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Pour Fillon, le travail de sa femme était «légal» et «réel»

L'heure est à la contre-offensive dans le camp Fillon.[Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Sur TF1 ce jeudi soir, François Fillon a jugé «abjectes» les accusations visant sa femme, qui travaille pour lui «depuis toujours». Selon lui, le travail de sa femme était «légal», «parfaitement transparent» et «réel». Il portera plainte contre les journaux affirmant que sa femme avait un emploi fictif.

«Ce travail est réel, je m'en expliquerai évidement avec la justice», a dit François Fillon lors du journal télévisé de TF1. «Il n'y a pas le moindre doute, mon épouse a travaillé pour moi comme collaboratrice parlementaire pendant des années», a-t-il déclaré. «Oui absolument», Penelope Fillon a accompli un travail à temps complet d'assistante parlementaire.

«En réalité ma femme travaille avec moi depuis toujours, depuis 1981, depuis ma première élection, elle m'a toujours accompagné dans ma vie publique», a-t-il dit. Elle a «corrigé mes discours», elle «a reçu d'innombrables personnes qui voulaient me voir et que je ne pouvais pas voir», «m'a représenté dans des manifestations et des associations» et fait «la synthèse de la presse», a-t-il affirmé. Elle «me faisait remonter les demandes des gens, les évolutions de notre société». Elle l'a fait «bénévolement pendant des années» et «en 1997 j'ai un collaborateur parlementaire qui est parti, je l'ai remplacé par Penelope».

Interrogé sur les déclarations de sa femme, qui avait dit ne pas être impliquée dans ses activités politiques, François Fillon a répondu qu'elle avait voulu dire «qu'elle n'était pas en première ligne». «Je ne trouve pas de mot pour dire mon dégoût devant le caractère abject de cette accusation», a-t-il dit. «Je savais qu'en me présentant à l'élection présidentielle j'allais affronter toutes les calomnies, mais pas celle-là, pas celle qui consiste à attaquer ma femme pour m'atteindre», a-t-il déclaré, et, «à l'évidence, pour essayer de m'abattre comme candidat à l'élection présidentielle».

Il a aussi indiqué que la «seule chose qui (l)'empêcherait d'être candidat c'est si c'est (s)on honneur était atteint, s('il) étai(t) mis en examen» dans une allusion à sa déclaration de l'été dernier lors de la campagne de la primaire de la droite. «Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen ?», phrase qui lui revient désormais comme un boomerang dans cette affaire d'emploi fictif présumé.

Le candidat de la droite a aussi confié vouloir défendre et protéger son épouse sans qui sa vie politique ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui. Il estime être irréprochable : «Je respecte la loi. Il n'y a aucune transgression».

Il a profité de la tribune du JT de TF1 pour faire une surprenante confidence. Lorsqu'il était sénateur lui est «arrivé de rémunérer (s)es enfants, avocats, pour des missions».

 

"Bien sûr (je suis irréprochable), je respecte la loi. Il n'y a aucune transgression"

D'une manière générale, l'heure est à la contre-offensive dans le camp Fillon : comme annoncé dans la matinée par un de ses proches, Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, l'avocat de M. Fillon, Me Antonin Levy, a remis des documents jeudi en début d'après-midi au pôle financier à Paris. Ils sont censés attester de la réalité du travail fourni par Mme Fillon. 

A trois mois de la présidentielle, cette affaire est embarrassante pour le candidat, qui peinait déjà, depuis sa large victoire fin novembre à la primaire de la droite, à trouver le ton de sa campagne. A droite, les porte-parole du candidat semblent à la peine pour défendre leur champion. Depuis mercredi, dans les couloirs de l'Assemblée, c'est la surprise chez les collaborateurs, où la plupart semblaient ignorer que Penelope Fillon ait pu être la collaboratrice de son époux.

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«La question est de savoir si c'est un emploi fictif ou pas. A lui de donner des explications (...) Si elle ne travaillait pas et était payée, c'est un problème, sinon c'est un épiphénomène», résume un député. D'autant que François Fillon a fait de sa probité, face à Nicolas Sarkozy notamment mais aussi à Alain Juppé qui a été condamné par le passé dans un affaire d'emploi fictif, un axe de campagne.

Son entourage insiste : «Ca fait plus de 30 ans qu'il est dans la vie politique, sans aucune affaire, et comme par hasard, à trois mois des présidentielles, quelques jours avant son discours fondateur, dimanche prochain, à La Villette, cette affaire lui tombe dessus», a accusé M. Retailleau. L'enquête préliminaire porte aussi sur la réalité d'un emploi rémunéré pendant un an et demi à la Revue des Deux Mondes pour 5.000 euros bruts par mois.

L'ex-directeur de la Revue des Deux Mondes, Michel Crépu, a déclaré jeudi sur RTL n'avoir jamais eu connaissance d'une mission de "réflexion stratégique" confiée à Penelope Fillon en 2012-2013, jugeant "totalement extravagante" et "pas plausible" une telle hypothèse. Tandis que l'ex-membre du CSA Christine Kelly, auteure de la première biographie de François Fillon en 2007, pour laquelle elle avait interviewé son épouse, sera auditionnée vendredi. Elle avait déclaré au Canard Enchaîné qu'elle n'avait "jamais entendu dire que Mme Fillon travaillait". Suite à ces déclarations, elle a affirmé par un tweet qu'elle avait subi des "menaces" et des "pressions" par téléphone d'une "équipe politique" qu'elle n'a pas nommée.

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