Déjà ciblé par d’insistants soupçons de corruption dans l’attribution de la Coupe du monde 2022, le Qatar est au cœur de nouvelles révélations fracassantes qui risquent de faire l’effet de plusieurs bombes à fragmentation.
Le quotidien allemand Bild publie en effet, à partir de ce mardi, un rapport de quatre cents pages réalisé par Michael Garcia, ancien président de la chambre d’instruction du comité d’éthique de l’instance internationale de football. Au cœur de cette longue enquête, l’octroi, pour la première fois, de l’organisation d’un Mondial de football à la pétromonarchie du Golfe.
Et pour séduire les membres de la Fifa chargés de désigner le pays organisateur de la compétition, le Qatar n’y serait pas allé par quatre chemins et n’aurait pas hésité à faire usage de pratiques illicites. Parmi elles, le versement supposé de deux millions de dollars à la fille de 10 ans d’un membre de la Fifa fait scandale. «Deux millions de dollars de provenance inconnue ont en outre atterri sur le livret d'épargne de la fille de 10 ans d'un membre de la Fifa», affirme le journal allemand
Bild raconte par ailleurs comment trois membres exécutifs de la Fifa disposant d'un droit de vote, ont emprunté un jet privé de la Fédération qatarie de foot pour aller participer à une fête à Rio. Le tout quelques jours seulement avant le vote pour l'attribution de la Coupe du monde. Directement mise en cause tout au long du rapport Garcia, «Aspire Academy», plus grand centre sportif du monde basé au Qatar, aurait «été impliqué de manière décisive dans la manipulation des membres de la Fifa disposant d'un droit de vote», croit par ailleurs savoir Bild.
Un rapport jamais rendu public
Le rapport sur lequel s’appuie la presse allemande est un document interne à la Fifa remis en septembre 2014. Il est le fruit d’un long travail d’investigation mené sous la houlette de Michael Garcia, ancien président de la chambre d’instruction du comité d’éthique de l’instance internationale de football. Jusque-là, la Fifa s’est toujours refusée à le dévoiler publiquement.
Pire encore, elle avait fait publier, par l’intermédiaire de Hans-Joachim Eckert, président de la chambre de jugement de la commission d'éthique, une synthèse de l’étude omettant de mentionner des irrégularités majeures révélées et concluant qu’il n’y avait pas lieu de remettre en cause l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Michael Garcia, ancien procureur fédéral américain, avait dans la foulée présenté sa démission, estimant qu’«aucun comité de gouvernance indépendant, aucun enquêteur, ni aucun comité d'arbitrage ne peut changer la culture d'une organisation».