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Sarah Boudaoud, passements de jambes à l’Assemblée nationale

Sarah Boudaoud possède un profil des plus originaux. [Said El Abadi]

Footballeuse en 1re Division à Issy-les-Moulineaux, étudiante en master et attachée parlementaire à l’Assemblée nationale, Sarah Boudaoud possède un profil des plus originaux avec un emploi du temps chargé mais avec lequel elle jongle à merveille.

Caler un entretien avec Sarah aurait pu être chose très complexe au vu de son agenda. Entre ses obligations professionnelles et le football, il est difficile de s’y frayer un chemin. «Tous les soirs, c’est entraînement et le samedi, c’est match. Ensuite, la journée, je m’occupe de mes activités entre les cours et mon rôle d’attachée parlementaire. Au final, ça ne me laisse pas beaucoup de temps», sourit cette native de Bron, en banlieue lyonnaise.

C’est finalement en pleine semaine, à proximité du Palais Bourbon, sous l’un des derniers soleils radieux de septembre, que le rendez-vous a été trouvé avec la latérale droite d’Issy. Et c’est sur sa trottinette – qu’elle adore utiliser pour se balader dans les rues de Paris –, qu’elle nous a rejoint avec un large sourire que l’on aurait imaginé ne pas voir avec toute sa charge de travail.

Mais que nenni, cette diplômée de Sciences Po Paris en management et affaires publiques, qui suit un second master en finance et stratégie, et qui vient de souffler ses 24 bougies, aime sa vie et ne l’échangerait pour rien au monde.

«Mon emploi du temps est évidemment compliqué mais ça se manage, nous explique la latérale droit du GPSO 92 Issy, club promu en D1 féminine. Mes entraînements sont calés le soir. La journée, je manage entre les cours et l’Assemblée Nationale. Globalement, il ne me reste pas beaucoup de temps.» Et le dimanche alors ? «C’est ma journée ‘off’ pour rattraper ce que je n’ai pas fait pour le travail, souligne Sarah Boudaoud. Mais je prends tout de même le temps de me reposer.»

La vie ne s'arrête pas à 30 ans, il faut penser à l'après-carrièreSarah Boudaoud

Affolant ? Non, il suffit de remonter dans sa jeunesse pour s’apercevoir qu’elle a toujours été une «pile électrique». A 9 ans et demi, elle commence le football du côté de l’ASPTT Bron. «J’étais avec des garçons, j’étais la seule fille du club, se souvient-elle. J’ai fait un an avec eux. Ça m’a réellement initié au foot.»

A peine une saison avec Bron que l’Olympique lyonnais, pointe le bout de son nez à la fin d’un match et lui demande si elle veut rejoindre le grand club de Jean-Michel Aulas. «On a joué contre l’Olympique lyonnais, et à la fin du match, le coach de l’OL me demande si je veux rejoindre le club», évoque l’adepte du «double-contact» et qui aimerait aussi réaliser des contrôles «porte-manteau» comme ceux de Zinédine Zidane à l’époque.

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Seulement, il y a un hic. «J’étais confuse parce que j’avais conclu un pacte avec mes parents et ma maman notamment pour faire du foot seulement un an, raconte-t-elle en souriant encore. C’est vrai qu’il y avait plusieurs clichés. Le foot était considéré comme un sport de garçons, un peu dangereux qui nous empêche de grandir, et ma maman préférait que j’aille vers d’autres sports. Du coup, elle m’a dit de faire un an de foot. Sauf qu’à côté de ça, elle m’a inscrite au judo, à la natation et à l’athlétisme. Son objectif était de me faire passer l’envie.»

Cela n’aura pas eu l’effet escompté par «maman Boudaoud» qui, finalement, lui laissera l’opportunité de poursuivre sur cette voie. «Mais grâce à l’athlétisme et la natation, j’ai aujourd’hui une des meilleures VMA (vitesse maximale aérobie) de l’équipe», souligne-t-elle. Comme quoi l’instinct maternel est toujours bon à suivre.

Professionnalisation et exemplarité des joueuses 

Elle a d’ailleurs montré son talent tout au long de son passage à l’OL, des «Benjamines» aux «U19 nationaux» mais aussi lors d’entraînements avec le groupe pro. Si, entre temps, elle a malheureusement connu une grosse blessure au ligament croisé, Sarah, qui était en même temps au pôle espoir de Vaulx-en-Velin, a su revenir et après avoir brillamment décroché son baccalauréat, elle est prise à Sciences Po Paris.

Obligée de quitter Lyon pour ses études, elle a dû trouver un club à la hauteur de ses ambitions en région parisienne. Une bonne nouvelle, le club d’Issy, qui venait de monter en D1, était à la recherche de joueuses à fort potentiel et avec son expérience lyonnaise, elle était la recrue idéale. Depuis, elle a connu le mauvais (une descente), le très mauvais (une nouvelle blessure) mais surtout le très bon (une remontée en D1).

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Aujourd’hui, l’assistante parlementaire (depuis un an et demi), qui a eu pour modèles, lorsqu’elle était encore à l’OL, Juninho (ancien joueur et désormais directeur sportif du club lyonnais) et Karim Benzema (pur produit lyonnais qui brille au Real Madrid), a pour objectif majeur cette saison le maintien de son club en D1. Elle espère ensuite pouvoir retrouver la sélection algérienne, qui l’a convoquée en début d’année. Le rêve de disputer une Coupe d’Afrique des nations et ensuite une Coupe du monde lui trotte dans l’esprit.

Pour le reste, celle qui a deux petites sœurs et un petit frère aimerait aussi pouvoir goûter à une «année complète de foot.» «Vivre comme une athlète à 100% pour une saison seulement, j’aimerais bien y goûter, explique Sarah. A l’étranger ? Ca me plairait. Le club d’Orlando me donne envie. Pas sur le long terme car j’aime trop ce que je fais à côté. J’ai des ambitions de carrière professionnelle hors foot qui sont grandes aussi.»

Car si elle aime jouer au football depuis sa plus tendre enfance, Sarah Boudaoud sait qu’il faut penser à l’après-carrière. Ses parents, professeurs, lui ont toujours inculqué le fait que l’école était primordiale. Et c’est d’ailleurs, le message qu’elle souhaite transmettre aux jeunes filles désireuses de se lancer dans le football. «Une carrière peut être longue mais elle peut aussi s’arrêter tôt avec les blessures. Et de manière générale, ça s’arrête aux alentours des 30 ans, rappelle l’attachée parlementaire, soutenue par son député qui ne manque pas de lui demander les résultats de ses rencontres. Mais la vie, elle, ne s’arrête pas à 30 ans. Donc il faut penser à l’après carrière. Il ne faut pas négliger les études. Il faut avoir quelque chose derrière pour savoir rebondir post-carrière.»

En ce qui concerne le football féminin, Sarah Boudaoud, très impliquée dans le développement du sport chez les femmes, est satisfaite de l’évolution de son sport. «On est sur la bonne voie, on se professionnalise de plus en plus, se réjouit-elle. On a une vraie augmentation du nombre de licenciées notamment grâce à la Coupe du monde. On voit aussi beaucoup plus de footballeuses à la télévision, c’est une bonne chose. Maintenant, il faut aussi essayer de ‘professionnaliser’ l’image des joueuses. Nous devenons des personnalités publiques, il faut savoir utiliser les réseaux sociaux notamment pour donner l’exemple aux jeunes joueuses.» Exemplaire, le parcours de Sarah Boudaoud l'est assurément.

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