Le blanchiment de la peau est devenu de plus en plus répandu en Afrique de l'Ouest. Les femmes ont recours à des injections dangereuses pour altérer leur teint, les exposant ainsi à des risques graves pour leur santé.
Dans les rues animées d'Abidjan, au cœur d'un marché, des femmes se rassemblent autour d'un stand. «Elles reçoivent des piqûres de vendeuses, sur plusieurs jours, sans connaître la nature exacte du liquide qu'elles injectent dans leurs veines», a rapporté l'AFP cette semaine.
Cet épisode, bien que choquant, n'est que le reflet d'une réalité plus vaste qui sévit à travers l'Afrique de l'Ouest : la dépigmentation de la peau. De nombreuses femmes africaines succombent à cette pratique, souvent au mépris des dangers pour leur santé.
Des produits injectés dans les veines
«Un phénomène pas nouveau» mais «un problème de santé publique mondial demandant une attention urgente» encore pointé en novembre par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les crèmes éclaircissantes, largement disponibles sur le marché, sont depuis longtemps pointées du doigt pour leurs effets néfastes. Mais ces dernières années, une tendance encore plus inquiétante a émergé : l'utilisation de liquides à injecter directement dans les veines.
Ces produits, souvent vendus avec des promesses de résultats rapides et uniformes, sont devenus très populaires, en particulier parmi les jeunes femmes. Ils alimentent un réseau d'arnaques, comme en témoigne une analyse commandée par l'AFP, révélant une différence significative entre la composition réelle des produits et ce qui est indiqué sur l'emballage.
des risques grâves pour la santé
«On suppose, vu leurs effets secondaires, que ce sont des corticoïdes», a expliqué Sarah Kourouma, dermatologue au CHU de Treichville à Abidjan. Ces substances qui, lorsqu'elles sont utilisées à fortes doses et pendant une longue période, peuvent entraîner une dépigmentation de la peau, mais aussi des problèmes graves tels que le diabète et l'hypertension.
Certaines femmes plus aisées se tournent vers des injections à base de glutathion, un antioxydant naturellement présent dans le corps prescrit aux patients atteints de cancer ou de la maladie de Parkinson, note Grace Nkoro, dermatologue à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé, au Cameroun.
modes d'injection précaires
Sarah Kourouma, à Abidjan, a décrit des «femmes jeunes, instruites, entre 25 et 30 ans» qui se piquent «chaque semaine, parfois tous les deux jours», sans toujours savoir précisément ce qu'elles se sont injectées. Elles présentent «des pathologies de la peau comme l'acné, des affections laissant des cicatrices et des taches noires très dures à traiter».
De plus, le mode d'injection, souvent réalisé dans des conditions précaires, à l'arrière d'une boutique, expose les femmes à un risque accru d'infections graves, notamment l'hépatite et le VIH.
L'OMS estime que le blanchiment de la peau, malgré les mises en garde, reste très répandu en Afrique, touchant par exemple jusqu'aux trois quart de la population au Nigeria.