Un maillot apparaît au plafond, floqué d'un numéro 9 que personne d'autre ne portera, fixé par son propriétaire au sourire d'enfant, contenant ses larmes malgré l'émotion et la fierté : Tony Parker est entré lundi dans le panthéon des San Antonio Spurs.
«Merci, San Antonio. Ca fait du bien d'être à la maison. Ici ce sera toujours la maison pour moi. C'est très émouvant», a déclaré le Français qui avait souhaité que le retrait de son maillot, acte honorifique suprême dans les franchises NBA, ait lieu en ce 11 novembre marquant la fin de la Première guerre mondiale.
«Mon père est américain. Mon grand père maternel a eu la 'Purple Heart' (une médaille militaire américaine). Il faut saluer tous les vétérans», a-t-il embrayé, avant de remercier l'assemblée : son épouse, ses deux enfants Josh et Liam, son ancien entraîneur Gregg Popovich et ses anciens coéquipiers David Robinson, Bruce Bowen, Tim Duncan, Manu Ginobili aux maillots déjà retirés.
Avec Duncan et Ginobili, il a formé un des «Big 3» les plus talentueux de l'histoire couronné de quatre titres de champion (2003, 2005, 2007, 2014) Et le voilà donc membre à leur côté du club très fermé des immortels des Spurs, avec également Johnny Moore, Avery Johnson, James Silas, Sean Elliott et George Gervin.
La cérémonie, en présence de nombreux amis de «TP» parmi lesquels les frenchies qui lui ont emboîté le pas en NBA, Boris Diaw, Nicolas Batum, Ian Mahinmi, Ronnie Turiaf, s'est déroulée juste après la défaite des Spurs face à Memphis (113-109).
«Le plus chanceux des hommes»
Comme imaginé, compte tenu de leur relation très forte, Gregg Popovich a tenu un discours des plus émouvants, mais pas dénué d'humour.
«Je veux m'excuser pour les abus physique et moraux que je t'ai faits subir... Mais la vérité, c'est que j'ai été le plus chanceux des hommes de te faire jouer et de te voir à présent entrer au panthéon de la gloire (des Spurs). Tu as rendu ma vie plus riche», a dit «coach Pop» devant un Parker aux yeux embués.
En 17 ans sous le maillot de San Antonio, TP9 a disputé 1198 matches cumulant 15,8 points, 2,8 rebonds et 5,7 passes décisives de moyenne. Et s'est bâti un palmarès étourdissant: outre ses quatre bagues de champion, il a été MVP des finales 2007, sélectionné six fois au All-Star Game.
Pas mal pour le gamin de 19 ans et 173 jours devenu le 6 novembre 2001, contre Orlando, le plus jeune meneur de jeu titulaire de l'histoire de la NBA.
«Son niveau de maturité était hors norme. Il comprenait tout ce qu'il devait faire, ce que nous attendions de lui. Il s'est amélioré encore et encore, endurci encore et encore. Il a été vraiment remarquable», avait salué Popovich dans une vidéo diffusée avant la cérémonie.
«Merci Tony»
Dans un AT&T Center où chacun avait revêtu un t-shirt noir à son effigie, avec écrit en lettres argentées «Merci Tony» en français, d'autres enregistrements ont été entendus de la part de Teddy Riner, du pilote de F1 Charles Leclerc ou encore du pivot espagnol Pau Gasol.
«Je ne peux pas croire que ton maillot va être retiré. Des choses dingues comme ça n’arrivent normalement pas. Tu le mérites, félicitations, je suis si heureux d’être là pour toi», a ainsi déclaré son ami Thierry Henry.
La star actuelle des Bleus Kylian Mbappé a lui salué «une légende du sport français», quand son aîné Zinedine Zidane évoquait «l’un des premiers qui a réussi aux Etats-Unis, un exemple et une référence pour tous les gamins qui voulaient réussir dans le basket».
Même le rappeur Snoop Dogg, pourtant fan inconditionnel des Los Angeles Lakers, s'y est plié : «TP9 ! Félicitations mec, tu sais que je t’aime mec. Meneur des Spurs pour la vie ! Big Snoop Dogg te kiffe Tony !».
Le mot de la fin fut pour le héros du soir. «A 19 ans, j'ai joué un de mes premiers matches contre les Lakers de Kobe Bryant et Shaquille O'Neal. Et vous criiez 'Go! Spurs Go !'. Alors, avant de partir, je voudrais que vous le refassiez», a demandé Parker aux fans des Spurs.
Voeu exaucé, hommage mérité.