Déjà sans merci, le duel Copé-Fillon s’accélère encore. Avec le début aujourd’hui de la campagne officielle pour la présidence de l’UMP, il leur reste six semaines pour s’imposer.
«François Fillon part nettement favori. Mais nous sommes dans l’inconnu car les sondages, on l’a vu lors de la primaire socialiste, ne sont pas fiables pour ce genre de compétition», explique le politologue Thomas Guénolé, professeur à Sciences Po.
Si le député de Paris est le préféré des sympathisants de droite (71% contre 23% selon un sondage Harris Interactive pour 20minutes), impossible de connaître la position des 280 000 militants ; la course aux parrainages s’est d’ailleurs soldée par un match nul. «Entre Fillon qui est plus consensuel et Copé plus combattant, c’est très difficile de dire qui va l’emporter», abonde Bruno Le Maire, écarté de la course, faute de parrainages.
Fillon l’homme d’Etat
Pour convaincre, François Fillon mise sur un CV plus dense et une capacité de rassemblement plus large. Plusieurs fois ministre et chef du gouvernement durant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy, c’est lui qui couvre la plus grande partie du spectre UMP. «Je rassemble de la droite Ciotti, à la droite Larcher, en passant par la droite sociale de Wauquiez», se plait souvent à rappeler François Fillon qui a frappé fort avec le ralliement de François Baroin.
«Face au baratin du PS, on a besoin d’un homme d’Etat avec une vision pour la France. C’est précisément la qualité qui lui est globalement reconnue», confie Laurent Wauquiez qui deviendra vice-président du parti en cas de victoire de Fillon.
Conscients du danger, les proches de Jean-François Copé rappellent aux militants qu’ils ne doivent pas se tromper d’objectif : «ce qui se joue, ce n’est pas la primaire pour 2017 mais la désignation du chef de notre parti pour partir à la reconquête du pays en 2014».
Copé ou «la droite décomplexée»
Au même titre qu’il promet «une vague bleue aux municipales», Jean-François Copé assure qu’il cèdera sa place à Nicolas Sarkozy si celui-ci veut revenir.
Cette loyauté s’affirme jusque dans les thèmes de campagne choisis par l’actuel secrétaire général de l’UMP. Dans son «Manifeste pour une droite décomplexée» publié mercredi, le député-maire de Meaux part ouvertement en chasse aux électeurs du Front national. «La droite ne peut pas parler que de sécurité et d’immigration», accuse un filloniste. Mais sur le fond, difficile de trouver de réels points de désaccord entre les deux rivaux.
C’est surtout une différence de style que les militants apprécieront le 25 octobre, lors de l’unique débat télévisé entre François Fillon et Jean-François Copé.
Suffisant pour faire émerger un leader incontesté ? Thomas Guénolé en doute. «Nicolas Sarkozy est toujours le véritable chef de l’UMP, son ombre plane sur le parti. Il est un peu le Voldemort de la droite», juge le politologue pour qui «aucun des deux candidats ne peut lui disputer son charisme».
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