Deux manifestations aux ambitions contraires se sont déroulées sans le moindre accrochage à près d’un kilomètre de distance ce samedi 30 novembre à Romans-sur-Isère (Drôme), un an après la mort de Thomas à Crépol.
Une journée anticipée comme à haut risque qui se déroule dans le calme. Deux rassemblements, dont les idées étaient diamétralement opposées, se sont déroulées sans aucun problème à près d’un kilomètre de distance ce samedi à Romans-sur-Isère (Drôme), un an après la mort de Thomas à Crépol.
Un important dispositif de sécurité avait été déployé dans la ville en amont de ces deux manifestations, avec des horaires décalés pour les deux événements afin d’éviter au possible les potentiels débordements, a rapporté l'AFP.
Les deux rassemblements avaient dans un premier temps été interdites par la préfecture qui craignait des «troubles importants et des affrontements idéologiques». Le tribunal administratif de Grenoble a finalement levé ces interdictions.
«Romans-sur-Isère n’est pas une ville d’extrême droite»
Dans la première manifestation, qui a débuté à 14h ce samedi, un millier de personnes se sont rassemblées à l'initiative de syndicats et organisations de gauche. Des militants de la Jeune garde, des sympathisants LFI ou CNT ont pris part au cortège, mais aussi des jeunes du quartier de la Monnaie.
Chants antifascistes à Romans-sur-Isère. La manifestation de plusieurs associations et groupes de gauche contre la récupération de la mort de Thomas à Crépol a débuté.
Au moins 500 personnes défilent selon notre reporter sur place. pic.twitter.com/eBOt7NS8EC— France Bleu Drôme Ardèche (@francebleuDA) November 30, 2024
«Face aux racistes, Romans résiste», a-t-on pu lire sur la banderole en tête de cortège. «C'est important pour nous pour dire que Romans n'est pas une ville d'extrême-droite, que malgré le fait que l'ultra-droite nous a mis sur une carte et à leur agenda politique, nous, sur le terrain, on a envie de dire stop à ça», a assuré Julie Maurel, membre du «Collectif pour Romans».
2 #manifestations organisées ce 30 novembre à #RomansSurIsère, un an après le drame de #Crépol et la mort de Thomas. Une manifestation d'un collectif d'ultra-droite était annoncée à 15h. À 14h, une contre-manifestation de l'extrême gauche était prévue.
S.Cozzolino pic.twitter.com/YeyuKeibir— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) November 30, 2024
La mère de Zakaria (15 ans), originaire de La Monnaie et tué en avril en s'interposant dans une altercation, était présente dans le cortège de ce rassemblement. Au cours de la marche, les manifestants se sont arrêtés là où cet adolescent est mort et ont fait une minute de silence «pour Zakaria et tous ceux qui sont tombés».
«On manifeste avec Thomas, Zakaria, Nicolas et tous les enfants morts de violences aveugles dans nos têtes, dans nos cœurs. Mais là vraiment l'enjeu pour nous ce n'est pas du tout d'instrumentaliser ces morts-là, c'est vraiment d'être contre la récupération raciste qui est faite de notre territoire et de notre population», a conclu Julie Maurel.
«Un hommage revendicatif»
La deuxième manifestation, qui a débuté à 15h, a rassemblé près de 200 personnes sur une place du centre-ville à l’appel du collectif d'ultradroite baptisé «Justice pour les nôtres».
« Allez leur dire qu’on est pas prêts de se taire car on est chez nous » pic.twitter.com/mDK7uIUpHA
— Collectif Justice pour les Nôtres (@JusticeNotres) November 30, 2024
Il appelait, un an après la mort de Thomas (16 an), tué lors d'un bal à Crépol en novembre 2023, à rendre hommage à l'adolescent ainsi qu'à Nicolas Dumas, un jeune homme tué devant une discothèque ardéchoise il y a deux mois, tous deux qualifiés de «victimes de l'immigration».
Sur une pancarte s'affichaient pêle-mêle des portraits de Thomas, mais aussi de Samuel Paty ou de Philippine, étudiante de 19 ans dont le corps avait été découvert enterré à Paris dans le bois de Boulogne. «Nos frères, nos sœurs, nos enfants. Pas des faits divers», ont scandé certains manifestants, dont la plupart étaient enroulés dans des drapeaux tricolores.
«C'est un hommage revendicatif», a résumé Raphaël Ayma, porte-parole de «Justice pour les nôtres», qui souhaite «tirer des leçons politiques». «On est des militants politiques qui ressentent de l'empathie vis-à-vis de Thomas, qui se sentent touchés. Aujourd'hui, vous avez une jeunesse qui effectivement ne se contente plus de juste aller voter tous les cinq ans et qui sort dans la rue pour exprimer ses idées», a conclu ce dernier.
Pour rappel, 14 personnes ont été mises en examen mais l'auteur du coup mortel n'a pas été identifié dans l'enquête sur le meurtre de Thomas. L'instruction qui se poursuit doit permettre de déterminer les responsabilités de chacun dans cette affaire.