Il y a quelques jours, la mission Dart de la Nasa a réussi à dévier l’astéroïde Dimorphos de sa trajectoire, laissant place désormais à la mission Hera de l’Agence Spatiale Européenne, qui sera lancée en octobre 2024 pour inspecter les dégâts à la surface de l'objet céleste. Pour CNEWS, le scientifique Ian Carnelli est revenu sur les enjeux de cette mission.
Ce n’est pas Hollywood, c’est la Science. Samedi 15 octobre, les amateurs de l’espace se sont donnés rendez-vous à la Cité des Sciences et de l’Industrie, située dans le 19e arrondissement de Paris, pour une conférence exceptionnelle consacrée à la déviation des astéroïdes.
Sur place, plusieurs «acteurs scientifiques» étaient présents dont Ian Carnelli, responsable de la mission Hera, Naomi Murdoch, membre des équipes des missions Dart et Hera ou encore Olivier Barnouin, responsable de l’imagerie de proximité de l’équipe Dart.
Cette dernière, digne d’un roman de science-fiction, a réussi à dévier un astéroïde de sa trajectoire, permettant à l’humanité d’apprendre à se protéger d’une éventuelle menace future. Un objectif pensé par la Nasa et l’Agence Spatiale Européenne (ESA) sous le nom de missions Dart et Hera, une mission de défense planétaire contre de possible impact d’astéroïdes.
«Cela fait 17 ans que l’on travaille sur un système de défense qui est basé sur deux missions indépendantes mais complémentaires. La première mission (DART : NDLR) consiste à envoyer une sonde qui s’écrase sur un astéroïde et change sa trajectoire. La deuxième sonde (Hera : NDLR) arrive après l’impact pour étudier tout ce qui s’est passé et recueillir les données scientifiques nécessaires pour extraire les résultats de cet impact», a expliqué Ian Carnelli, responsable de la mission Hera, à CNEWS.
«L’impact de la mission Dart a eu lieu il y a quinze jours, c’était magnifique et incroyable. Hera va être lancée en octobre 2024 et va rejoindre l’astéroïde Didymos [le grand astéroïde autour duquel tourne Dimorphos, Ndlr] en décembre 2026», a-t-il ajouté.
Si l’appareil de la Nasa a accompli avec succès sa mission en changeant la trajectoire de l’astéroïde Dimorphos, Hera souhaite désormais étudier la composition, la forme, la dynamique et la structure interne de la cible.
«On va faire comme un rayon X de l’astéroïde grâce à un radar de basse-fréquence qui est conçu en France, à Grenoble. Pour la première fois, on va essayer de comprendre si les astéroïdes ont des creux à l’intérieur ou sont des roches monolithiques (…) Aujourd’hui, la sonde Hera est en phase d’assemblage dans 17 pays européens», a expliqué Ian Carnelli.
95% des astéroïdes de grande taille connus par les scientifiques
La déviation d’un astéroïde dépend de plusieurs facteurs et les moyens utilisés pour atteindre ces objectifs sont différents.
«On peut dévier un astéroïde de plusieurs façons, en fonction de leur taille et du temps de préavis que l’on a. Pour les astéroïdes de petite taille dont on sait qu’ils vont impacter la terre d’ici quelques jours, voire quelques mois, on ne peut pas faire grand-chose sauf les monitorer et informer la population de la zone d’impact pour évacuer», nous a expliqué Ian Carnelli.
«Dans le cas où on aurait affaire à un astéroïde énorme, la technique serait d’utiliser une bombe nucléaire, non pas pour détruire l’astéroïde en question, mais plutôt pour utiliser sa chaleur pour faire évaporer du matériel de la surface et utiliser cette évaporation comme un engin qui pousse dans la direction opposée», a dit le responsable de la mission Hera.
Aujourd’hui, plus de 95% des astéroïdes de grande taille sont connus par les scientifiques grâce à un réseau de télescopes dans la planète entière, qui scrutent le ciel tous les jours.
«Il n'y en a aucun qui frappera la Terre dans les siècles à venir. La communauté scientifique se focalise sur les astéroïdes de petite taille, comme Didymos, parce qu’ils ne reflètent pas beaucoup de lumière du Soleil et sont difficiles à détecter», a prévenu Ian Carnelli.