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Montebourg et Varoufakis en trublions de la Fête de la Rose

Arnaud Montebourg, le 24 août 2014. [JEFF PACHOUD / AFP]

Discours anti-austérité, Europe et poulet de Bresse sont au menu ce dimanche de la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), avec comme invité vedette le bouillonnant Yanis Varoufakis, ex-ministre grec des Finances, aux côtés d'un autre trublion, Arnaud Montebourg. 

 

Ex-star du gouvernement Syriza d'Alexis Tsipras, courtisé par les gauches radicales européennes, M. Varoufakis, économiste au fort tempérament, avait prôné une ligne dure face aux créanciers de la Grèce. Il a démissionné le 6 juillet du gouvernement grec, au lendemain de la victoire du "non" au référendum sur les économies demandées à Athènes. Après la démission de M. Tsipras et la convocation de législatives en septembre, il est l'invité d'honneur de ce rendez-vous socialiste initié en 1973 par Pierre Joxe dans ce village bourguignon de 600 âmes, ancien fief électoral de M. Montebourg.

Frangy 2015 "sera un Frangy qui discutera de l'avenir de l'Europe. C'est important de faire parler les grands témoins pour l'histoire mais aussi l'avenir de l'Europe. (Varoufakis) était présent dans la négociation et il a vu et entendu", a déclaré à l'AFP M. Montebourg, pour expliquer cette invitation. "Une trajectoire assez commune" avec l'ex-ministre du Redressement productif, glisse Denis Lamard, président des Amis de la Rose. En 2014, le rassemblement avait été l'occasion pour Arnaud Montebourg et son invité Benoît Hamon, alors ministre de l’Éducation, de dénoncer les politiques d'austérité en Europe et de critiquer vivement la politique de François Hollande.

Le lendemain, Manuel Valls présentait la démission de son gouvernement, et composait une nouvelle équipe. Sans Arnaud Montebourg, Benoît Hamon ni Aurélie Filippetti (Culture). M. Montebourg ne regrette rien. "Ma position, non seulement je ne la regrette pas, mais un an après, (mes) prédictions sont vérifiées", assure-t-il en ajoutant: "j'aurais voulu avoir tort!"

 

Coup médiatique

La rencontre de ces deux trublions fait grincer des dents au PS et au gouvernement ? La députée socialiste de la circonscription Cécile Untermaier appelle à la sérénité: "Ce n'est pas une injure d'inviter une personne qui a travaillé avec l'Eurogroupe". Les deux hommes, qui ne se connaissaient pas, se sont rencontrés fin juillet avec leurs compagnes en Grèce, chez le couple Varoufakis. A Frangy, "80 équipes de presse sont attendues, contre une trentaine l'an dernier", selon M. Lamard, qui cite "des médias allemands, belges, suisses, japonais"...

Varoufakis, qui rencontre aussi dès potron-minet à Paris Jean-Luc Mélenchon, cofondateur du Parti de gauche, s'exprimera en anglais à la tribune dans l'après-midi après Montebourg, avec traduction simultanée. "À Frangy, je lancerai un réseau européen de progressistes (...) Les problèmes auxquels la France fait face sont les mêmes qu’ailleurs (...) Il faut relancer le dialogue et rétablir ce qui a été complètement perdu: la démocratie", déclare M. Varoufakis dans le Journal du dimanche.

Un coup médiatique pour M. Montebourg, qui n'a plus aucun mandat politique et a décidé de se tourner vers l'entreprise: il a monté "Les équipes du Made in France", dont il est président actionnaire, et est par ailleurs vice-président de l'enseigne d'ameublement Habitat. Frangy est le "rendez-vous des oubliés", ironise le sénateur PS Luc Carvounas, proche de Manuel Valls: Montebourg, "qui veut encore montrer qu’il pèse au sein de la famille socialiste tout en se disant hors de la mêlée", et Varoufakis, "qui en pleine élection grecque doit montrer qu’il existe encore".

 

"Pas d'avenir à être le turlupin de la gauche"

Depuis son éviction, le troisième homme de la primaire socialiste de 2011, à qui l'on prête toujours des ambitions pour 2017, a la parole rare. Sa dernière sortie - une tribune avec l'homme d'affaires Mathieu Pigasse étrillant la politique de d'exécutif - avait gâché la fin du congrès du PS à Poitiers. Cette semaine, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire, lui a toutefois tendu la main, estimant qu'il devait "rester à bord" du PS car "il n'y a pas d'avenir à être le turlupin de la gauche".

Cette année, les organisateurs ont décidé d'étiqueter "cuvée Europe" les bouteilles mises en vente pour la fête, après la "cuvée du redressement" d'août 2014. Les images de M. Montebourg s'esclaffant - "je vais lui envoyer une bonne bouteille de la +cuvée du redressement+ au président" - avaient tourné en boucle et largement contribué à son éviction dès le lendemain.

 

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