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Propos de Valls : l'UMP boycottera les questions à l'Assemblée

le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à l'Assemblée nationale le 25 février 2014 [Jacques Demarthon / AFP] le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à l'Assemblée nationale le 25 février 2014 [Jacques Demarthon / AFP]

Une telle protestation est rarissime à l'Assemblée: les députés UMP boycotteront mercredi la séance des questions au gouvernement après une petite phrase de Manuel Valls sur le passé d'"extrême droite" de Claude Goasguen, qui leur avait déjà fait quitter l'hémicycle mardi.

 

"Faute d’excuses formelles, les députés UMP boycotteront la séance de questions au gouvernement de demain" (mercredi), a annoncé en début de soirée leur chef de file Christian Jacob dans un communiqué, dénonçant des "insultes inacceptables" et une "perte de sang-froid" du ministre de l'Intérieur.

"M. Goasguen, vous en venez, vous, de l'extrême droite", avait lancé Manuel Valls à l'élu parisien, en réponse à une question d'un autre député UMP sur les violences de samedi à Nantes lors de la manifestation des opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

En toile de fond: un supposé laxisme des forces de l'ordre face aux casseurs quand la manifestation a dégénéré. Déjà ce week-end plusieurs ténors de l'UMP avaient mis en cause la responsabilité de Manuel Valls, le FN fustigeant même sa "complaisance avec l'extrême gauche antifasciste".

"Contrairement à vous, nous ne sommes complaisants avec personne, vous, vous avez été complaisants avec ceux qui s'en prenaient aux valeurs de la République", a répondu à la droite le locataire de la Place Beauvau, dans une allusion aux manifestations récentes en janvier contre la loi famille.

Ses propos, surtout sa phrase contre M. Goasguen, ont déclenché une bronca sur les bancs de l'UMP. La quasi-totalité des députés du groupe a alors quitté l'hémicycle en pleine séance.

 

"Propos inadmissibles"

Peu après, l'ex-président de l'Assemblée Bernard Accoyer, resté sur son banc, a dénoncé des "propos inadmissibles, scandaleux" et appelé le ministre de l'Intérieur à "les retirer". Le président de la commission des Finances, l'UMP Gilles Carrez, a également demandé des excuses, sa collègue Claudine Schmidt critiquant ensuite des "propos pas dignes d'un ministre de la République".

Selon Christian Jacob, ils auraient dû "a minima être condamnés par le Premier ministre", à qui s'adressait initialement la question prise par Manuel Valls.

Si M. Ayrault ne s'excuse pas "ces questions au gouvernement n'ont plus aucun sens, aucun intérêt pour nous", a dit M. Jacob dans l'après-midi.

Sans s'excuser, le ministre de l'Intérieur a expliqué devant les députés restants, qu'il n'avait pas apprécié la comparaison entre les violences à Kiev et à Nantes dans la question du député Yannick Moreau.

"Chacun peut avoir ses erreurs de jeunesse", a glissé plus tard le chef de file des députés PS Bruno Le Roux, en affirmant que Claude Goasguen avait appartenu au mouvement d'extrême droite Occident à la fin des années 1960 dans ses années étudiantes.

"Je n'ai jamais été membre d'Occident, contrairement à des proches comme Alain Madelin, Gérard Longuet, Patrick Devedjian, mais président de la Corpo d'Assas (syndicat étudiant de droite, ndlr)" a rétorqué dans les couloirs Claude Goasguen. "Etant alors partisan de l'Algérie française, j'ai soutenu Jean-Louis Tixier-Vignancour (candidat d'extrême droite, ndlr). Mais tous ceux qui défendaient l'Algérie française n'avaient pas une démarche d'extrême droite".

"M. Valls perd les pédales !", s'est exclamé celui qui est aussi maire du XVIe arrondissement de Paris, candidat à sa réélection en mars.

Dans l'hémicycle, l'ambiance était agitée depuis le début de cette avant-dernière séance de questions au gouvernement avant cinq semaines de pause en raison des municipales.

"Ce n'est qu'un au revoir", ont notamment chanté ironiquement des députés UMP pendant une réponse de M. Ayrault au numéro deux du PS Guillaume Bachelay (PS), certains faisant au revoir de la main, en allusion aux rumeurs de départ du Premier ministre de Matignon après les municipales.

Unique précédent depuis l'instauration de ce rituel parlementaire des questions au gouvernement en 1974, les députés PS avaient boycotté plusieurs séances d'affilée en 2009 pour exiger des garanties sur leurs droits d'expression, dans le cadre d'une réforme du règlement de l'Assemblée menée à l'époque.

 

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