Dans une nouvelle étude de l'Inserm et de Santé publique France, publiée ce mercredi 3 avril, le suicide, avec d’autres causes psychiatriques, s’avère être la première cause des «décès maternels» en France, ces derniers étant en effet des morts liées à la grossesse ou à l’accouchement.
C'est rare, mais cela existe. En France, en moyenne 90 femmes décèdent chaque année suite à des complications liées à la grossesse ou à l'accouchement, soit une tous les quatre jours. Et la principale raison en est le suicide, selon une étude de l'Inserm et de Santé publique France publiée ce mercredi 3 avril.
Ces données ont été traitées par des professionnels de la santé. En effet, de 2016 à 2018, 272 décès maternels ont été enregistrés, couvrant la période de la conception jusqu'à un an après l'accouchement. Prenant en compte ces statistiques, les experts ont pu établir un classement des principales causes de mortalité.
le suicide, «c'était la deuxième cause, ça devient la première»
Malgré des efforts, le taux de mortalité maternelle en France, soit 11,8 décès pour 100.000 naissances vivantes, demeure inchangé par rapport aux enquêtes antérieures.
Cependant, ce qui est nouveau dans cette étude, c'est que le suicide, accompagné d'autres troubles psychiatriques, se profile désormais comme la principale cause de décès maternels, représentant 17 % des cas, devant les maladies cardiovasculaires à 14 %.
«C'était la deuxième cause, ça devient la première: ce n'est pas une modification de tendance radicale mais une confirmation accrue du poids des suicides» a rapporté Catherine-Deneux Tharaux, directrice de recherche à l'Inserm.
inégalités territoriales et socio-démographiques
En outre, l'étude montre qu'il y a de grandes différences dans le nombre de décès de femmes liés à la grossesse en fonction de l'endroit où elles vivent et de leur situation sociale.
Par exemple, les femmes en Outremer présentent un risque deux fois plus élevé que celles de la métropole, tandis que les femmes migrantes et socialement vulnérables sont également plus exposées. L'âge avancé et l'obésité sont aussi des facteurs de risque notables.
La Dépression Post-Partum, Un Défi Sous-Estimé
Pour contrer cette tendance, l'étude insiste sur l'importance de la prévention et du dépistage précoce. Elle souligne particulièrement la nécessité pour les professionnels de la santé de reconnaître «les facteurs de risque, personnels et familiaux, de dépression périnatale et recherchés tout au long du suivi de la grossesse et du postpartum».
La dépression post-partum est une réalité pour de nombreuses femmes. Elles peuvent se sentir coupables de ressentir de la tristesse, de ne pas éprouver de plaisir avec leur enfant, et douter de leurs compétences en tant que mères, mais elles ont souvent du mal à exprimer ces sentiments ouvertement.
Dans le monde, une femme meurt toutes les deux minutes de complications liées à la grossesse ou à l'accouchement (jusqu'à 42 jours après), selon des estimations, réalisées en 2023, par des organismes des Nations unies.