A la veille d’un nouveau débat entre les candidats à la primaire de la droite, le favori Alain Juppé tente une nouvelle démonstration de force en se rendant sur la symbolique dalle d’Argenteuil, là où Nicolas Sarkozy, qui essaie toujours de rattraper son retard, s’était illustré par ses propos sur les "racailles".
La campagne pour la primaire (20-27 novembre), une première du genre dans l'histoire de la droite française, s'est encore accélérée à moins de trois semaines du premier tour.
Alain Juppé a enregistré mardi soir le soutien de Valérie Pécresse, qui dirige en Ile-de-France le plus gros effectif régional de l'opposition. Parmi les poids lourds des Républicains encore "non-alignés", ne reste plus que le patron de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand. Or le dernier meeting de campagne d'Alain Juppé avant le premier tour est prévu... le 18 novembre à Lille.
Avant le premier débat télévisé le 13 octobre, le maire de Bordeaux avait enregistré le ralliement massif de nombreux élus centristes.
Rebelote avec Mme Pécresse (LR) avant le second débat jeudi soir, et poursuite de l'offensive sur le terrain avec une visite mercredi à Argenteuil, sur cette symbolique dalle où M. Sarkozy, en 2005, avait promis à une habitante qui l'interpellait de la "débarrasser" d'une "bande de racailles". "On compte aller chercher les voix une à une, y compris ici", a expliqué sur place un soutien du maire de Bordeaux.
En attendant, les langues se délient quelque peu. Mme Pécresse a expliqué sur RTL que M. Sarkozy était le seul des sept candidats à n'avoir pas répondu à ses questions sur le programme. L'ancienne ministre "a choisi de laisser François Fillon, ce qui pour lui n'est certainement pas sympathique, pour choisir Alain Juppé", a observé en retour Nicolas Sarkozy sur France Info.
"Une alternance franche"
"Nous avons apparemment des désaccords. Elle est pour l'augmentation de la TVA, je suis absolument contre. Elle est pour un groupe parlementaire pour M. Bayrou, je suis contre parce que je crois à la nécessité d'une alternance franche", a développé l'ancien président qui poursuit son offensive tous azimuts contre François Bayrou. Soutien revendiqué d'Alain Juppé, le président du MoDem a promis de se présenter en 2017 pour faire barrage à Sarkozy si ce dernier gagne la primaire.
"En 2012, il a voté avec enthousiasme pour François Hollande. Son projet est aux antipodes des idées que je porte. Il veut une nouvelle tranche de l'impôt sur le revenu, il veut l'augmenter. Il est contre l'interdiction du voile. Il veut le droit de vote pour les étrangers. Il ne veut pas la suppression du regroupement familial", a accusé M. Sarkozy.
"Je ne veux pas que demain la future majorité soit otage de M. Bayrou", a martelé l'ancien président, qui agite la perspective d'un groupe parlementaire de "100 à 150 députés" pour François Bayrou et les centristes.
Cet axe de campagne, martelé, le camp sarkozyste se promet encore de l'amplifier avec une conférence de presse de ses principaux soutiens mercredi à la mi-journée. Parmi eux François Baroin, pressenti pour Matignon mais appelé dans un lapsus matinal... "François Bayroin" par M. Sarkozy.
L'écart se resserre entre M. Juppé (37%) et M. Sarkozy (31%) au premier tour, selon le dernier sondage Ifop-Fiducial. M. Juppé détient une nette avance au sein de l'électorat centriste. Nicolas Sarkozy, qui devrait se déplacer à Belfort cette semaine, est lui en tête parmi les hypothétiques électeurs du Front national. "On voit bien que je suis la barrière, et que le choix pour sortir de la primaire, pour que tous ces gens n'aillent pas grossir les rangs du Front national, il vaut mieux que ça soit moi", a-t-il dit.
Les autres candidats entendent, eux, mettre à profit le deuxième débat, prévu jeudi soir sur BFMTV et iTELE, pour faire entendre leur voix. A commencer par François Fillon, dont la première prestation avait été jugée convaincante. Un troisième débat sera organisé le 17 novembre, à trois jours du premier tour.