La sénatrice UDI de Paris Chantal Jouanno, favorable au mariage des homosexuels, dénonce "la violence" et "l'intimidation" manifestée par certains opposants et demande aux responsables politiques, dont Jean-François Copé, d'appeler "au calme".
"J'ai conscience que le gouvernement n'a rien fait pour apaiser les choses, et l'accélération du calendrier d'examen n'a rien arrangé. Mais certains, ou plutôt certaines comme Frigide Barjot (...)ou Christine Boutin, en appelant au "sang" ou à la "guerre civile", tentent très clairement de faire de la récupération politique et médiatique, et c'est absolument inacceptable", explique l'ex-ministre des Sports dans un entretien au Monde.fr.
Pour Chantal Jouanno, "il est prioritaire et urgentissime que les responsables politiques appellent au calme"
"Ceux qui encouragent ce qui se passe, et ceux qui défilent avec leurs écharpes tricolores, ne se rendent pas compte que l'on est en train de bafouer, de piétiner la démocratie dans ses fondements. Il y a une vraie différence entre manifester, qui est un droit constitutionnel, et intimider, utiliser la violence, ce qui n'a aucun fondement démocratique. La démocratie s'exerce à l'Assemblée nationale, au Sénat. Elle ne s'exerce ni dans la violence, ni dans l'intimidation", martèle l'élue centriste.
Pour la sénatrice de Paris, "ceux qui cautionnent par le silence ou s'associent à ces mouvements sont clairement en train de remettre en cause la démocratie. Parce que ces mouvements contestent la légitimité même des élus", dit-elle.
Cela pourrait-il creuser un fossé entre le centre-droit et la droite? "Si aujourd'hui l'UMP ou la droite s'engouffre dans cette montée de la violence, on ne se retrouvera pas sur les fondamentaux", dit-elle.
"C'est grave ce qu'il se passe. Vraiment grave. Quand on poursuit une intellectuelle, que l'on vient au domicile privé de parlementaires, ce ne sont pas des manifestations, mais des intimidations. Je n'ai jamais vu ça", déplore-t-elle.
A titre personnelle, Chantal Jouanno explique avoir reçu des tonnes de lettres chez elle et au sénat, en raison de sa prise de position en faveur du mariage des homosexuels. "Quand ces gens (les opposants) diffusent mon adresse personnelle, ils me mettent en danger, mais ils mettent en danger mes enfants! Et ces personnes disent défendre la famille, mais quelle conception de la famille ont-ils", s'indigne-t-elle.
Pour l'ex-secrétaire d'État à l'Écologie, les élus de la droite parlementaire devraient s'abstenir de continuer à participer aux manifestations "sur ce texte, compte-tenu des débordements".
"Je n'aurais pas dit cela avant. On a tous les moyens de s'exprimer, par les médias ou autres, de s'opposer au gouvernement, de dire qu'il a pris ce débat à l'envers. Et la violence de la rue fait que notre responsabilité est d'appeler au calme", a-t-elle conclu.