L'ex-candidate d'EELV à la présidentielle, Eva Joly, estime que "le cap fixé" par l'exécutif "n'est pas le bon" et que "le pari" de la présence des écologistes au gouvernement "est chaque jour plus compliqué", dans un entretien au Monde.
Interrogée sur la politique en matière d'emploi, la députée européenne juge que "l'austérité est trop importante".
"Nous savions (...) que lorsqu'on réduit la dépense publique, qui est à l'origine de 70% des investissements, cela réduit l'emploi. Nous avions prévenu que de passer brutalement à un déficit de 3% (du PIB), cela allait dégrader davantage encore la situation de l'emploi dans notre pays. Nous y sommes", explique l'ancienne candidate d'Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle (2,3%).
Si elle voit du positif, comme la "politique du logement courageuse" de Cécile Duflot ou Christiane Taubira, "une grande ministre de la justice", Eva Joly juge que "le cap fixé n'est pas le bon".
Elle cite en exemple le "projet de réforme bancaire, qui ne concerne en réalité que 1% de l'activité bancaire et qui n'a pas beaucoup d'ambition". Autre illustration, la proposition de loi écologiste sur les ondes électromagnétiques, dont la portée a été considérablement réduite par le PS.
"Le poids des lobbies demeure impressionnant (...) Sur ce sujet, les socialistes ont bafoué leur propre majorité: voir ce texte aussi mal traité nous inquiète", affirme-t-elle.
Au sujet du budget de l'UE, en baisse pour la première fois dans l'histoire de l'Europe, elle déclare que "l'accord s'est fait sur le dos de l'Europe" et "sur l'autel d'une austérité sans pareil". Sur ce point, "François Hollande doit avoir un discours de vérité. Cet accord n'est pas bon. Vouloir faire croire le contraire pour sauver la face, c'est nier le poids des conservateurs".
"Nous avons fait le choix de soutenir ce gouvernement, d'en faire partie, car nous voulons faire réussir la gauche. Notre travail est d'influencer le gouvernement de l'intérieur pour écologiser sa politique. Le pari est chaque jour plus compliqué, parce que l'influence des conservateurs se fait sentir", ajoute-t-elle.
"Notre ligne rouge serait certainement une ligne verte: un recul sur la question des gaz de schistes par exemple", conclut Eva Joly.