L'ancien Premier ministre (UMP) Alain Juppé a déploré, jeudi sur RTL, la "faillite absolument catastrophique" de l'Union européenne sur le dossier syrien, dans lequel il soutient l'idée d'une intervention militaire pour "marquer un coup d'arrêt".
Sans vouloir "être pessimiste" alors que s'ouvre le G20 à Saint-Pétersbourg en Russie, "mais connaissant un peu (le président russe Vladimir) Poutine, je ne suis pas sûr qu'il bougera d'une position qui, contrairement à ce que j'entends dire ici ou là, l'isole politiquement et moralement", a déclaré M. Juppé.
L'ancien ministre des Affaires étrangères a estimé que le gouvernement ne déployait peut-être pas "toute la dynamique diplomatique qu'il faudrait vis-à-vis du monde arabe, de nos partenaires européens, des grands de ce monde pour faire bouger les choses".
"Il me semble que nous n'avons pas été assez actifs sur ce plan là même s'il faut souligner la faillite absolument catastrophique de l'Union européenne: on ne demande pas aux pays européens de s'engager dans une opération militaire, la plupart d'entre eux n'en n'ont pas les moyens, mais au moins une solidarité politique!", a-t-il lancé.
S'il en avait la possibilité, Alain Juppé "voterait en faveur d'une intervention en Syrie", où le régime de Bachar al-Assad a levé "le tabou" de l'utilisation d'armes chimiques.
Tout en reconnaissant que décider d'une intervention militaire est une "décision extraordinairement difficile" dont il "ne sous-estime pas les risques de tous ordres politiques, militaire, de contagion" régionale, M. Juppé estime qu'elle pourrait "marquer un coup d'arrêt, pour dire à tous les dictateurs potentiels de la planète et en particulier au régime syrien qu'on ne les laissera pas faire n'importe quoi".
Tout en soulignant que le feu vert des Nations unies "a été une ligne directrice de la diplomatie française depuis toujours", "on voit bien que dire cela aujourd'hui, c'est ne rien faire", a affirmé M. Juppé. "Se retrancher derrière le feu vert du Conseil de sécurité, c'est en réalité se rendre complice de l'inaction", a-t-il insisté.
Il a rappelé les "précédents historiques" de l'intervention de l'Otan au Kosovo (1999) ou encore de la décision de Jacques Chirac d'autoriser les casques bleus français engagés en ex-Yougoslavie et "armes au pied parce que c’était le mandat de l'ONU", à riposter, ce qui a "été l'enclenchement du processus de paix qui a mené aux accords de Dayton" en 1995.