L'ex-secrétaire d'Etat UMP Pierre Bédier a été élu vendredi matin à la présidence du conseil général des Yvelines, une étape maîtresse dans son retour en politique après sa condamnation pour corruption.
Pierre Bédier, 56 ans, a recueilli 26 voix contre 10 pour son adversaire André Sylvestre, président du groupe de gauche, a constaté une journaliste de l'AFP.
Celui qui présida cette assemblée entre 2005 et 2009 succède ainsi à Alain Schmitz (UMP), démissionnaire, qui brigue désormais un siège au Sénat. Une décision interprétée par certains milieux politiques locaux comme une manière d'ouvrir un boulevard à Pierre Bédier.
"Par leur soutien sans faille au retour de Pierre Bédier, Valérie Pécresse (patronne de l'UMP des Yvelines) et l'ensemble des élus yvelinois de l'UMP sont non seulement complices mais acteurs de ce tour de passe-passe", a réagi la Fédération départementale PS dans un communiqué, dénonçant "un sale coup fait à la démocratie".
Mais le nouveau maire UMP de Poissy Karl Olive, ex-journaliste à Canal+, voit dans ce changement de tête une "anticipation au regard des prochaines élections cantonales et régionales", dans ce département où la droite a gagné du terrain aux municipales.
L'ancien secrétaire d'Etat sous le gouvernement Raffarin II (2002-2004) avait dû notamment céder les clés du département en raison de sa condamnation confirmée en cassation en mai 2009 à 18 mois de prison avec sursis pour corruption passive et recel d'abus de biens sociaux, assortie d'une peine d'inéligibilité.
Les faits remontent à la période 1998-2001: l'homme fort du Mantois, alors maire de Mantes-la-Jolie (1995-2005), était soupçonné d'avoir bénéficié d'enveloppes en espèces et autres avantages d'un total de plusieurs centaines de milliers d'euros, en échange de l'octroi de marchés publics aux sociétés de nettoyage de Michel Delfau.
Il avait été frappé d'inéligibilité jusqu'en 2015 mais celle-ci a pris fin en 2012 à la faveur d'une modification du code électoral en 2011.
Depuis, Pierre Bédier a oeuvré à son retour sur un territoire dont il est resté un des hommes forts. En mai 2013, Michel Vialay, qui avait pris sa succession dans son canton de Mantes-la-Jolie, a démissionné, permettant à Pierre Bédier de retrouver en juillet 2013 son siège au conseil général avec 60,23% des voix lors d'une cantonale partielle.
Aux dernières élections municipales, il a aussi été élu sur la liste de Michel Vialay, maire sortant UMP de Mantes-la-Jolie.
Lors de son discours, le patron des Yvelines a défendu l'avenir de l'institution départementale que le Premier ministre Manuel Valls souhaite supprimer à l'horizon 2021, tout en se disant prêt à "l'indispensable effort de redressement et de maîtrise de la dépense publique". "Lorsque j'évoque le Département, je ne veux pas parler d'une institution figée (...) mais d'une Collectivité moderne et indispensable, charnière nécessaire entre le global et le local (...)".
Le temps de la séance extraordinaire, 600 agents du conseil général, selon la police, manifestaient sous les fenêtres du Conseil général et de la Préfecture pour dénoncer la baisse de 8% des effectifs d'ici trois ans. Contacté, le conseil général n'était pas joignable dans l'immédiat.