C'était une figure de la gauche et du parti socialiste. L'ancien ministre et président de l'Assemblée nationale Henri Emmanuelli est décédé à l'âge de 71 ans ce mardi matin.
Malade depuis plusieurs années, une neuropathie détectée en 2006, il ne se déplaçait ces derniers temps qu'en fauteuil roulant. Il était toujours député et président du Conseil départemental des Landes. «Henri Emmanuelli incarnait le département depuis 35 ans, c'est un grand vide qui se présente devant nous», a déclaré Xavier Fortinon, vice-président du Conseil départemental, lors d'une séance consacrée au budget, avant une minute de silence très émouvante avec des élus en larmes. Henri Emmanuelli ne s'était pas rendu à cette réunion lundi, étant hospitalisé depuis trois jours pour une double bronchite à Bayonne.
Un ancien banquier
Encarté au parti socialiste depuis 1972, Henri Emmanuelli était de tous les combats de la gauche ces quarante dernières années. Pourfendeur des «dérives social-libérales» de la social-démocratie européenne et au sein même du PS, il n'a jamais varié dans son parcours politique. Il a toujours été un tenant de l'aile gauche du parti socialiste malgré son parcours professionnel singulier qui l'avait vu débuté en 1969comme fondé de pouvoir, sous-directeur puis directeur adjoint à la Compagnie financière de Banque d'Edmond de Rothschild.
A lire aussi : Emmanuelli appelle à un congrès extraordinaire du PS
Elu pour la première fois député des Landes en 1978, cet homme doté d'une très forte personnalité, avait été, entre 1981 et 1986, secrétaire d'Etat aux DOM-TOM puis au Budget dans les gouvernements de Pierre Mauroy et de Laurent Fabius. Trésorier du PS en 1987, il avait présidé l'Assemblée nationale de 1992 à 1993 avant d'être brièvement premier secrétaire du PS entre 1994-1995. Il avait alors été battu par Lionel Jospin pour porter les couleurs socialistes à l'élection présidentielle de 1995. Rattrapé par les affaires, Henri Emmanuelli avait été condamné en 1997 à deux ans de privation de ses droits civiques dans l'affaire Urba de financement illégal du PS en tant que trésorier du parti avant de retrouver en 2000 ses mandats de député et président du Conseil général des Landes.
Le père spirituel de Hamon
Plaidant sans relâche pour un PS clairement ancré à gauche, il devient compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon, encore membre du PS, au sein du courant Nouveau Monde après l'échec de la gauche à la présidentielle de 2002. Il fait ensuite équipe avec Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, et Benoît Hamon au sein du Nouveau Parti socialiste (NPS). Militant en 2005 pour le non au référendum sur le Traité constitutionnel européen, il était le père spirituel de Benoît Hamon. En janvier, il lui avait apporté son soutien dans la primaire du PS, tout en émettant des réserves sur son projet de revenu universel.