WASP-103b n'est pas une exoplanète comme les autres. Découverte par le satellite d'observation Cheops, elle présente une forme singulière, qui n'est pas sans rappeler celle d'un ballon de rugby. Repérée à 1.800 années-lumière du système solaire, WASP-103b est située dans la constellation d'Hercule.
La déformation de cette exoplanète est due à l'effet d'attraction causé par la proximité avec son étoile.
Or, l'équipe d'astronomes de l'Université de Porto, dirigée par Susana Barros, astrophysicienne portugaise, cherchait justement à étudier ce phénomène.
Leurs observations ont donné lieu à une étude, publiée mardi 11 janvier dans la revue Astronomy & Astrophysics.
#Communiqué | La mission #Cheops de l'@esa a révélé qu'une exoplanète, orbitant autour de son étoile hôte en une journée, a une forme non sphérique, proche de celle d'un ballon de rugby.
https://t.co/Ua1QNBreSI pic.twitter.com/rjHoRSJaUo— CNRS (@CNRS) January 11, 2022
Jacques Laskar, co-signataire et astrophysicien à l'Observatoire de Paris-PSL, explique que le groupe de scientifiques cherchait à «savoir si on pouvait détecter la forme d'une planète par l'observation de sa courbe de transit».
Cette dernière fait référence aux variations de la luminosité d'une étoile lorsqu'une planète passe devant elle. L'idée était que si on a une planète comme «un ballon de rugby ou un ballon de foot qui passe devant l'étoile, on n'a pas la même courbe de transit», developpe-t-il.
La déformation devait également renseigner les chercheurs sur la structure interne de l'exoplanète, rocheuse ou bien gazeuse. En effet, dans un communiqué de l'Agence spatiale européenne (ESA), Susanna Barros souligne que «la résistance d'un matériau à la déformation dépend de sa composition».
Des similitudes avec Jupiter
WASP-103b est remarquablement proche de son étoile, WASP-103. Environ 50 fois plus proche de son soleil que la Terre ne l'est du sien, au point d'en faire le tour en seulement vingt-deux heures, contre 365 jours pour notre planète bleue.
C'est aussi pour cela que WASP-103b est aussi déformée : plus une planète est proche de son étoile, plus elle subit son effet d'attraction, appelé force de marée. La Terre y est soumise aussi, mais dans une moindre mesure. La Lune et le Soleil la déforment périodiquement de quelques dizaines de centimètres. Rien de comparable avec la force colossale exercée sur WASP-103b.
Intrigués par ce corps céleste à la forme rare, les astronomes comptent obtenir un temps d'observation avec le télescope spatial James-Webb. Ils ont déjà déterminé que WASP-103b avait une fois et demi la masse de Jupiter, avec un rayon deux fois plus grand.
L'équipe suppose par ailleurs que, comme Jupiter, cette exoplanète possède un coeur solide, enveloppé d'une couche liquide, elle-même ceinturée d'une atmosphère gazeuse. La planète en forme de ballon de rugby n'a toutefois pas encore livré tous ses mystères, Jacques Laskar est notamment convaincu «qu'elle ne peut pas être née à cet endroit».