Alors que l'association de consommateurs UFC-Que Choisir évalue le pourcentage de Français résidant dans un désert médical à 83% de la population, ses bénévoles ont décidé d'attaquer l'État en justice.
L'association UFC-Que Choisir a annoncé, ce mardi 21 novembre, avoir déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour dénoncer «la coupable inaction gouvernementale» face aux inégalités d’accès aux soins.
Dans un communiqué, l’association affirme qu’elle n’a eu de «cesse de sonner l’alerte» sur cette problématique mais «[qu’] après des années de négociations auprès des décideurs politiques, celles-ci sont rest[ées] sans réponse».
Elle accuse l’exécutif de «rejet[er] avec une inquiétante obstination toutes les demandes en lien avec la régulation de l’installation des médecins, [en] arguant de l’inefficacité d’une telle mesure.»
L'UFC-Que Choisir enjoint ainsi le gouvernement «à prendre les mesures à hauteur des enjeux». Concrètement : lutter contre les déserts médicaux, ces zones où obtenir une consultation médicale peut relever de l’exploit.
Plus de 8 Français sur 10 dans un désert médical
Une nouvelle étude (téléchargeable en cliquant ici) menée par l’association affirme en effet que, en se basant sur l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, «19,3 % des Français résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, et que 24,8 % des femmes et 28,9 % des enfants habitent respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique».
En prenant en compte les médecins en secteur 1 (tarifs conventionnés) uniquement, «ce sont ainsi 50,3 % des enfants qui habitent dans un désert médical pour les pédiatres, 59,3 % des habitants du pays qui résident dans un désert médical pour les ophtalmologues, et 69,6 % des femmes qui […] vivent dans un désert médical pour les gynécologues», selon l'étude.
L’UFC-Que Choisir dénombre au total pas moins de 83% de Français vivant dans un désert médical pour au moins l’une des spécialités. Un chiffre en totale opposition avec les conclusions d’un rapport sénatorial de mars 2022, qui faisait état d’à peine plus de 30%.
Des délais importants pour trouver un médecin
«Les bénévoles des associations locales de l’UFC-Que Choisir ont contacté anonymement 2.642 médecins généralistes présents dans 70 départements pour savoir s’ils acceptaient de les suivre en tant que médecin traitant», précise le communiqué.
Plus d’un médecin généraliste sur deux (51,6%) a ainsi refusé cette demande ; une écrasante majorité (74%) déclarant avoir «déjà trop de patients» et 12% car prochainement retraités. En 2019, une enquête similaire menée par l’association avait estimé le total de refus à 44 %, soit une augmentation de près de 8 points en quatre ans.
Du côté des ophtalmologues, le constat n’est guère plus favorable : sur 761 praticiens présents dans 65 départements, 28% d’entre eux auraient «refusé de planifier un rendez-vous.» Les bénévoles ont en outre chiffré à 65 jours le délai d’attente moyen pour consulter un de ces professionnels de santé ; délai pouvant même atteindre un an.
L'association multiplie les actions
Parallèlement, l’UFC-Que Choisir a entrepris diverses opérations à l’adresse du grand public. Entre autres : la mise à jour d’une carte interactive gratuite publiée en 2022 qui recense la qualité de l’accès aux soins dans toutes les communes françaises, et le lancement d’une pétition intitulée «Accès soins – J’accuse l’État».
Dans le cadre du lancement d’une campagne nationale de sensibilisation et de mobilisation intitulée #MaSantéNattendPlus, une dizaine de membres de l’UFC-Que Choisir s'est par ailleurs silencieusement rassemblée devant le ministère de la santé ce mardi 21 novembre à 10h.