’’67), je suis allé chercher mon téléphone pour faire une vidéo. Il y avait des fans à côté et je leur parlais et j'ai laissé mon téléphone sur un poteau. Puis, j’ai quitté le stade pour rentrer à l’hôtel. Et ce n’est qu’à ce moment que je me suis dit : «Où est mon téléphone ?». Je suis retourné au stade (Charléty, ndlr), j'ai essayé d'appeler… Et finalement quelqu'un a répondu et il savait que c'était mon téléphone parce que le fond d’écran était mon fils. Il est venu en Uber pour me l’apporter en pleine nuit. Je lui ai dit : «Oh mec, merci infiniment !». Je n’avais pas les mots. Combien de chance j’avais de retrouver mon téléphone dans un stade ? Finalement, on s’est revenu lors d’un meeting à Monaco et je lui ai donné une paire de pointes signées. Avec ce type de souvenirs, forcément, on a envie de revenir.
Vous avez disputé quatre Jeux Olympiques (2008, 2012, 2016, 2021). Quel est votre meilleur souvenir ?
Shelly-Ann Fraser-Pryce : Je pense que mon meilleur souvenir de la cérémonie d'ouverture remonte à 2008 à Pékin. C'était un moment tellement surréaliste. Il s’agit de mes premiers jeux. J'étais juste excitée d'être aux Jeux olympiques. Vous en entendez parler tout le temps et j'étais enfin là. Voir tous les athlètes défiler et s'amuser, c’était magique. J'ai passé un si beau moment.
Je me sens bien dans ma peau avec ce don que Dieu m'a donné
A Paris, la cérémonie d’ouverture sera inédite puisqu’elle se déroulera sur la Seine…
Shelly-Ann Fraser-Pryce : C’est vrai ? Je n’étais pas du tout au courant ! Ce sera donc sur des bateaux ? Bon, je dois être franche, je n'aime pas l’eau. Je n’aime pas me baigner et je ne sais pas nager. Mais en tout cas, j’ai vraiment hâte d’y être. Ce sera incroyable, c’est certain. C'est bien pour nous en tant qu'athlètes de vivre des expériences différentes.
L’an dernier, vous avez couru en 10’’6. Quel est l’objectif cette année ?
Shelly-Ann Fraser-Pryce : Je pense qu'après l'année dernière, être capable de courir régulièrement en 10’’6 était tout simplement époustouflant. C'est quelque chose dont je rêvais toute ma vie. Tout était bien. Je veux courir plus vite cette année. J’aimerais bien passer aux 10’’5 ou plus rapide. C'est ce que je recherche. C’est le but. C'est le plan. C'est le rêve. Je travaille pour et si Dieu le veut, j’aurais des grands moments cette année.
Pensez-vous pouvoir battre le record du monde* ?
Shelly-Ann Fraser-Pryce : Si je suis honnête, je pense que oui, j'en suis capable. Je pense qu'il faudra avoir une très bonne exécution, être technique et juste s'assurer où que ce soit, que l'ambiance soit bonne. Vous savez, tout doit être dans une parfaite synergie pour que cela se produise. Mais je crois vraiment que c'est possible. En se basant uniquement sur la mécanique de tout et sur la façon dont je gère mes 10’’60, il reste encore tellement de travail à faire.
Vous êtes un véritable modèle pour les femmes. Quel message leur transmettez-vous ?
Shelly-Ann Fraser-Pryce : Le message que je veux vraiment faire passer aux athlètes féminines, c’est est qu'il n'y a rien de mal à être forte. Il n'y a rien de mal à être compétitive, féroce et à vouloir gagner. Et il n'y a certainement rien de mal à le dire aussi. C'est quelque chose qui a changé. Dans le passé, j'avais peur de parler ouvertement des choses que je voulais accomplir. Parce qu'en tant que femmes, on nous dit : «Oh, sois juste mignonne, et cours juste et sois belle et peu importe.» Mais maintenant je suis bien dans ma peau avec ce cadeau, ce don que Dieu m'a donné. Et je m'assure d'exprimer cela d'une manière authentique.
*Le record du monde est détenue par l’Américaine Florence Griffith-Joyner avec un temps de 10’’49 réalisé le 16 juillet 1988 lors des quarts de finale des sélections olympiques américaines d'Indianapolis, aux États-Unis.