La déception a laissé place à la résignation. Victime d’une série d’avaries, Jérémie Beyou a fait demi-tour pour rentrer aux Sables d’Olonne afin de procéder aux réparations. Mais il pourrait ne pas en repartir et abandonner.
Le choc est dur à encaisser. Troisième de la dernière édition, le skipper breton était présenté comme l’un des favoris de ce tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance. Mais seulement 48h après le départ, il a vu ses chances de victoire partir en fumée après avoir rencontré divers problèmes sur son Imoca Charal.
Attendu samedi matin au port de départ, et alors qu’il a jusqu’à mercredi 14h20 pour repartir, il n’est pas certain de reprendre la mer. «Là, je ramène le bateau et je verrai après. Je ne sais pas, je n’en sais rien», a-t-il lâché lors d’une vacation avec le PC du Vendée Globe.
Et ses déboires ne sont pas les seules raisons qui pourraient l’inciter à rester à quai. L’état de santé de son père le préoccupe et risque de faire pencher la balance au moment de prendre la décision finale. «Mon papa est parti à l’hôpital, il a eu un AVC une semaine avant le départ, j’ai complètement occulté tout ça. Forcément là, ça m’éclate un peu à la figure», a-t-il lâché, forcément touché et désabusé.
Pendant quatre ans, Jérémie Beyou avait tout mis en œuvre pour concrétiser son rêve avant qu’un problème de safran endommagé, après avoir heurté un Ofni, et des soucis importants dans le mât ne viennent tout gâcher. «Il y a pire quand on pense aux événements qui nous entourent. Maintenant, quand tu es sportif de haut niveau, tu ne vis qu’au travers de ton objectif. Depuis quatre ans, je vis dans l’objectif d’essayer de gagner le Vendée Globe. Je suis à 100% là-dedans, je ne vois rien de ce qui existe autour. Quand ça s’arrête comme ça, brutalement, c’est super violent», a déclaré le marin, qui n’a pu cacher sa désillusion.
Ce travail et cette préparation de longue haleine l’ont incité à tenter de procéder aux réparations lui-même, mais les dégâts étaient importants et il a dû se résigner à rebrousser chemin. «C’est pour ça que j’ai mis tant de temps à faire demi-tour, j’aurais probablement dû faire demi-tour tout de suite, parce que d’aller passer le front avec le bateau dans cet état, forcément ça a fait d’autres dommages collatéraux mais je ne pouvais pas y croire, a-t-il expliqué. Le réveil est un peu dur.» Et il lui faudra sûrement du temps pour digérer ce qui s’apparente à un cauchemar.
Ce matin, nous avons contacté @JeremieBeyou en visio pour qu'il revienne sur ce qu'il s'est passé à bord de Charal et sur sa décision de faire route vers les Sables d'Olonne
Vidéo https://t.co/KCP5YusHCj#VG2020— Vendée Globe (@VendeeGlobe) November 12, 2020