Si le terme «astronaute» est étymologiquement correct pour désigner un membre d'équipe de navette spatiale, d'autres appellations, moins utilisées, existent. Mais quelle est la bonne ?
C'est une petite bataille linguistique. Depuis des décennies, par facilitation, nous appelons «astronautes» les personnes qui montent à bord d'un véhicule spatial. Thomas Pesquet, Youri Gagarine, Neil Armstrong, tous sont désignés ainsi.
Pourtant, des subtilités existent : taïkonaute, cosmonaute, spationaute ou vyomanaute. Si la terminologie est la même pour tous ces noms, la racine définit les nationalités de ces aventuriers de l'espace. Et pour mieux comprendre, il faut se replonger dans l'histoire de la conquête spatiale.
Bataille symbolique et linguistique
A l'orée des années 1960, les Etats-Unis et l'URSS s'affrontent de manière idéologique et indirecte durant la Guerre froide. L'objectif est, pour chacun des deux camps, d'imposer sa vision du monde, entre libéralisme économique d'un côté et communisme de l'autre. Parmi les champs de bataille qui ont marqué ce conflit, l'espace a occupé une place majeure.
Earthset. @NASA_Orion captured this shot of Earth “setting” while the spacecraft passed close to the Moon. Nearly 270,000 miles (430,000 km) away, #Artemis I will soon surpass Apollo 13’s record-setting distance from Earth in a spacecraft designed to carry astronauts. pic.twitter.com/lvDS7nGPRo
— NASA (@NASA) November 21, 2022
Les premiers à dégainer sont les Soviétiques, en faisant de Youri Gagarine le premier homme à effectuer un vol dans l'espace le 12 avril 1961. Pour désigner leur héros national, le terme «kosmonavt», traduit en français par cosmonaute, est choisi par l'Agence spatiale fédérale russe (Roscosmos). Il trouve son origine du grec «kosmos», qui signifie univers et «nautes» voulant dire navigateur.
De leur côté, les Américains réussissent, avec la désormais célèbre mission Apollo 11, à faire poser une navette sur la lune. Neil Armstrong devient le premier homme à fouler le sol lunaire le 21 juillet 1969. «Un petit pas pour un homme, mais un bond de géant pour l'humanité», raisonne aujourd'hui dans tous les cours d'histoire.
Cet acte de bravoure est devenu le symbole de la victoire étasunienne sur la conquête spatiale. Et comme ce sont les vainqueurs qui écrivent l'Histoire, la dénomination «astronaute» est entrée dans le langage courant pour nommer ces pilotes.
Qu'en est-il des autres pays ?
Si la supériorité américaine était plutôt entendue à la fin des années 1960, les autres pays du monde eux aussi avancés dans l'aérospatial ont souhaité créer leur propre nom.
Lancez-vous vers le week-end avec quelques photos spectaculaires du lancement historique d’Artemis par @erikkuna @Booster_Buddies @johnkrausphotos @SuperclusterHQ @TrevorMahlmann @LaunchPhoto pic.twitter.com/LZYUx5Adsz
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) November 18, 2022
L'Agence spatiale européenne (Esa) parle ainsi de «spationaute», troquant le grec pour le mot latin désignant l'espace, «spatium». Par la suite, les pays asiatiques émergents sont rentrés dans la course à la technologie et ont également créé une locution spécifique au pays d'origine.
Un astronaute chinois se nommera ainsi «tàikōngrén» ou «taïkonaute» dans la langue de Molière, contraction de «tàikōng» (espace) et «rén» (homme). Enfin, l'Inde s'est dotée de l'appellation «व्योमन्», qu'on traduira par «vyomanaute», issu du sanscrit «vyoman» signifiant ciel. Même si, à cette heure, aucun Indien n'est allé dans l'espace, le pays prévoit d'en envoyer dès 2023.
Le futur étant toujours orienté vers l'immensité de l'univers, d'autres pays pourraient former de nouveaux pilotes spatiaux et, par tradition, créer eux aussi un terme les désignant.