Alors que le Grand Palais accueillera cet été les épreuves d'escrime lors des JO 2024, le Musée de l'Armée, à Paris, inaugure dès ce mercredi une grande exposition baptisée «Duels. L'art du combat», labellisée Olympiade Culturelle. À cette occasion, retour sur les 5 face-à-face qui ont marqué l’histoire de France.
le plus anachronique : René Ribière face à Gaston Defferre (1967)
En France, le dernier duel à l'épée a eu lieu il y a 57 ans, le 21 avril 1967. Ce jour-là, Gaston Defferre, député-maire (SFIO) de Marseille, et le parlementaire gaulliste René Ribière (UNR) ont croisé le fer à la suite d’une altercation à l'Assemblée nationale. «Taisez-vous, abruti !», a lancé Gaston Defferre dans la Salle des Quatre Colonnes à René Ribière. L'insulté a alors demandé réparation. Dès le lendemain, les deux hommes politiques se sont affrontés à l’épée dans un parc privé de Neuilly-sur-Seine, malgré la désapprobation du général de Gaulle. Il s'agissait d'un duel au premier sang. Autrement dit, le combat cesse à la première goutte de sang versée. Arbitré par Jean de Lipkowski, député-maire de Royan, ce duel pour l'honneur a duré quatre minutes et a finalement été remporté par Gaston Defferre.
le plus cinématographique : Jean de Carrouges face à Jacques Le Gris (1386)
Autre combat historique : celui qui a opposé le chevalier Jean de Carrouges à l'écuyer Jacques Le Gris, le 29 décembre 1386, sous le règne de Charles VI. Cette histoire a été rendue célèbre par le réalisateur américain Ridley Scott. Dans son film «Le Dernier Duel» (2021), porté par Adam Driver et Matt Damon, il s’est en effet inspiré de cet épisode, le dernier duel judiciaire officiel de l'histoire autorisé par le Parlement de Paris. Le duel a lieu après que Marguerite de Carrouges a accusé Jacques Le Gris de l'avoir violée. Mais, faute de preuve, la Parlement a décidé de s’en remettre à Dieu et a ordonné un duel. A l’issue de celui-ci, Jean de Carrouges a tué Jacques le Gris et ainsi obtenu justice.
le plus technique : le seigneur de La Châtaigneraie face au baron de Jarnac (1547)
Le 10 juillet 1547, la cour du roi Henri II est réunie au château de Saint-Germain-en-Laye pour assister à un événement : le duel opposant François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie, et Guy Chabot, baron de Jarnac. Sur les conseils de Diane de Poitiers, la favorite du roi, Henri II a autorisé les deux nobles à s’affronter afin de régler leur différend, sur fond de querelle féminine. Entraîné par un maître d’armes italien, le baron de Jarnac, qui n’était pourtant pas favori, a remporté le duel après avoir porté un coup inattendu au mollet de son adversaire. D'ailleurs, c'est de cet affrontement qu'est née l’expression «coup de Jarnac», qui désigne un coup habile et imprévu.
le plus passionné : Mademoiselle de Maupin face à Louis-Joseph d'Albert de Luynes (vers 1690)
Actrice et cantatrice, Mademoiselle de Maupin, née Julie d'Aubigny, était également connue pour être une grande duelliste, libre et rebelle. Au XVIIe siècle, ses nombreux duels, qui se terminaient souvent dans un bain de sang, défrayaient la chronique. Parmi eux, son combat face à Louis-Joseph d'Albert de Luynes, fils du duc de Luynes. Ce dernier l’avait offensée dans une auberge après l’une de ses représentations. Ce duel est devenu célèbre car Mademoiselle de Maupin aurait transpercé de son épée l’épaule de son adversaire… avant de le prendre pour amant. Prise de remords, Mademoiselle de Maupin a en effet rendu visite plusieurs fois au fils du duc de Luynes pour avoir de ses nouvelles. Les duellistes ont alors noué des liens forts et vécu une liaison passionnée.
le plus long : François Fournier-Sarlovèze face à Pierre Dupont de l’Etang (1794-1813)
D’autres confrontations ont marqué l’histoire par leur longévité, à l’image du duel entre François Fournier-Sarlovèze, un capitaine de hussards, et Pierre Dupont de l’Etang, capitaine d’infanterie et aide de camp du général Victor Moreau. Leur bataille a duré…19 ans. Entre 1794 et 1813, les deux hommes ont croisé le fer près de vingt fois. Ils ont combattu pour la première fois à Strasbourg, au cours d’un bal. Après quoi, les deux bretteurs ont enchaîné les revanches, jusqu’à entamer une relation amicale. Parfois, ils leur est même arrivé de dîner ensemble avant un combat. Leur querelle a pris fin en 1813, après un ultime duel au pistolet, organisé sous la forme d’une traque dans un bois et remporté par Pierre Dupont de l’Etang. Si le capitaine d’infanterie a laissé la vie sauve à son camarade, il l’a toutefois obligé a, enfin, reconnaître sa défaite.
Exposition «Duels. L’art du combat», Musée de l’Armée, Invalides (Paris 7e), du 24 avril au 18 août.