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A 85 ans, une énième campagne de Jean-Marie Le Pen

Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du FN, à Marseille le 20 mai 2014 [Franck Pennant / AFP/Archives] Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du FN, à Marseille le 20 mai 2014 [Franck Pennant / AFP/Archives]

Entre les projecteurs de l'estrade de Marseille et l'anonymat d'une zone industrielle de Valence, Jean-Marie Le Pen, le corps usé mais le verbe saillant, mène une énième campagne pour garder son siège de député européen.

Toujours tiré à quatre épingles, il accueille mardi avant sa réunion publique à Marseille "la présidente du FN". Marine Le Pen est un aimant à caméras? "Jaloux, ce n'est pas dans mon tempérament", désamorce aussitôt la tête de liste FN pour la circonscription Sud-Est, que les sondages placent en deuxième position derrière l'UMP, bien au-dessus de 20%.

Le chef historique du FN sait attirer les projecteurs. Devant quelques personnalités FN et des journalistes, il anticipe son discours du soir, "très grave" même si "ce ne sera pas un testament": "Il y a une explosion démographique dans le monde et un risque de submersion. Un remplacement de la population est en cours."

Le "menhir" se fait prophétique, veut être "lanceur d'alerte": "Ils ont des yeux et ils ne voient pas, ils ont des oreilles et n'entendent pas." "Il n'est jamais trop tard", essaie le maire FN de Cogolin, Marc-Étienne Lansade. "Il n'est jamais trop tard mais il est bien tard quand même", répond-il.

Et de dégoupiller la grenade de la polémique: "Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois". Il avait déjà tenu un propos similaire il y a quelques temps devant des journalistes.

"Je ne souhaite en rien la propagation du virus Ebola", tentera-t-il de calmer mercredi.

Entre deux déclarations sur le "torrent migratoire" sur le point d'envahir la France et sur l'islam, "religion conquérante", M. Le Pen cabotine, entouré de frontistes lui vouant un quasi culte: "Bonjour président!" Il fait une imitation en anglais, puis répond à son téléphone portable: "Oui ma chérie?" Jany Le Pen arrive peu après.

Présidente et président d'honneur du FN posent pour les photographes. "C'est très rare", note la fille. "Ça fait plaisir", se félicite le père.

Marine Le Pen et son père Jean-Marie Le Pen à Marseille, lors d'un meeting électoral, le 20 mai 2014 [Franck Pennant / AFP]
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Marine Le Pen et son père Jean-Marie Le Pen à Marseille, lors d'un meeting électoral, le 20 mai 2014

Sur l'estrade, devant 1.500 personnes scandant "On est chez nous", celui qui a été élu pour la première fois député en 1956 et est parvenu au second tour de la présidentielle en 2002 est dans son élément. Marine Le Pen salue celui qui "se bat inlassablement depuis 60 ans".

Le discours du vétéran, presque uniquement consacré à l'immigration, est alarmiste, plus que ceux de l'actuelle patronne du FN. "Punchy", euphémise un maire frontiste.

- "Je déteste le mot retraite" -

Le lendemain, dans un hôtel perdu dans la zone industrielle de Valence, entre un rosé réchauffé et quelques crudités, la centaine de militants ne dit pas autre chose, tel Thomas, 25 ans: "Marine Le Pen est plus douce, lui est plus brut de décoffrage."

A 85 ans pourtant, siégeant presque sans discontinuité depuis 1984 à Strasbourg, Jean-Marie Le Pen se déplace avec difficulté, et son entourage veille sur lui avec précaution.

Vieux compagnon de route, son compère au Parlement européen Bruno Gollnisch le juge "indestructible".

Bernard Pinet, conseiller régional, connaît Jean-Marie Le Pen depuis "1975 ou 1976": "Il ne court plus aussi vite qu'avant, mais il a fait une campagne marathon. Il s'est bonifié avec le temps."

Et ses déclarations, tournant ces jours-ci uniquement autour du péril migratoire, des "barbaresques", des "explosions sociales" à venir et de la nécessité de "défendre le territoire" face à la "préférence étrangère", fait ici l'unanimité. Roger, la soixantaine: "Les immigrés coûtent." Ils consomment aussi? "Non, ils pondent." A ses côtés, sa femme Christine s'inquiète: "Ils imposent leurs idées."

Le Breton joue lui à l'insubmersible: "Tant que j'ai la force, la volonté, le courage, la disponibilité, je suis à ma place. Je rencontre des contemporains retraités qui se traînent, qui paraissent vingt ans de plus que moi. Aussi bien au sens militaire que civil, je déteste le mot +retraite+."

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