Après avoir débattu mardi d'une intervention militaire française en Syrie, députés et sénateurs poursuivent ce mercredi sur "l'accueil des réfugiés en France et en Europe", un débat, toujours sans vote, que la droite veut élargir à la libre-circulation dans l'espace Schengen.
Comme sur la Syrie, le Premier ministre va développer l'action du gouvernement à l'Assemblée nationale, avant de laisser les groupes politiques s'exprimer dans ce débat de deux heures qui se terminera vers 18 heures. Le Sénat s'emparera du sujet à partir de 21h30.
Après la décision annoncée par François Hollande d'accueillir 24.000 réfugiés sur deux ans, Manuel Valls doit notamment dévoiler des mesures supplémentaires pour l'hébergement en centres d'accueil des demandeurs d'asile (Cada). Il y avait 25.000 places de Cada en juin 2015 et 4.000 autres devaient être créées d'ici à la fin de l'année. Mais cela reste insuffisant, compte tenu du niveau des demandes d'asile (environ 65.000 en 2014).
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé samedi qu'une prime de 1.000 euros par place serait versée aux communes créant des hébergements supplémentaires d'ici à 2017.
Une fois n'est pas coutume, les différents groupes de gauche devraient se rejoindre dans l'hémicycle sur la nécessité "morale" d'accueillir ceux qui fuient la guerre en Syrie et en Irak et déplorer la désunion européenne sur le sujet.
Le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée Hugues Fourage a ainsi dénoncé mardi "l'égoïsme et la cécité de la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie" qui ont fait échouer lundi un accord européen sur une répartition de 120.000 réfugiés.
André Chassaigne, chef de file des députés Front de gauche, a prévu de rappeler "la responsabilité morale" face au drame des migrants et "l'obligation juridique au regard du droit international", vu notamment la Convention de Genève.
A droite, Les Républicains ont été dans un premier temps pris de court par la décision d'Angela Merkel d'accueillir largement les réfugiés, à l'origine du mouvement de l'exécutif français.
Cet embarras s'était traduit par le refus de maires de participer à cet accueil, d'autres ne voulant accueillir que des réfugiés "chrétiens" et plus généralement par des divergences entre les tenants comme Nicolas Sarkozy ou Bruno Le Maire d'une position de fermeté pour ne rien céder face au Front national et ceux plus ouverts tel Alain Juppé qui juge le chiffre de 24.000 réfugiés "modéré et acceptable".
Schengen en débat
Mais le rétablissement dimanche des contrôles par l'Allemagne à sa frontière avec l'Autriche face à l'afflux des migrants a permis à la droite de se retrouver sur une ligne de "refondation de l'espace Schengen" dans un "Schengen 2".
Nicolas Sarkozy a ainsi estimé mardi devant les députés LR que la chancelière avait fait avec "huit jours de retard" ce que son parti réclamait.
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"Il n’y aura pas d’autre solution que d’interdire la libre-circulation des non-communautaires", a renchéri mardi le président du groupe à l'Assemblée Christian Jacob. Les Républicains veulent aussi un statut de "réfugié de guerre", qui prendrait fin avec le retour à la paix, et parallèlement "stopper les autres phénomènes migratoires", familiaux ou économiques.
Coïncidence de calendrier, LR organise dans la matinée un séminaire sur l'immigration.
Le discours est proche à l'UDI, Philippe Vigier jugeant que "Schengen est mort" et qu'"il faut inventer un nouvel espace".
A l'inverse, M. Cazeneuve ne fait pas la même interprétation de la décision allemande, jugeant qu'elle "ne ferme pas la porte" aux migrants mais s'assure "que les pays en amont ont respecté les règles de Schengen".
Le ministre de l'Intérieur a également jugé "stupide" l'idée du Front national de réinstaurer des contrôles entre l'Allemagne et la France, objectant que "ceux qui veulent venir en Europe essaient de passer en Grande-Bretagne et en Allemagne" et renvoyant à la "réalité des chiffres".
L'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui a envoyé une équipe à Munich pour inciter un millier de Syriens et Irakiens à demander l'asile en France pour soulager l'Allemagne, n'avait convaincu que 500 personnes à la fin de la semaine dernière.