Toulon, Paris, La Rochelle, Toulouse : quatre grosses écuries du Top 14 démarrent la saison 2018-2019 samedi avec un encadrement chamboulé avec l'objectif de succéder à Castres, champion surprise en juin et qui entend offrir une apothéose à son manager Christophe Urios.
Le Top 14 débute alors que l'avant-saison a été endeuillée par la mort du jeune centre d'Aurillac (D2) Louis Fajfrowski, 21 ans, lors d'une rencontre préparatoire.
Ce décès, dont les causes exactes n'ont pas encore été établies, est intervenu alors que World Rugby a accédé à la requête de la Ligue et de la Fédération d'autoriser quatre changements supplémentaires sur blessure par équipe, en plus des huit traditionnels, afin de protéger la santé des joueurs. Une donnée nouvelle que les entraîneurs de l'élite vont devoir assimiler sans délai.
Paris et Toulon, grosse mise
La valse des entraîneurs a donc animé l'été ovale. Au Stade Français, Heyneke Meyer est paré. Avec cinq entraîneurs adjoints, dont trois ex-internationaux (Paul O'Connell, Pieter de Villiers, Julien Dupuy), l'ancien sélectionneur des Springboks dispose d'une armée de techniciens et d'un vestiaire renforcé (Maestri, Fickou, Sanchez) pour «rendre sa gloire d'antan» au club parisien, selon les voeux du richissime propriétaire Hans-Peter Wild.
Mais une addition de noms ne fait pas une équipe et il n'est pas assuré que la sauce sud-africaine prenne dans un club à forte identité locale. C'est aussi le danger qui guette Patrice Collazo, de retour dans sa formation d'origine, Toulon, après sept ans passés à La Rochelle.
Un pari risqué : le président Mourad Boudjellal, qui a usé quatre entraîneurs en deux ans, a fait payer à Fabien Galthié l'échec en barrage face à Lyon. Pour faire le lien entre Collazo, connu pour son intransigeance, et le vestiaire, deux joueurs historiques du RCT, Juan Martin Fernandez Lobbe et Sébastien Tillous-Borde, tentent l'aventure comme adjoints.
L'effectif a été bien chamboulé aussi, notamment chez les trois-quarts : Ma'a Nonu a décidé de quitter le navire, tandis que Semi Radradra (UBB) et Chris Ashton (Sale) sont partis voir ailleurs. Des départs que vient compenser un certain Julian Savea, le marqueur d'essais le plus efficace de l'histoire des All Blacks (46 en 54 tests).
La Rochelle et Castres, le jour d'après
Nul doute que la démission de Collazo, en conflit avec ses adjoints, a laissé un grand vide à La Rochelle. Si Xavier Garbajosa a remporté le bras de fer auprès du président Vincent Merling, il doit maintenant assumer en tant que N.1 intérimaire en attendant l'arrivée du futur manager Jono Gibbes en novembre. Sa mission sera d'éviter au club un déclin aussi rapide que l'ascension qu'il a connue ces dernières saisons.
Il y a du changement aussi à Toulouse, même s'il est moindre : l'entraîneur en chef Ugo Mola sera désormais flanqué de l'ancien flanker Régis Sonnes, de retour d'une expérience dans le rugby scolaire et universitaire en Irlande. Suffisant pour conquérir enfin un titre après 7 années de disette ? L'arrivée du vétéran néo-zélandais Jerome Kaino (35 ans) et le retour de Maxime Mermoz semblent un peu maigres pour compenser les nombreux départs (Maestri, Doussain, Fritz, Fickou, David, Mjekevu).
Au milieu de ce ballet de valises et de cartons, Castres est un village qui résiste encore et toujours à l'instabilité. Sauf que Christophe Urios, quelques semaines seulement après avoir offert au CO le bouclier de Brennus, a annoncé son départ à la fin de la saison.
Comment son groupe va-t-il gérer cette perspective et surtout son statut de champion ? Avec les mêmes recettes : le collectif érigé en valeur suprême, beaucoup de cohésion et une absence de complexe face aux poids lourds.
Un revenant nommé Goosen
Montpellier et le Racing 92, victimes des Tarnais en phase finale, seront revanchards et visent plus que jamais le titre. Le MHR n'a pas fait de vagues cet été, contrairement au précédent marqué par l'affaire du contrat entre son président Mohed Altrad et celui de la Fédération Bernard Laporte, et l'arrivée de Johan Goosen est presque passée inaperçue.
L'arrière sud-africain, élu meilleur joueur du Top 14 en 2016, avait pourtant fait grand bruit en claquant début 2017 la porte du Racing pour retourner au pays, affirmant vouloir arrêter le rugby.
Dans les Hauts-de-Seine, Jacky Lorenzetti s'est résigné à ne pas le voir revenir en échange d'un gros chèque. Qui a servi à renforcer l'équipe, notamment à l'ouverture où, avec le départ de Dan Carter et la blessure de Pat Lambie, l'Ecossais Finn Russell sera en première ligne.
Deux bastions du rugby français sont attendus au tournant: le début de saison permettra de savoir si Clermont, champion 2017, a tourné la page d'une saison noire (9e), et si Perpignan, promu après quatre années de purgatoire, peut rapidement redevenir un cador du plateau, dix ans après son dernier titre (2009).