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Asthme infantile : la cuisson au gaz en cause dans plus de 12 % des cas, selon deux études

Les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) rejeté par ce type de cuisinières dépassent cinq jours sur sept les limites maximales fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). [JOHANNA LEGUERRE / AFP]

La cuisson au gaz pourrait être responsable d’environ 12 % des cas d’asthme infantile aux États-Unis et en Europe, ont révélé deux études menées par un institut de recherche américain et des ONG européennes. Des concentrations élevées de dioxyde d’azote (NO2) seraient à l’origine de diverses maladies respiratoires dont l’asthme.

Des chiffres inquiétants. Deux études scientifiques établissent un lien entre la cuisson au gaz et l’asthme infantile aux États-Unis et en Europe. D’après les chercheurs, les quantités élevées de dioxyde d’azote libérées par les cuisinières à gaz seraient responsables de plus de 12 % des cas d’asthme observés chez les enfants, alors que ce mode de cuisson serait utilisé dans 35 % des foyers américains et environ 30 % des foyers européens.

La première étude, réalisée par des chercheurs du Rocky Mountain Institute (RMI) et publiée en décembre 2022 dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health, estime que 12,7 % des cas d’asthme chez les enfants aux États-Unis peuvent être attribués au gaz de cuisine. Les scientifiques se sont notamment basés sur une méta-analyse de 41 études antérieures, combiné aux données du recensement américain.

«L’utilisation d’une cuisinière à gaz, c’est à peu près comme si un fumeur vivait dans votre maison», a déclaré à l’AFP l’auteur principal de l’étude américaine, Talor Gruenwald.

RÉSULTATS SIMILAIRES EN EUROPE

En Europe, des associations et ONG telles que Clasp, Respire, et l’Alliance européenne pour la santé publique ont également commandé une étude sur le sujet qui semble présenter des résultats quasi-identiques. Après avoir mené des tests en laboratoire et des simulations informatiques, l’Organisation pour la recherche scientifique appliquée des Pays-Bas (TNO) estime que 12 % des cas d’asthme infantile dans l’Union européenne sont aussi liés à ce mode de cuisson.

Dans le détail, le rapport de cette étude conclut que les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) rejeté par ce type de cuisinières dépassent cinq jours sur sept les limites maximales fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), soit 25 microgramme/mètre cube en extérieur. Et cela dans la plupart des cas de figure (modes et durée de cuisson, ventilation, types de logements…). Selon l’OMS, ces concentrations élevées de NO2 dans les logements peuvent entrainer diverses maladies respiratoires, et notamment de l’asthme.

Actuellement, l’association Clasp mène une expérimentation dans 280 cuisines européennes dont 40 en France, dans l’espoir de confirmer ces résultats. Mais pour Tony Renucci, directeur exécutif de Respire, ces chiffres sont déjà «un choc». Un constat partagé par Rob Jackson, de l’Université de Stanford, auteur de recherches sur la pollution au méthane des cuisinières à gaz, qui estime que ces résultats «corroborent des dizaines d’autres études concluant que respirer la pollution intérieure due au gaz peut déclencher de l’asthme».

Le gaz reste moins dangereux que le bois ou le charbon

Pour autant, les avis de la communauté scientifiques sont partagés. Daniel Pope, professeur de santé publique à l’Université de Liverpool (Royaume-Uni) se dit quant à lui extrêmement prudent car «le lien entre l’asthme et la pollution des cuisinières à gaz n’a pas encore été définitivement prouvé et des recherches supplémentaires sont nécessaires», estime-t-il.

Pour ce professeur, ces publications ne doivent pas détruire les efforts pour inciter les populations à abandonner les cuissons au bois et au charbon, qui seraient à l’origine de 3,2 millions de décès par an, dus à la pollution atmosphérique domestique, essentiellement dans les pays en développement.

Un point sur lequel converge Brady Seals, directeur du Rocky Mountain Institute : «le gaz est certainement meilleur» que ces autres cuissons, «mais il n’est pas sain» pour autant, conclut-il.

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