Annoncée depuis plusieurs mois, l’interdiction à la vente des «puffs» pourrait se préciser ce lundi 4 décembre à l'occasion de la niche parlementaire du parti Renaissance. Une proposition de loi visant à l'interdire, devrait être discutée.
Considérées comme «une aberration de santé publique» et «environnementale», elles inciteraient les jeunes à fumer et seraient un véritable fléau pour la biodiversité. La niche parlementaire du parti Renaissance se déroulant ce lundi, une proposition de loi visant à interdire la «puff» doit être discutée à l'Assemblée nationale.
Et pour cause, avec 75.000 morts par an, le tabac est toujours la première cause de mortalité évitable en France. Après avoir reçu les buralistes lundi dernier, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, présentait un plan national de lutte contre le tabagisme le 28 novembre.
Il a ainsi détaillé la stratégie mise en place pour la période 2023-2027. Parmi les mesures principales, l’interdiction à la vente des «puffs», véritable fléau pour la santé des adolescents et pour l'environnement, devrait voir le jour en 2024.
Les adolescents ciblés
Arrivé en France en 2021 en provenance des États-Unis, le nom «Puff» ou «bouffée» en anglais est un nom bien trouvé. Il représente des petites cigarettes électroniques de couleurs vives, faciles à utiliser, avec des parfums variés, qui ont toutes les caractéristiques pour plaire à une clientèle jeune, majoritairement composée d’adolescents.
Les marques ne s’en cachent pas : avec des pubs ciblées sur les réseaux sociaux et notamment sur TikTok et Snapchat, les vendeurs de puffs veulent ainsi attirer un maximum de jeunes consommateurs. Ces cigarettes sont d’ailleurs disponibles à un prix abordable (environ 9 euros) dans tous les bureaux de tabac, mais aussi dans les supermarchés et sur Internet.
Si la vente aux mineurs est théoriquement interdite, le magazine «Que choisir» a mené l’enquête en envoyant des adolescents de 12 à 14 ans acheter des puffs dans différents points de vente à Paris. Résultat : près d’un adolescent sur deux a réussi à en acheter. Au total, d'après un sondage de l'ACT-Alliance contre le tabac, plus de 13% des adolescents français disaient avoir déjà essayé la puff en 2022. En parallèle, les chiffres publiés par l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) montrent que l'utilisation de la cigarette électronique par les adolescents a triplé entre 2017 et 2022.
jusqu'à 20 milligrammes/millilitre de nicotine
Dans un communiqué publié en février 2023, l'Académie nationale de médecine a qualifié ces cigarettes jetables de «piège particulièrement sournois pour les enfants et les adolescents». Le taux de nicotine de la puff, pouvant aller jusqu'à 20 milligrammes/millilitre, est, selon les signataires de cette tribune, «suffisamment élevé pour créer une forte dépendance». Elle constitue «une porte d'entrée vers le tabagisme» et les sels de nicotine qu'elle contient augmente le risque d'inflammation des voies respiratoires.
Plus globalement, les derniers chiffres publiés par Santé publique France montrent que le nombre de fumeurs se maintient à un niveau élevé dans l'Hexagone, à près de 12 millions de personnes. En 2022, plus de trois Français de 18-75 ans sur dix déclaraient fumer (31,8%) et un quart fumer quotidiennement (24,5 %). Une prévalence stable depuis 2019. Selon les conclusions du rapport, le tabagisme précoce est donc un véritable problème de santé publique auquel participe activement la consommation des «puffs».
Un fléau pour l'environnement
Par ailleurs, en plus du problème de santé publique, demeure un problème environnemental en raison de la composition de ces petites cigarettes électroniques. Fabriquées en plastique et avec des batteries au lithium, elles présentent également des traces de métaux lourds et sont particulièrement polluantes dès leur fabrication et jusqu’à leur fin de vie puisqu’elles sont régulièrement jetées par millions dans la nature. Autant de «déchets complexes, mal collectés» et «non recyclés», qui viennent polluer les sols, les nappes phréatiques ainsi que les océans.
Ce sont d’ailleurs les députés du groupe écologiste qui avaient déposé une proposition de loi il y a un an, mais l’examen de ce texte n’avait pas été programmé pour le moment. Ces derniers jours, Elisabeth Borne, elle-même grosse vapoteuse, a décidé d'accélérer le processus. Le plan 2023-2027 entend ainsi poursuivre sur cette lancée, en se concentrant notamment sur la prévention de l'entrée dans le tabagisme et l'accompagnement des fumeurs vers l'arrêt, avec une attention particulière pour les plus jeunes.
Ce plan pourrait donc suivre l'exemple de l'Allemagne, la Belgique et l'Irlande, qui ont d'ores et déjà interdit les vapoteuses jetables, et valider la proposition de loi déposée en ce sens à l'Assemblée nationale en novembre 2022. «Une inscription du texte dans la semaine du 29 janvier a été adoptée», a assuré l'entourage de la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet.